Economie

Le 1er forum sur la titrisation en Afrique se tient à Lomé

Le ministre Yaya (4e de la droite), les organisateurs et autres personnalités.
Le 1er forum sur la titrisation en Afrique se tient à Lomé

Le 1er forum sur la titrisation en Afrique tenue, le 30 novembre 2022, à Lomé, a été consacré au marché spécifique de la titrisation des pays de la zone UEMOA. Ce rendez-vous annuel est organisé par Deloitte et Asafo & Co, en collaboration avec certains partenaires, dont la Banque Mondiale, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). La titrisation est un instrument de financement et source de liquidité, potentiellement prometteur dans l’UEMOA et en Afrique. Mais, ce potentiel est loin d’être pleinement exploité. Ce forum a permis donc de faire le bilan des 12 dernières années de la titrisation et d’identifier les actions concrètes visant à innover le secteur, pour accélérer son développement.

Un forum a réuni, le 30 novembre 2022, à Lomé, plus de 120 acteurs de l’écosystème de la finance sur la thématique de la « titrisation », un processus utilisé pour créer des titres adossés aux actifs. Elle utilise les actifs non liquides d’une société de financement (les contrats de location, les prêts, les hypothèques et les dettes de carte de crédit de ses clients), les regroupe et les transforme en titres très liquides que la société vend aux investisseurs. Ce forum a permis aux parties prenantes d’échanger sur le processus et son cadre règlementaire dans l’UEMOA. Les débats ont ainsi pu mettre en exergue ce qui est prévu et permis et ce qui est interdit, tout en faisant un bilan du développement du marché d’un point de vue du régulateur et des bénéficiaires principaux de ce mécanisme. Ils ont pris en compte la titrisation, la technique de (re)financement et de gestion de bilan. L’objectif étant de présenter les avantages, tant pour les entreprises (PME, Grandes Entreprises, etc.) que pour les banques, qui peuvent bénéficier d’autres sources de financement, pour gérer leur compte-client, améliorer leur besoin en fonds de roulement (BFR). Mais aussi, pour alléger leurs besoins en fonds propres et optimiser le suivi et la qualité de leurs créances, tout en renforçant le tissu bancaire et en augmentant leur capacité de financement des Etats, des entreprises et des particuliers.

Sur d’autres aspects, les participants ont échangé sur la titrisation, en tant « qu’outil de diversification d’exposition aux risques et d’allocation d’actifs ». Selon M. Adama Aristide Ouattara de la société Deloite Afrique, la titrisation offre aux investisseurs la capacité d’élargir, considérablement, la base d’actifs dans lesquels ils peuvent investir, arbitrer davantage leurs expositions et optimiser leur respect des ratios réglementaires. Il a expliqué que les parties prenantes ont aussi débattu des questions portant sur le « traitement comptable, fiscal et prudentiel », sur les « perspectives de nouvelles classes d’actifs et de structures à développer ». Les participants se sont, également, interrogés sur « le potentiel de développement de la titrisation ». A son avis, le financement par émission de dette adossée aux actifs, plutôt qu’à la capacité de rembourser des Etats permet de mettre l’accent sur le développement économique à grande échelle des pays, tout en assurant le développement sécurisé du tissu des PME et en constituant un outil d’apurement de la dette publique et d’optimisation des actifs publics. Relativement aux « initiatives et réformes attendues », M. Ouattara a expliqué que l’idée est d’organiser les conditions d’attraction des investisseurs internationaux.

Les participants au forum

Instrument de financement et source de liquidité

A l’ouverture des travaux, le ministre Sani Yaya de l’Economie et des Finances, a relevé que ce forum, qui arrive au lendemain de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), confirme, encore une fois, le leadership du Togo comme place financière de renom et hub financier de la sous-région. Pour lui, l’ambition du gouvernement est d’assurer le financement des entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises. « A ce titre, la titrisation, instrument de financement et source de liquidité, est une solution alternative et complémentaire pour nos économies en croissance », a-t-il dit, en faisant remarquer que le potentiel de cette technique financière n’est pas atteint. Il faut donc entrevoir des actions concrètes à conduire pour accélérer son développement. Parmi celles envisageables, le ministre « pense qu’un cadre juridique et règlementaire précis est important pour assurer la crédibilité de cet instrument et la confiance de tous les acteurs du marché. Je pense également que la qualité des créances qui sont titrisées est un élément très important pour assurer la confiance à cet instrument et assurer justement la liquidité des partenaires, des opérateurs économiques, des investisseurs qui ont de la liquidité et qui voudront investir dans cet instrument ».

Apparue il y a environ 60 ans aux Etats-Unis, la titrisation s’est progressivement répandue dans le monde, avant de connaître un ralentissement pendant la crise financière de 2008. Mais aujourd’hui, le marché de la titrisation a retrouvé son dynamisme mondial, grâce à un meilleur encadrement, une meilleure transparence, la simplification et une standardisation des opérations, a renseigné le ministre. Selon les informations de l’Autorité des marchés financiers de l’Union Monétaire Ouest-africaine (AMF-UMOA), à ce jour, 12 opérations de titrisation ont été réalisées, depuis 2014, pour un montant de 1.065,8 milliards de francs CFA, dont six opérations, au cours des deux dernières années.

Auparavant, M. Sérgio Pimenta, vice-président pour l’Afrique de International Finance Corporation (IFC) et M. Serge Ekué, président de la BOAD ont, tour à tour, rappelé l’importance de la titrisation. Selon eux, cette technique de financement permet aux organismes de crédit de bénéficier de liquidités, sans avoir à se refinancer. Ces mêmes liquidités peuvent être réutilisées, pour prêter aux entreprises ou aux ménages. La titrisation est donc censée participer à l’économie réelle. Elle permet aux sociétés de financement de lever de nouveaux capitaux à taux plus abordables que ceux offerts par leurs banques commerciales. Ces sociétés libèrent ainsi des flux de trésorerie provenant des actifs inscrits au bilan. De plus, elles font croître leur portefeuille de prêts, en prêtant les capitaux à nouveau à d’autres emprunteurs. Les investisseurs ne profitent pas seulement du revenu qu’ils tirent de l’actif adossé aux titres. Ils profitent également de la liquidité des titres eux-mêmes, avec la possibilité de les vendre à un autre acheteur, à tout moment.

Bernardin ADJOSSE

 

 

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