Une table ronde sur les défis relatifs aux conditions de détention dans les prisons civiles du Togo a réuni les acteurs concernés et partenaires, le 10 Aout 2023, à la prison civile de Lomé. Elle a été bouclée par des recommandations ciblant l’amélioration des conditions de détention et la promotion de la réinsertion des détenus. C’est une initiative de l’association Solidarité Mondiale pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD) qui marque ainsi ses dix ans d’existence tout en célébrant la journée internationale de la solidarité avec les détenus.
« Il y a une vie après la prison ». Ce qui veut dire que les détenus, aujourd’hui, peuvent devenir acteurs de développement de demain, si leurs droits sont préservés et respectés. Ils peuvent, s’ils bénéficient du soutien de leurs familles et d’un véritable programme de réinsertion sociale, contribuer au développement du pays. Telle est l’essentiel à retenir des conclusions de la table-ronde organisée, à l’endroit des acteurs de l’administration pénitentiaire et des partenaires, par l’association Solidarité Mondiale pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD), le 10 Août 2023, à Lomé. L’activité parrainée par le ministère de la Justice et de la Législation nationale, a permis de débattre, avec franchise, du devenir des détenus, en examinant les défis liés à leurs conditions de détention. Outre la surpopulation carcérale, qui entraine des conséquences néfastes sur la santé, la sécurité et la réinsertion sociale des détenus, le manque de programmes de réinsertion efficaces, constitue également un obstacle à leur réintégration dans la société, après leur libération. A cela, s’ajoute le problème critique de l’alimentation, qui augmente la vulnérabilité aux maladies et compromet la capacité des personnes en conflit avec la loi à se réhabiliter efficacement. Le choix du thème : « Détenus aujourd’hui et acteurs de développement » pour cette table ronde n’est donc pas anodin.
Les partenaires invités
Accompagner la réinsertion sociale
Le ministre en charge de la Justice, M. Kokou Pius Agbétomé, a salué l’initiative de la SMPDD pour ses actions en faveur des détenus. Selon lui, les détenus ne bénéficiant pas d’un accompagnement suffisant perdent l’espoir en sortant de la prison. Ils deviennent des récidivistes et reviennent en force dans les milieux carcéraux, entrainant ainsi un surpeuplement. Cette conférence a offert l’occasion de réfléchir sur les précautions à prendre pour éviter que les détenus reviennent et empêcher les autres de devenir prisonniers. Il a félicité la SMPDD, qui prend en compte tous ses paramètres, en accompagnant les détenus dans leur réinsertion professionnelle. Il a lancé un appel à l’endroit des partenaires à soutenir cette association qui ne cesse de faire des merveilles sur le terrain. Le ministre a également exhorté l’ensemble des parties présentes et la population à faire preuve de générosité, sympathie et cordialité vis-à-vis de ceux qui sont en difficulté, en raison d’être en conflit avec la loi. Car, tout le monde peut se retrouver en prison, sans le vouloir. Mais, « celui qui, par la force des choses, se retrouve en prison, doit nourrir l’espérance en sortant de pouvoir se réinsérer dans la société, pour pouvoir être utile aux siens et ne pas se considérer comme un paria », a conseillé le ministre Agbétomey.
Le directeur de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, M. Akibou Idrissou, s’est aussi réjoui de cette table-ronde, qui a permis, entre autres, aux différents partenaires, organisations de la société civile, représentants diplomatiques et surveillants de l’administration pénitentiaire, de plancher davantage sur les conditions de détention en réfléchissant sur comment réorganiser la réinsertion pour qu’il n’y ait plus de récidives.
SMPDD et ses actions
Pour le président de SMPDD, M. Coco de Kofi Woenagnon, cette conférence a servi de tribune pour mener des plaidoyers, faire le point sur les activités réalisées par l’association et partager les meilleures pratiques et leçons apprises au cours de ces dix années. Une occasion de plus pour mettre en lumière les résultats de la collaboration entre la SMPDD et la Direction de l’administration pénitentiaire, notamment dans les domaines de la santé, des droits humains et de la réinsertion sociale. « En dix ans, nous avons eu à organiser des concerts de solidarité qui ont contribué à l’achat de produits pharmaceutiques, pour renforcer l’infirmerie des prisons du Togo, mis en place un fonds à la disposition de l’administration pénitentiaires, pour aider les détenus qui seront évacués », a indiqué M. Woenagnon. En plus du jardin de maraichage, développé à la prison de Sotouboua, dont les récoltes servent à améliorer l’alimentation des pensionnaires de prison, la SMPDD a créé un centre de transit qui accueille et prépare les détenus à la réinsertion. L’association a aussi lancé le projet Famille d’accueil, pour préparer la réinsertion des enfants en conflits avec la loi.
Patouani BATCHAMLA
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