En raison de l’adoption et de la mise en œuvre des mesures contre le COVID 19, le gouvernement a initié un programme de transferts monétaires dénommé «Novissi». Ceci, pour venir en aide aux personnes et familles qui risqueraient de perdre ou ont déjà perdu leurs activités et revenus. Depuis quelques jours, ce programme de revenu universel de solidarité est entré dans sa phase opérationnelle, avec les transferts monétaires Tmoney de Togocellulaire et Flooz de Moov aux inscrits bénéficiaires. Du coup, on observe des attroupements aux niveaux des agences des deux opérateurs, des gens qui y vont pour régler des problèmes liés à leurs comptes, parfois au mépris des consignes de sécurité liées à la distanciation sociale.
Mis en place par l’Etat, «Novissi» est un programme de transfert monétaire, visant à soutenir tout citoyen togolais éligible ayant perdu son revenu en raison de l’adoption des mesures de riposte contre le Coronavirus. Le mécanisme, selon le site officiel du programme, jusqu’au 13 avril, a enregistré 954.119 personnes, dont 421.205 bénéficiaires, pour un montant total payé s’élevant à 2.453.298.625 FCFA.
Il vise à soutenir financièrement et mensuellement les personnes ou familles les plus vulnérables tout au long des trois mois de l’état d’urgence. Pour être éligible au programme, il faut être Togolais résidant au pays, avoir 18 ans ou plus, disposer d’une carte d’électeur et être un travailleur n’ayant plus de revenu journalier à cause des mesures anti Coronavirus. Pendant toute la durée de l’état d’urgence, les bénéficiaires recevront toutes les deux semaines, 12 250FCFA pour les commerçantes, 10 500FCFA pour les commerçants et 10 000F pour les conducteurs de taxi-motos. Tout ceci, sur les porte-monnaie électroniques des bénéficiaires.
Rendus opérationnels depuis quelques jours, du moins en ce qui concerne les commerçantes et commerçants, les transferts monétaires, ne cessent de mobiliser des foules au niveau des agences Moov et Togocel, où les gens se retrouvent dans l’espoir trouver des solutions aux difficultés liées au fonctionnement du mécanisme «Novissi» qui est à ses débuts.
En effet, des attroupements ont été observés depuis la semaine dernière devant ces services, parfois défiant des règles barrières anti COVID-19 en vigueur. Dans certaines agences Moov et Togocel de la place hier, l’on a heureusement constaté que le problème de foule a été résolu avec le déploiement des éléments de la Force COVID-19, même si à certains endroits la mesure de distanciation sociale reste difficile à respecter, à cause de l’espace exigu réservé devant le service.
A l’agence Moov-Adidoadin, plus d’une centaine de clients attendaient sur place, la plupart présents dans le cadre du programme Novissi. Puisqu’il s’agit des transferts monétaires dans le porte-monnaie électronique des clients, ceux-ci entendaient régulariser la situation de leur compte téléphonique ou monétaire, afin de pouvoir jouir de leur allocation.
Pour la responsable d’agence, Mme Lina Akakpo-Toulan, «la plupart de ceux qui sont là ont des problèmes avec leurs comptes bloqués ou codes oubliés. Ils ont besoin de les faire débloquer ou réinitialiser. Beaucoup aussi n’ont pas compris que Novissi est un programme de l’Etat et qu’au lieu d’appeler le 855 pour poser leur problème, ils viennent directement à nous pour être aidés. Ce qui crée des foules au niveau des agences. Par conséquent, nous avons mis en place un dispositif de sécurité constitué de barrières et contrôlé par les éléments de la force COVID -19. Chaque client prend un ticket numéro et entre dans l’agence, quand vient son tour pour être servi. Donc, dès que le problème du client est résolu, s’il souhaite toucher son allocation sur place, nous le servons. Si non, il peut aller prendre son argent auprès d’un opérateur privé dans son quartier».
Même scène au niveau des agences Togocel Totsi et Aflao Gakli, où les clients, en surnombre, sont contenus par des dispositifs similaires, en plus de celui du lavage des mains et du port obligatoire de bavettes.
Quelques personnes éligibles rencontrées sur place ont apprécié ce programme de revenu universel de solidarité. De l’avis de M. Baguedjema Fetera, «c’est un bon programme, même si le montant alloué reste insuffisant pour des pères de famille nombreuse, sinon c’est mieux que rien».
Mme Alphonsine Mensah, quant à elle, trouve que si le programme pouvait continuer au-delà de l’état d’urgence, ce serait une bonne chose, le temps d’aider les familles à reprendre les activités économiques qui vont sûrement redécoller difficilement.
Cependant, plusieurs personnes se sont présentées dans les agences avec d’autres problèmes comme le vol des numéros de cartes d’électeur par des tiers qui ont indument perçu l’argent au détriment des ayant-droit, entrainant l’invalidation des numéros de ces derniers, lorsqu’ils tentent de s’inscrire, a déclaré M. A. Foly. « Lorsque vous achetez votre kit téléphonique hors de l’agence, votre numéro n’est pas en sécurité. Des gens véreux revendent les photocopies des cartes d’identité des clients à 1000F à d’autres qui s’en servent pour s’inscrire. Par exemple, j’ai acheté mon nouveau kit, il n’y a pas longtemps. J’ai remis ma carte d’identité pour identification. Mais, après quand tu veux t’inscrire, tu te rends compte que c’est le nom d’une autre personne qui correspond à ton numéro de téléphone. De ce fait, lorsqu’on vire l’argent, il va ailleurs que sur votre compte. Voilà, pourquoi les opérateurs ont bloqué plusieurs comptes. De deux, lorsque le programme a été lancé, certaines personnes se sont ruées dans les centres de vote pour relever les numéros des cartes d’électeurs d’autres personnes pour s’en servir et bénéficier de ce revenu. Donc, le blocage des comptes permet de résoudre le problème. C’est pourquoi, quand tu arrives à l’agence, on te demande ta carte d’électeur physique, avec le ou les numéros correspondants », a expliqué M. Baguedjema Fetera.
Un autre scénario consiste à ce que la personne éligible s’inscrive avec succès, mais attende vainement le transfert monétaire. Il y en a encore qui reçoivent le transfert monétaire, mais qui éprouvent des difficultés à rentrer dans leurs fonds, etc. Des difficultés que beaucoup espèrent, seront aplanies au four et à mesure que le programme va avancer, pour éviter de faire des frustrés ou des laissés pour compte.
Blandine TAGBA-ABAKI
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