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Une étude sur le financement du commerce dans les pays de l’Afrique de l’Ouest présentée

Les responsables de l'IFC et de l'OMC lors du point de presse
Une étude sur le financement du commerce dans les pays de l’Afrique de l’Ouest présentée

Soutenir l’inclusion financière et accélérer l’émergence d’un marché panafricain des services innovants, durables et soutenables, tel est l’objectif de la 2e édition de Africa Financial Industry Summit (Afis) qui s’est tenu, les 28 et 29 novembre 2022, à Lomé. Dans ce cadre, International Finance Corporation (IFC) a animé, hier à l’hôtel 2 Février, un point de presse pour présenter le rapport sur le « Financement du commerce en Afrique de l’Ouest ». Ce rapport conjointement produit par l’IFC et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), examine les principaux obstacles au financement du commerce dans les quatre plus grandes économies de la région à savoir : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Sénégal.

Face aux multiples défis auxquels le monde est confronté, aujourd’hui, tels que la pandémie de la COVID-19, l’inflation, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les problèmes d’approvisionnement en produits alimentaires et énergétiques, les pays en développement ont, de plus en plus, de difficultés à utiliser le commerce comme moteur de croissance. Afin de mieux comprendre l’écosystème du financement du commerce dans les pays en développement, les obstacles au financement du commerce et les lacunes dans l’offre, la Société financière internationale (IFC) et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ont réalisé une étude qui porte sur les quatre plus grandes économies de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils ont mené des enquêtes auprès des banques qui fournissent des services de financement du commerce dans ces pays, afin d’évaluer les obstacles rencontrés par les emprunteurs et les prêteurs. Cette étude détaillée a permis d’obtenir des réponses de créditeurs représentant la quasi-totalité des actifs bancaires et des services de financement du commerce dans les quatre pays. Ledit rapport a été présenté, hier, au cours d’un point de presse et vise, selon les responsables de l’IFC et de l’OMC, à mieux comprendre les obstacles qui limitent l’offre de services de financement du commerce dans les pays en développement. Il s’agit de mettre en lumière les moyens pour les institutions financières, les décideurs publics, les régulateurs, les entreprises et les organisations internationales, d’accroître l’offre de financement du commerce, pour stimuler les exportations et les importations et ainsi soutenir l’intégralité commerciale et la croissance économique.

Selon les conférenciers, le financement du commerce (les instruments de crédit utilisés par les importateurs et les exportateurs dans leurs activités commerciales) est important, pour faciliter les échanges internationaux. Ces instruments permettent de faire la soudure entre le moment où l’exportateur souhaite être payé pour la fabrication et l’expédition des marchandises et celui où l’importateur les reçoit.

L’étude a permis d’obtenir des réponses de créditeurs représentant la quasi-totalité des actifs bancaires et des services de financement du commerce dans les quatre pays. Les résultats, ainsi que d’autres données ont été utilisés pour déterminer l’ordre de grandeur des déficits de financement du commerce dans ces pays et l’augmentation des échanges commerciaux qui résulterait d’une réduction de ces déficits. S’il y a de nombreux défis à relever pour réaliser le potentiel de développement du commerce dans la zone CEDEAO, une contrainte, particulièrement, importante et peu étudiée, est le coût et la faible disponibilité des services de financement du commerce. L’enquête auprès des institutions financières de la CEDEAO montre que ces services ne sont offerts que pour 25 % du commerce de marchandises dans ces quatre pays, ce qui est inférieur à la moyenne africaine de 40 % et à la moyenne mondiale de 60 à 80 %.

Ce qui freine l’accès au financement du commerce

Parmi les obstacles qui limitent l’accès au financement du commerce, les banques citent, notamment, la difficulté à satisfaire aux exigences des correspondants bancaires étrangers (90 % des répondants), des garanties insuffisantes par rapport au risque perçu associé aux emprunteurs (81 %) et le manque de financements à faible coût (77 %). L’étude montre que l’augmentation des financements commerciaux au niveau de la moyenne africaine et un alignement de leur coût sur les normes internationales pourraient accroître les exportations et les importations de marchandises de la CEDEAO d’environ 8 %, soit environ 13 milliards de Dollars par an. Aller plus loin encore, en réduisant le coût et en accroissant la part du commerce financée à un niveau prévalant sur le marché international, permettrait d’augmenter le commerce de marchandises dans ces pays d’environ 16 %, soit une hausse de près de 26 milliards de Dollars.

Le rapport souligne donc la nécessité d’élargir l’accès aux instruments de financement du commerce, tant traditionnels que nouveaux. Il s’agit de faire en sorte que le financement du commerce figure en bonne place dans la mise en œuvre de la ZLECAf, de renforcer les capacités des prêteurs locaux, de consolider les relations avec les correspondants bancaires, d’améliorer l’accès des PME et de faciliter le processus décisionnel, grâce à des données de meilleure qualité. Une application plus rigoureuse des règles en matière de garantie pourrait aussi élargir, considérablement, l’accès au financement du commerce. Ces mesures nécessiteront une action coordonnée des institutions financières, des autorités nationales, des organismes de réglementation et des organisations internationales. Le commerce est un élément important de l’activité économique en Afrique, équivalant à environ 50 % du produit intérieur brut (PIB) du continent, selon la Banque Mondiale.

Les quatre plus grandes économies de la CEDEAO, à savoir : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Sénégal, ont échangé pour 208 milliards de Dollars de biens et services en 2021, représentant entre 25 % et 63 % du PIB.

Forger d’autres liens commerciaux

Selon les conférenciers, la région pourrait développer encore les échanges, en tirant parti des progrès réalisés au cours de la dernière décennie. Les entreprises de la CEDEAO ont renforcé leur présence sur les marchés existants et forgé de nouveaux liens commerciaux, en particulier avec la Chine et d’autres régions d’Asie. Entre 2010 et 2020, le nombre d’exportateurs a augmenté d’environ 75 % en Côte d’Ivoire et au Sénégal, tandis que le nombre d’entreprises qui importent des marchandises a plus que doublé. Cette dynamique pourrait se poursuivre, favorisée par une reprise générale du commerce mondial et la mise en œuvre de la ZLECAf. Pourtant, malgré ces signes encourageants, il reste encore beaucoup à faire, pour que le commerce puisse jouer, pleinement, son rôle de moteur de développement. Parmi toutes les combinaisons possibles de destinations et de produits d’exportation, les pays de la CEDEAO sont actifs sur moins de 3 % de ces marchés, contre environ 20 % pour l’Afrique du Sud.

L’étude relève, par ailleurs, que la diversification économique par rapport aux exportations de matières premières dans la CEDEAO a également été lente. Les matières premières représentent plus de 70 % des exportations totales, ce qui est très supérieur à la moyenne internationale. En outre, les importations de biens non consommables qui peuvent être utilisés dans les processus de production nationaux sont inférieures à la moyenne, ce qui limite les possibilités de participer, davantage, aux chaînes de valeur mondiales.

Mélissa BATABA

 

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