Architectes, ingénieurs et techniciens supérieurs de génie civil, venus du Bénin, prennent part depuis ce 15 avril, à une session de formation de six semaines sur les techniques de construction en Briques de Terre Comprimées(BTC). Cette formation, qui se tient à l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), est organisée en partenariat avec l’organisation néerlandaise de développement (Projet PDIEM-SNV), le Centre International de Formation en terre de Grenoble (CRAterre) et l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC-Bénin).
Les travaux cet atelier ont été ouverts par le vice-président du conseil d’administration de l’EAMAU, le ministre togolais de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Pr. Koffi Akpagana. L’objectif visé est de développer chez les participants, une bonne maîtrise des défis à relever pour valoriser les potentialités des collectivités territoriales en matière de construction. Il s’agit de développer chez les apprenants, les techniques appropriées de construction de la terre ainsi que les stratégies et actions à mettre en œuvre pour construire et rénover des bâtiments et des villes durables.
A cet égard, en ouvrant les travaux, le ministre Akpagana a rappelé que le Programme de Développement des Infrastructures Economiques et Marchandes (PDIEM), à travers ses activités, contribuent à la valorisation de ces potentialités et à l’émergence d’une économie locale sans laquelle aucun développement durable n’est possible. Selon le ministre, des préoccupations de ce projet est l’utilisation des matériaux locaux, spécifiquement les briques de terres comprimées dans la réalisation des travaux de construction. Il s’est réjoui de la pertinence de ce programme, vu qu’aujourd’hui, avec le développement galopant des villes africaines, l’idée d’un plan d’urbanisation soucieuse de l’environnement devient un enjeu majeur.
Pour le représentant de CRAterre, M. Mauricio Ganduglia, « la terre crue permet de bâtir l’habitat de plus d’un tiers des habitants de la planète. Plus de 20% des biens culturels placés patrimoine mondial sont en terre crue, illustrant les performances architecturales plus que satisfaisantes de ce matériau. Le matériau terre est un matériau durable, comme l’illustre de nombreux vestiges archéologiques qui, construits il y’a plus de trois mille ans, gardent encore leur splendeur. La terre crue est résolument contemporaine. Ainsi, aujourd’hui des meubles en terre crue de plus de six étages, se projettent à Paris. Des quartiers entiers s’imaginent également », a-t-il fait savoir. A son avis, si la terre crue séduit les architectes et les maîtres d’ouvrages à travers le monde, c’est parce qu’elle favorise une démarche écologique. En effet, il est démontré que le bilan énergétique de la terre crue est nettement plus satisfaisant que celui des matériaux de construction conventionnels. Il a donné l’exemple du cas du béton qui nécessite une énergie conséquente, en termes de transport, de broyage, de préchauffage, de cuisson et de recyclage en fin de vie. M Ganduglia, a fait valoir qu’en soutenant le développement des architectures de terre crue, on permet de garantir une meilleure résilience locale, à travers la revitalisation des savoirs faire ancestraux et le développement des filières de construction valorisant la main d’œuvre locale.
Sur ce, le chef de projet PDIEM-SNV, M.Neffjes Rem, a fait savoir que la première phase du PDIEM, 2014-2018, a permis de réaliser des infrastructures marchandes dans deux départements du Nord du Bénin. Il s’agit de la construction du marché international de Malanville (2ème marché du Bénin) et de la construction de trois marchés à bétail d’envergure régionale. Selon lui, cette formation va renforcer les capacités des apprenants, en vue de leur implication dans la maîtrise d’œuvre des ouvrages de la phase II de PDIEM, prévue pour la période 2018-2022. Selon lui, à travers cette formation, c’est une nouvelle dynamique de promotion des matériaux locaux que le Bénin lance à Lomé.
Auparavant, le directeur général de l’EAMAU, Dr. Moussa Dembélé, a rappelé la mission principale de son école, celle de former des architectes, urbanistes et gestionnaires urbains et de participer à la recherche et au renforcement des capacités des professionnels dans son domaine d’expertise.
Bernardin ADJOSSE
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