Un forum régional sur le thème « l’analyse des sols, les recommandations d’engrais et leur distribution aux producteurs », se tient, depuis hier, et ce, jusqu’à demain, à Lomé. Cette rencontre est conjointement initiée par le Programme USAID WAFP et les projets USAID C4CP ainsi que Feed the future Ghana agriculture technology transfer. Elle permet de mettre en commun les résultats de recherches et de discuter de l’approche qui permettra, à partir de la caractérisation des déficiences nutritionnelles des sols, d’aboutir à des recommandations d’engrais fiables garantissant une meilleure rentabilité de l’investissement en engrais des petits exploitants agricoles.
Les pays africains doivent relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, face à une population toujours grandissante et à un accès, de plus en plus, difficile aux ressources naturelles. Pour ce faire, le seul moyen reste la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles par intensification judicieuse de l’agriculture, devant permettre d’augmenter les rendements agricoles, sans empiéter sur les terres fragiles. Les outils d’une telle intensification durable de la productivité agricole sont, entre autres, l’utilisation des variétés améliorées, la promotion des amendements organiques pour le maintien du taux d’humus du sol, l’augmentation de la quantité d’engrais utilisé, mais également, plus importante, l’utilisation des engrais adaptés aux conditions de sols et des cultures, dans les différents agro-écosystèmes. Cependant, dans plusieurs cas, les formules d’engrais recommandées sont trop générales et, parfois, ne constituent pas les meilleures formules susceptibles d’optimiser la réponse des cultures à l’utilisation des engrais. Il en résulte des productions agricoles médiocres, ce qui ne rentabilise pas l’investissement des producteurs en intrants d’engrais. Ainsi, l’amélioration de l’utilisation des engrais, devant résulter en une augmentation significative de la production agricole, passe nécessairement par une adéquation des formules proposées avec des conditions de sol et les exigences nutritionnelles des cultures. C’est le but du forum régional financé par l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) et l’initiative des Etats-Unis contre la faim et pour la sécurité alimentaire dans le monde (Feed The Future). L’objectif est de capitaliser les travaux antérieurs de recommandations d’engrais et d’identifier les approches les plus prometteuses de formulation et de distribution d’engrais susceptible d’engendrer des augmentations de productivité agricole et le retour sur investissement d’engrais de façon durable, pour les petits exploitants.
Un rendez-vous du partage d’expériences
Ce forum régional va réunir, pendant trois jours, des recherches agronomiques, des industries de fabrication d’engrais, les organisations sous régionales et internationales, ainsi que des banques de développement et commerciales autour des thèmes suivant : « l’analyse des sols et la cartographie de la fertilité des sols », « le développement et la validation des recommandations », « la dissémination des recommandations d’engrais », ainsi que « les politiques d’engrais et leur réglementation ». Il s’agit pour eux de partager les expériences sur les différentes approches de diagnostic de la fertilité des sols, d’apprécier les différents outils disponibles, ainsi que leurs capacités et limites, de discuter des approches qui, partant des analyses des sols, bien conduites, vont déboucher sur les recommandations efficaces et rentables aux producteurs. Egalement, ils vont évaluer les contraintes à la dissémination des formules équilibrées d’engrais et de réfléchir sur les stratégies et mesures de facilitation pour une promotion de la mise sur le marché des engrais équilibrés par les producteurs.
Le chargé des programmes du Centre International pour le Développement des Engrais (IFDC) a relevé que l’utilisation des engrais en l’Afrique subsaharienne est estimée à moins de 12 kg à l’hectare et les formules d’engrais sont inadaptées aux conditions du sol. Ce qui conduit, selon lui, inexorablement, à une baisse de la fertilité des sols et à un épuisement des réserves nutritives qui a pour conséquence, une baisse de l’efficacité des rendements agricoles. En ouvrant les travaux, Mme Julienne Kuiseu, représentante du Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF/WECARD), s’est réjouie de la tenue de ce forum qui permet d’apprécier les capacités des outils disponibles pour établir le diagnostic des déficiences du sol en éléments nutritifs, ainsi que les contraintes de fertilité des sols. Elle a remercié l’USAID, l’IFDC et tous les autres partenaires pour « leurs actions multiformes de promotion de la fertilité des sols, gage d’une amélioration durable de la productivité agricole en Afrique».
Yves T. AWI
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