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La Croix-Rouge Togolaise met à l’épreuve son système d’alerte précoce contre des risques de catastrophes liées aux inondations

La vie dans un camp de déplacés
La Croix-Rouge Togolaise met à l’épreuve son système d’alerte précoce contre des risques de catastrophes liées aux inondations

Evaluer l’efficacité du système d’alerte précoce de la Croix-Rouge Togolaise, éprouver le fonctionnement des balises et les réactions des communautés face aux indicateurs locaux d’inondations, et enfin, créer un cadre d’intégration et d’harmonisation du travail des volontaires communautaires en préparation et gestion des catastrophes avec les autorités locales et la communauté, tels étaient entre autres, les objectifs d’un grand exercice de simulation organisé par la Croix-Rouge Togolaise le 28 mars dernier. Cet exercice a été l’aboutissement d’un processus visant à permettre aux communautés vulnérables, de développer une résilience basée sur l’observation des eaux, des indicateurs locaux et la pratique des actions préconisées par les tableaux de lecture des balises de la Croix-Rouge Togolaise.

Face aux inondations dont sont régulièrement victimes les populations et communautés riveraines du fleuve Mono et particulièrement celles vivant dans le bassin versant du Barrage hydroélectrique de Nangbéto, la Croix-Rouge Togolaise a développé à partir de 2009, avec l’accompagnement de la Croix-Rouge Allemande, un système d’alerte précoce impliquant les autorités au niveau communautaire. Ce système fonctionne à partir de balises qui indiquent la montée de l’eau dans les bassins des principaux cours d’eau du Togo. Un réseau de volontaires, membres des équipes communautaires de gestion des catastrophes constitués en une chaine d’alerte est chargé de recueillir les données et les partager.

En 2013 il a été renforcé et arrimé au mécanisme d’alerte précoce national. Depuis lors, il a connu des innovations avec le calibrage des balises et l’intégration des calculs algorithmiques permettant de prédire à temps, la situation des inondations dans les localités.   Devenu aujourd’hui un système standardisé opérationnel d’alerte précoce (SOP-SAP++), il a subi une modélisation avec l’outil FUNES (Functional Estimation) qui permet d’évaluer en temps réel, les risques d’inondation. Il couvre vingt huit localités particulièrement en péril d’inondation dans le cours inférieur du fleuve Mono et a pour rôle principal, d’alerter les communautés  en aval du Barrage hydroélectrique de Nangbéto des risques d’inondation, afin qu’elles prennent à temps, les mesures requises pour éviter d’être surprises par les inondations. Il s’agit donc d’un outil dont le but ultime est de permettre aux populations exposées aux risques d’inondations de se prémunir contre les dégâts et dommages liés à ce type de catastrophe.

Pour rendre efficace ce système, la Croix-Rouge Togolaise et ses partenaires, notamment la Croix-Rouge Allemande accompagnée par le Gouvernement allemand se proposent d’aider les vingt-huit villages à élaborer des cartes de risques et des plans de contingence communautaires. Ils travailleront également à permettre à ces localités d’identifier des endroits et bâtiments sécuritaires dans un rayon de 2 km, et de mener chaque année un exercice de simulation.

Le déroulement de l’exercice

Tout est parti d’un scenario qui a consisté  à partager une information concernant une situation évolutive  dans les localités situées sur le Mono en aval de Nangbéto. La première étape du scenario indiquait que la Croix-Rouge Togolaise  a été saisie par les services techniques du Barrage hydroélectrique de Nangbéto d’un prochain turbinage des eaux dû aux fortes pluviométries enregistrées dans la partie septentrionale du pays, engendrant  une augmentation considérable du niveau de l’eau au barrage. La seconde étape faisait état de l’imminence d’un lâcher des eaux qui aura pour conséquence, une probable montée d’eau dans les fleuves et autres rivières arrosant les localités en aval du barrage. La troisième et dernière étape du scenario indiquait que les vannes ont été ouvertes au niveau du Barrage.                      Dès l’annonce des informations, toutes les communautés des 28 localités se sont mobilisées. Les populations, les autorités locales, les Points Focaux de la Croix-Rouge Togolaise, ainsi que des diverses catégories de volontaires à la base ont donné les bons réflexes. Les radios communautaires qui avaient reçu une formation et des messages clé à diffuser en cas de pluies ou d’inondation, se sont mis à la tâche. L’enthousiasme était grand. « Chaque année, nous sommes victimes d’inondation. Mais depuis que la Croix-Rouge Togolaise a commencé à travailler avec nous, nous arrivons à sauver nos biens et à nous mettre en sécurité avant l’arrivée des eaux. C’est pourquoi nous sommes sortis aussi nombreux pour cet exercice de simulation », a laissé entendre un habitant du village de Batonou dans le Bas-Mono.   Et un autre de renchérir : « les volontaires de la Croix-Rouge nous aident beaucoup. L’exercice que nous venons de faire nous a encore appris beaucoup de choses. Ce que je retiens est que, nous devons faire preuve de vigilance et nous devons être à l’écoute en cette saison des pluies qui commence. »                  

Pour les acteurs du projet de Réduction des Risques de Catastrophes et Adaptation aux Changements Climatiques (RRC/ACC) mis en œuvre par la Croix-Rouge Togolaise avec le soutien de la Croix-Rouge Allemande et du Gouvernement Allemand, l’exercice a révélé une prise de conscience des populations. « En cette période de début des saisons de pluies, la réaction des communautés face à ce scénario nous réconforte. Cependant, nous devons toujours accompagner les populations pour les rendre définitivement résilientes face aux inondations », a indiqué  M. Romain LARE, Coordinateur National du Projet.                                                        Rappelons qu’au cours de l’opération, certaines localités ont reçu des pastilles de chlore pour permettre la potabilisation de l’eau de boisson et des sachets plastiques pour la protection des documents importants comme les actes de naissance et mariage ainsi que les cartes d’identité des ménages.

Yves T. AWI

 

 

 

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