Coopération - Financement

Partenariat Banque Mondiale – Togo : Vers la mise œuvre du Programme Prévention et Résilience

Les deux parties en pleine concertation
Partenariat Banque Mondiale – Togo : Vers la mise œuvre du Programme Prévention et Résilience

La cheffe du Gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé, a présidé le mardi 3 Octobre 2023, à la Primature, une rencontre d’échanges entre les membres du gouvernement et une délégation de la Banque mondiale conduite par Mme Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo. Les discussions ont permis aux deux parties de rapprocher les points de vue, comparer les perceptions afin d’évoluer vers une mise en œuvre du Programme Prévention et Résilience. A la fin des travaux, le ministre d’Etat, ministre de l’Eau et de l’Hydraulique villageoise, Yark Damehane, Mme Florence Yawa Ahofa Kouigan, ministre de la Communication et des Médias ainsi que la directrice des opérations se sont confiés à la presse.

En 2022, le Togo a lancé le Programme d’Urgence pour la Région des Savanes (PURSE), afin de renforcer la résilience des populations de cette zone victimes des fortes incursions terroristes. Hier, une mission de la Banque mondiale était à la primature avec les membres du gouvernement pour déterminer dans quelle mesure le Togo peut être élu au plan conflit et violence.

Des réactions

« Le Gouvernement togolais sous la houlette du président de la République, son excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a toujours eu cette idée d’anticipation. Aujourd’hui, parlant de la résilience, face à la menace djihadiste dans la Région des Savanes, le gouvernement a pris un certain nombre de dispositions. Il s’agit de la phase opérationnelle qui a commencé par l’opération Koundjouaré, le rapprochement de l’administration de l’administré avec le CIPLEV et la troisième phase qui est le PURSE. Aujourd’hui, le gouvernement a l’intention d’étendre ce programme aux régions de la Kara et Centrale. Donc la délégation de la Banque mondiale est sur le terrain pour voir dans quelle mesure le Togo peut être éligible. Au départ, avec cette politique d’anticipation, la Banque pense que le Togo ne peut pas être éligible. Et l’argumentation du gouvernement, c’est d’amener la banque à revoir sa copie pour faire du Togo un pays éligible à ce programme de prévention et de résilience. La prévention est la meilleure façon de gagner une guerre. Il y a des critères d’éligibilité que, lorsqu’on transpose sur les efforts du gouvernement, on trouve que le Togo est un pays modèle et invulnérable. Mais il faut aussi tenir compte que, si le Togo a pris ces dispositions pour anticiper, il ne faudra pas que cela pénalise le gouvernement et son peuple. Dans cette mesure, la rencontre a permis aux membres du gouvernement, autour du Premier ministre, de clarifier les dispositions que le Togo a prises pour limiter la menace d’insécurité. Nous avons donc échangé sur les facteurs de fragilité évoqués par la Banque et les deux parties vont s’accorder sur l’essentiel afin que la banque fasse du Togo un pays éligible au Programme Prévention et Résilience », a déclaré le ministre d’Etat Yark Damehame, ministre de l’Eau et de l’Hydraulique villageoise.

Etoffer et de densifier le maillage pour que l’information soit une denrée quotidienne

Pour la ministre de la communication et des Médias, Mme Florence Yawa Ahofa Kouigan, « la mise en œuvre de la feuille de route du Gouvernement s’effectue dans un contexte émaillé d’un certain nombre de situations sectorielles à prendre en compte notamment, les aspects sécuritaires qui créent des fragilités qui peuvent être localisées et qui peuvent induire des risques d’extension également. Tout ceci mentionné est pris dans une dynamique par le gouvernement avec l’appui des partenaires. Il était donc important de rapprocher les points de vue et de comparer les perceptions et d’évoluer vers une mise en œuvre qui adresse de façon concrète la réponse sur le terrain. Plusieurs actions ont été posées de façon remarquable dans le secteur de la décentralisation, de la construction des pistes rurales, de l’accès des populations aux services sociaux de base, de l’eau, l’éducation, la santé. L’ensemble des départements sectoriels a parlé et il a été convenu que cette mise en œuvre, pour être efficace doit adopter une approche intégrée. Quelle est la place des populations qui sont en fait les bénéficiaires ? Dans cette approche intégrée, il faut qu’elles soient informées, que l’ensemble de ce programme soit appuyé par la disponibilité et le fonctionnement d’un certain nombre de relais en termes d’informations et de communication pour faciliter la participation citoyenne et l’implication des communautés à la base. Le contexte est fragilisant par les menaces sécuritaires qui persistent dans la région septentrionale. Et qui dit vivre dans un contexte sécuritaire de cette nature implique un changement de comportement, un changement de mentalités. Et ces mentalités vont changer quand l’ensemble des populations vont pouvoir partager l’information, lorsque les informations sécuritaires seront à la disposition des hommes et des femmes dans leurs activités de tous les jours. Il était important que l’accent soit mis sur ce vaste réseau de radios rurales et communautaires mis à notre disposition. Ceci, dans le sens de les étoffer et de densifier le maillage pour que l’information soit une denrée quotidienne facilement consommable par les populations, qu’elle soit rapprochée des uns et des autres dans leurs dialectes et qu’elle tienne compte des habitudes des différents milieux ».

Un pays déterminé qui a beaucoup misé dans son programme de prévention tel que le PURSE

Pour sa part Mme Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo, « Le Togo n’est pas éligible pour une bonne cause. Le pays a fait des efforts énormes et aujourd’hui, il y a un critère que nous utilisons comme indicateur pour évaluer les progrès en matière institutionnelle. Il est de 3,7 alors qu’il est de 3 pour les pays fragiles. Ceci dit, quand on regarde le contexte régional où on est entouré par cette progression de l’insécurité qui a déjà touché certaines zones du Togo, nous pensons qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Dans ce sens, nous avons d’abord fait un plaidoyer au crédit de son excellence le président de la République qui avait souhaité de ne pas attendre le pire avant d’agir. C’était lors de son passage à nos assemblées en 2022. Ensuite, la Banque Mondiale a une stratégie au niveau global en matière de fragilité et nous sommes à mis- parcours. Ce que nous apprenons, c’est qu’en matière de prévention, peut-être qu’on aurait dû agir un peu plus vite et à plus grande échelle. C’est fort de ces deux éléments que nous pensons qu’il fallait vraiment demander une dérogation pour le Togo et le Bénin. Aujourd’hui, nous sommes en mission d’évaluation de cette dérogation qui sera présentée au Conseil d’administration pour l’aval. Aujourd’hui, au regard des discussions que nous avons, nous sentons que nous avons un pays déterminé qui a beaucoup misé dans son programme de prévention tel que le PURSE. Ça nous donne un pied sur lequel danser. Par ailleurs, nous avons fait des rapports sur les facteurs de fragilité et de façon très ouverte avec le gouvernement, parce qu’il faut reconnaitre son problème avant de le régler. Donc, les discussions techniques vont se poursuivre. En définitive, nous retenons deux choses : nous allons continuer les discussions techniques la semaine prochaine. Mais il était important de s’entendre au prime abord sur le diagnostic. On peut le paraffiner, mais on est d’accord qu’il faut agir vite et bien. Aussi, le gouvernement devrait proposer sa matrice et poser déjà les jalons de sa stratégie. Nous avons l’ambition d’accélérer. Je rentre très convaincue qu’on va y arriver et qu’avec le Togo, on pourra faire quelque chose qui va inspirer d’autres projets dans les pays qui sont dans la même situation que le Togo.  Mais au niveau stratégique, nous sommes d’accord sur le problème à résoudre et ce diagnostic informe déjà. Parlant du détail de l’éligibilité, il faut que le gouvernement ait une stratégie nationale de prévention. Aujourd’hui, il y a une stratégie qui a inspiré le PURSE, maintenant il faut aller plus loin et le gouvernement pense que le PURSE doit aller au-delà de la Région des Savanes pour couvrir d’autres régions également touchées ».

Yankolina M. TINGAENA

 

 

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