Une réunion interministérielle axée sur les mesures préventives relatives à la manutention et l’entreposage des marchandises dangereuses dans les ports du Togo s’est tenue, le mardi 11 août, au siège du Haut Conseil pour la Mer (HCM), à Lomé. La rencontre a permis de réfléchir sur des dispositifs idoines de sûreté maritime et portuaire ainsi que les mesures liées aux directives de l’International Maritime Dangerous Good Code (IMDC) et de dégager des recommandations.
Au moment où le monde entier suit avec stupeur la situation relative à l’explosion d’un dépôt de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth (Liban), il y a lieu d’accorder plus d’attention aux systèmes de stockage et d’entreposage des produits dangereux dans les ports. C’est pour réfléchir sur la question que le Haut Conseil pour la Mer (HCM) a initié une réunion interministérielle, qui a regroupé des acteurs de la sécurité et sûreté maritimes, dans les locaux du HCM. Cette rencontre a porté sur la manutention et l’entreposage des marchandises dangereuses au Port Autonome de Lomé (PAL) et à Kpémé.
A l’issue de l’assise, il a été recommandé aux exploitants des installations portuaires, notamment le PAL, Togo Terminal, Lomé Container Terminal (LCT) et la société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), de se conformer au Code International Maritime Dangerous Good Code (IMDC) et à la partie VII de la convention de SOLAS, ratifiée par le Togo en 1989.
Dans les ports, les manutentionnaires privilégient l’enlèvement sous palan des marchandises dangereuses au déchargement. Ainsi, les installations portuaires sont invitées à soumettre à la direction du PAL et à l’ONAEM, dans un délai d’un mois, des propositions concrètes concernant les aires spécialement aménagées pour le stockage des marchandises dangereuses. Egalement, que le Dispositif de Sûreté Maritime et Portuaire (DSMP) renforce son système de fonctionnement concernant la transmission périodique de la liste des marchandises dangereuses chargées et déchargées, ainsi que le récapitulatif mensuel des marchandises illicites, suspectes, de contrebande, de saisie, faisant l’objet d’un contrôle administratif ou destinées, à l’abandon. Dans cette optique, l’autorité portuaire doit disposer d’un service chargé du traitement des manifestes numériques devant permettre la prise de décisions d’autorisation ou de refus d’accostage des navires. Aussi, doit-elle sensibiliser les consignataires pour les amener à lui transmettre régulièrement les manifestes numériques d’ici la fin de l’année.
Par ailleurs, la rencontre a fait ressortir un certain nombre de préoccupations à savoir, disposer d’un ficher de produits dangereux, avoir une cartographie des lieux de stockage des produits dangereux, avoir la documentation de leur origine, le but de leur importation ou exportation, les mesures sécuritaires pour leur stockage. Au menu des réflexions, il y a eu également des échanges sur les mesures idoines concernant la gestion de ces produits, leur destruction ou incinération, l’exploration d’une zone de destruction de ces marchandises dangereuses et sur la mise en place d’une inspection périodique des sites de stockage.
A l’occasion, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Gal. Yark Damehame, a salué cette initiative qui concourt à éviter des drames, à l’instar de celui qui s’est produit au Liban. Selon lui, ces genres d’explosion, que ce soit en Chine ou ailleurs, sont produits sur des installations portuaires et causés généralement par le non respect des mesures de sûreté en matière de stockage des produits dangereux. « Au Togo, nos ports et leurs installations ont connu ces dernières années, une mutation progressive de leurs infrastructures, qui s’affichent aujourd’hui comme les plus modernes de la sous-région ouest-africaine et font partie des meilleurs, au plan continental. Cette performance attire de plus en plus de navires de tout genre, et le plus souvent en situation irrégulière comme Rhosus, le navire battant pavillon moldave de nitrate d’ammonium qui transportait les 2750 tonnes de nitrate d’ammonium à l’origine de la catastrophe du Liban », a souligné le ministre Yark. Il a précisé que ces genres de catastrophes doivent interpeller les gouvernants à repenser les conditions de stockages des produits dangereux dans les ports et les installations portuaires. Ainsi, des efforts doivent se concentrer sur la sécurité et la sûreté des installations portuaires par la veille et la surveillance.
Jules LEMOU
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