Microfinance

Quelles solutions pour un développement harmonieux en Afrique ?

L'assistance à la conférence
Quelles solutions pour un développement harmonieux en Afrique ?

Ouverte lundi 16 octobre 2023, à Lomé, la 6e édition de la Semaine Africaine de la Microfinance (SAM 2023) s’est poursuivie, le 18 octobre 2023, avec le développement de plusieurs sous thèmes d’actualité, dont celle sur la corrélation entre les changements climatiques et la microfinance. Ce thème, développé par M. Youba Sokona de l’Université College London, a permis de faire la lumière sur les effets des changements climatiques dans divers domaines d’activités en Afrique et les solutions que peut apporter la microfinance, en vue de relever les défis du développement du continent.

M. Youba Sokona lors de son exposé.

La Semaine Africaine de la Microfinance poursuit ses travaux à Lomé, sur le thème « Vers une finance inclusive et durable », avec un focus sur la finance inclusive verte. Cette dernière thématique donne une alerte dans le sens de la lutte contre les changements climatiques et la perte de la biodiversité, avec des impacts profonds sur les populations vulnérables. Ces dernières disposent de moins d’outils pour faire face aux effets des changements climatiques. Mais, les liens entre les enjeux pressants et la finance inclusive sont évidents. Et mettre l’accent sur la finance inclusive verte, c’est dire que les prestataires des services financiers, telles que les institutions de microfinance, ont un rôle clé à jouer dans la réponse aux risques et impacts des changements climatiques.

Dans un monde qui se réchauffe, les mesures qui sont efficaces, aujourd’hui, ne le seront peut-être plus demain

Dans un exposé sur la corrélation entre les changements climatiques et la microfinance, M. Youba Sokona de l’Université College London, a relevé que la finance inclusive verte couvre plusieurs secteurs d’activités. Elle va de l’agriculture durable aux énergies renouvelables et de l’adaptation aux climats. De son avis, en facilitant l’accès à des services et produits financiers durables, la finance inclusive verte constitue un levier important pour améliorer la situation socio-économique des populations démunies. Elle peut également jouer un rôle crucial dans le renforcement de la résilience des communautés face aux évènements climatiques extrêmes. Or, selon le conférencier, force est de constater que de nombreuses personnes, en particulier dans les pays vulnérables aux changements climatiques, n’ont pas encore accès à ces services financiers. Ce qui entraine des inégalités de plus en plus importantes et profondes.

Pour M. Youba Sokona, si les changements climatiques actuels persistent, il serait particulièrement difficile de développer plusieurs cultures de base, notamment dans les régions tropicales du continent. Il est donc important de mettre l’accent sur une meilleure gouvernance, car une grande adaptation est présente seulement lorsque les lois et politiques climatiques nationales existent. Un autre domaine dans lequel il convient de concentrer les énergies, a-t-il relevé, est celui des cadres institutionnels, avec des objectifs et des priorités claires qui définissent les responsabilités. L’amélioration de la connaissance des impacts des risques et des options d’adaptation disponibles encourage l’action de la société et des décideurs politiques. Les programmes d’éducation, d’information et des arts peuvent aussi jouer un rôle important. Le suivi et les évaluations sont importants pour suivre les progressions accomplis, car dans un monde qui se réchauffe, les mesures qui sont efficaces, aujourd’hui, ne le seront peut-être plus dans 10, 15 ou 30 ans. Les stratégies d’adaptation devraient, certes être révisées en permanence et ces révisions doivent être fondées sur les faits et les données. Car les citoyens et les organisations de la société civile devraient participer directement à la planification et à la prise de décisions.

Que peut faire la microfinance pour relever les défis du développement en Afrique

Selon M. Youba Sokona, la microfinance peut jouer, de plusieurs manières, un rôle significatif dans le financement de la lutte contre les changements climatiques en Afrique. D’abord, elle peut soutenir le financement des initiatives climatiques locales, en fournissant des prêts aux entrepreneurs locaux tels que les agriculteurs et autres acteurs, en vue de financer les projets liés à la lutte contre les changements climatiques. Cela peut inclure les pratiques d’une agriculture durable, la gestion de l’eau et l’amélioration de l’efficacité énergétique. Le conférencier a, également, relevé que la microfinance peut promouvoir les énergies renouvelables, en soutenant l’accès à des sources d’énergie propre comme les systèmes solaires domestiques et en proposant des prêts abordables aux ménages et aux petites entreprises. Ceci, d’après lui, contribuera à réduire la dépendance aux énergies fossiles et permettra la réduction des émissions des gaz à effet de serre, puisque dans la plupart des pays africains, à l’heure actuelle, on connait des délestages d’électricité de manière récurrente. Ensuite, précise-t-il, le financement climatique passe aussi par l’obtention de micro crédits pour aider les communautés à renforcer leur résilience face aux évènements climatiques extrêmes telles que les inondations et les sécheresses. Cela peut inclure la construction d’abris résistants aux intempéries, la mise en place de systèmes d’irrigation et la diversification des sources de revenus. A travers les investissements de la microfinance, les communautés vulnérables peuvent accéder au financement du fonds vert local qui a pour ambition de soutenir des projets climatiques à l’échelle communautaire. Ces fonds peuvent être alimentés par la contribution des emprunteurs, des donateurs et des gouvernements. En dernier ressort, a expliqué M. Youba Sokona, les microfinances peuvent initier des formations aux emprunteurs sur les enjeux liés au climat, les bonnes pratiques environnementales et la gestion durable des ressources naturelles. Cela peut favoriser l’adoption de comportements respectueux de l’environnement. Elles peuvent aussi nouer des collaborations avec les organisations climatiques, les ONGs et les agences gouvernementales, en développant un partenariat d’actions climatiques, pour accéder aux financements climatiques internationaux, afin de soutenir des projets de grandes envergures axés sur le climat.

« Il est impossible de revenir en arrière par rapport à certains fragments de l’écosystème mondial. Mais, il est temps que nous agissions. Nous avons, aujourd’hui, la possibilité, dans tous les secteurs, de réduire d’au moins la moitié les émissions des gaz à effet de serre, d’ici 2030. De l’action climatique efficace peut atténuer les effets des changements climatiques », a conclu M. Youba Sokona.

Alex TEYI

 

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