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AFIS 2023 à Lomé :  Le chef de l’Etat  Faure Essozimna Gnassingé appel à saisir les opportunités en rassurant le secteur privé

Le Président Faure Gnassingbé lors de son discours d'ouverture appelant les acteurs de la Finance à rassurer le secteur privé
AFIS 2023 à Lomé :  Le chef de l’Etat  Faure Essozimna Gnassingé appel à saisir les opportunités en rassurant le secteur privé

Les esprits rompus aux questions de la finance sont, depuis le jeudi 16 Novembre 2023  à Lomé, pour se « concentrer sur les opportunités » de l’industrie financière africaine, a déclaré le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de la 3e édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS). Une rencontre qui se tient dans un contexte mondial marqué par des bouleversements sectoriels majeurs, mais qui présente de grands indices d’espoir pour le continent, suivant le panel d’ouverture des travaux : « Construire une industrie financière africaine de classe mondiale : une opportunité à 1 500 milliards de Dollars ».

Le chef de l’Etat entouré de la PM Victoire Dogbé et de la PA Djigbodi Tsègan

Le président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, a ouvert à l’Hôtel 2 Février à Lomé, les travaux de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS). Cet évènement, co-organisé par le groupe Jeune Afrique et la Société financière internationale (IFC), sous l’égide du Togo, est un cadre d’échanges de haut niveau, visant à construire une industrie financière africaine résiliente et de classe mondiale. La cérémonie inaugurale s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités, dont le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Tsègan et de grands noms de la finance africaine.

Pendant deux jours, ces experts de l’industrie financière africaine vont nourrir les débats autour de plusieurs questions contextuelles : « Sorties des banques internationales : Comment les institutions financières africaines peuvent-elles saisir les opportunités, maintenir des liens mondiaux et inspirer la confiance internationale ? », « Réglementations panafricaines : Dans quelles mesures l’harmonisation des réglementations financières peut-elle participer à la concrétisation de la ZLECAF ? », «  Sécurité alimentaire et transition climatique : Comment attirer les capitaux à long terme africains et internationaux ? », etc. Ce rendez-vous, qui réunit près de 1.000 dirigeants de la finance continentale, se déroule dans un contexte de bouleversements sectoriels majeurs, marqué, entre autres, par une crise mondiale du crédit, des taux d’intérêt historiquement élevés et un ralentissement des financements internationaux. Mais pour le continent, au-delà de ces préoccupations, le contexte offre de nouvelles opportunités que le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, a relevées, dans son discours d’ouverture. « L’édition AFIS 2022 faisait la part belle aux crises et à leur gestion…. Force est de constater que nous ouvrons, aujourd’hui, un nouveau chapitre. Le thème des crises laisse place à celui des opportunités », a fait savoir le président de la République.

 

Un regain d’optimisme à comprendre

 

Dans son discours, le président Faure Gnassingbé s’est montré optimiste, quant à l’avenir économique du continent. A son avis, le premier panel, « Bâtir une industrie financière africaine de classe mondiale : une opportunité à 1500 milliards de Dollars », incarne cette nouvelle symbolique. Et pour comprendre ce regain d’optimisme, il évoque l’inflation qui retombe avec les prix des produits de base, notamment alimentaires et énergétiques, qui se détendent. « Plus généralement, le dynamisme de nos économies a de quoi nous rendre optimistes. En Afrique de l’Ouest, les données de la campagne agricole 2022/2023 montrent une augmentation de 9,7% de la production vivrière au sein de l’Union, atteignant un volume impressionnant de 72 millions de tonnes. Etant donné l’importance cruciale de l’agriculture qui emploie 65% de notre main-d’œuvre et contribue à hauteur de 40% à notre PIB, de telles réalisations ne peuvent que nous encourager. Notre secteur industriel n’est pas en reste. Le Port Autonome de Lomé est plus dynamique que jamais, suggérant de bonnes performances économiques pour l’ensemble de la sous-région. Cette tendance favorable ne se cantonne pas d’ailleurs au Togo ou à l’Afrique de l’Ouest. C’est l’Afrique sub-saharienne tout entière qui s’engage résolument sur le chemin de la reprise. La région devrait connaître un rebond significatif, avec une croissance estimée à 4,0 %. A plus long-terme, la ZLECAf saura ancrer cette reprise dans la durée », a indiqué le chef de l’Etat. D’après ses propos, en Afrique de l’Ouest, le financement du secteur privé a conservé son dynamisme et « les créances sur l’économie ont connu une croissance annuelle de 11,6%, en août 2023, après un taux de 15%, le mois précédent ». Dans ce contexte, le président Faure Essozimna Gnassingbé s’insurge contre les idées pessimistes venant en dehors du continent. « Un tel écart avec la réalité du terrain m’étonne », a-t-il dit, en précisant que « ce biais menace, très concrètement, notre capacité à financer notre développement ». Et l’exemple édifiant se retrouve dans les notations souveraines, qui tendent à être systématiquement défavorables aux pays africains. C’est ce qu’il appelle « deux poids deux mesures », qui est davantage influencé par la richesse des pays que par le risque réel de défaut. Pour lui, « la plupart des pays développés n’ont pas subi de dégradation de leur note, ce qui leur a permis de continuer à accéder au financement, malgré une augmentation significative de leur endettement ».

 

« Il est crucial pour l’Afrique de regagner collectivement la maîtrise de son narratif »

 

Par ailleurs, le président togolais a rappelé l’importance des investissements privés et a souligné la nécessité pour le continent de saisir pleinement les opportunités qui s’offrent à lui, en rectifiant « ce prisme négatif, ce biais de perception négatif ». De son point de vue, « une partie de cet effort doit être entrepris au niveau national. Et en particulier, il incombe aux Etats de rassurer le secteur privé et de se montrer transparent et à l’écoute. Rassurer, c’est d’ailleurs l’objet du Conseil de Concertation Etat-Secteur Privé, une plateforme mise en place par mon gouvernement pour conduire un dialogue permanent avec nos investisseurs. Mais rassurer, c’est aussi assurer la sécurité du territoire et de nos côtes. Il incombe également à nos Etats de valoriser les opportunités offertes par nos pays ».

Pour le chef de l’Etat, au-delà de la promotion de projets isolés, il est primordial de véhiculer une vision à long terme. Dans cette optique, le gouvernement a initié la feuille de route Togo 2025, destinée à servir à la fois de guide stratégique et de banque de projet.

« Je terminerai en disant que nous ne pouvons reprendre le contrôle du récit africain sans une action concertée. Je considère qu’il est crucial pour l’Afrique de regagner collectivement la maîtrise de son narratif. C’est dans cette perspective que le Togo s’engage, depuis longtemps, dans la construction et la concrétisation de l’unité panafricaine. C’est à Lomé, en 2000, que les accords fondateurs de l’Union Africaine ont été signés et c’est également dans notre capitale que se tiendra, en 2024, le Congrès panafricain. Hier, nous étions avec le Nigéria à l’origine de la création de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest en 1975.  C’est dans ce même esprit que nous avons contribué à la création de l’Alliance Politique Africaine, témoignant de notre engagement continu en faveur d’une autonomie stratégique panafricaine », a conclu le président de la République.

Auparavant, le vice-président pour l’Afrique de la Société Financière Internationale (SFI), Sérgio Pimenta, a souligné que face aux défis, l’Afrique doit tout mettre en œuvre pour favoriser une croissance économique durable, inclusive et verte. Et le secteur financier a un rôle essentiel à jouer dans le déploiement de ce modèle. « Il s’agit d’accompagner l’émergence d’une Afrique plus inclusive et plus connectée, d’assurer la sécurité alimentaire de la région, d’améliorer l’accès au logement et d’assurer la transition énergétique du continent ». Pour lui, sur tous ces enjeux, des réponses concrètes et rapides sont attendues. Et l’industrie financière africaine peut apporter ces réponses en se référant, par exemple, à la stratégie du groupe de la Banque Mondiale, qui ouvre la voie autour de 5 piliers à savoir : « Capital humain, prospérité, planète, infrastructure et numérisation ». M. Pimenta estime qu’en ligne avec ces 5 piliers, les acteurs financiers peuvent se concentrer sur trois domaines d’interventions prioritaires : « le financement des micros, petites et moyennes entreprises ou MPME », « le financement du commerce, et notamment le commerce continental qui est d’ailleurs une autre manière d’accompagner les petites entreprises », ainsi que « le destin de la ZLECA, qui ne repose pas uniquement entre les mains du secteur public ». Car estime-t-il, le secteur privé et l’industrie financière ont un rôle clé à jouer pour faire de ce projet une réalité et notamment les banques régionales.

Pour le reste, en dehors du panel d’ouverture qu’il a suivi, le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, a assisté à une conversation animée par MM. Jeremy Awori, CEO du groupe Ecobank et Serge Ekué, président de la BOAD. Ces deux responsables d’institutions considérées comme « des moteurs essentiels de l’économie panafricaine », ont discuté des moyens permettant de faire face à l’instabilité macroéconomique persistante et au resserrement des financements au niveau mondial.

Bernardin ADJOSSE

Zeus POUH-PEKA

 

 

 

 

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