Le gouvernement togolais a inscrit, depuis quelques années, la promotion des produits « made in Togo » dans sa politique de développement. Il a, à cet effet, institué le concept du « mois du consommer local » porté par le ministère du Commerce, de l’industrie et de la Consommation locale. Vendredi, ce département, en collaboration avec la Commission de l’UEMOA, a procédé, à Blue Zone de Cacaveli, au lancement de la deuxième édition de ce mois, sous le thème « compétitivité des produits et services locaux sur le marché de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ». Une initiative qui vise à intensifier la promotion de la consommation des produits locaux de l’espace communautaire, afin de stimuler la croissance, en suscitant l’intérêt des populations pour l’utilisation desdits produits. La cérémonie, présidée par le ministre Kodjo Adedze, a connu la présence de diverses personnalités, dont la représentante résidente de la Commission de l’UEMOA au Togo, des membres du gouvernement, des responsables d’institutions nationales et internationales, le secteur privé, représenté par la Chambre de commerce et le patronat, ainsi que les associations des consommateurs.
Ainsi, après une première édition réussie, ayant regroupé producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs, le gouvernement a décidé de réitérer l’expérience du « mois du consommer local » qui couvre tout le mois d’octobre. Il s’agit de booster le développement à travers la promotion du génie créateur togolais. Au programme de cette manifestation, figurent l’organisation des panels virtuels thématiques, la réalisation d’activités de promotion et de visibilité des entrepreneurs, ainsi que de leurs productions, des visites d’unités de transformation dans les 5 régions économiques y compris le Grand Lomé, l’organisation de concours dotés de prix et de distinctions avec une campagne de communication sponsorisée au profit des acteurs de la chaîne. Il y a aussi la réalisation d’émissions, de spots et de documentaires, aussi bien en milieu rural qu’urbain, pour valoriser davantage le label « made in Togo ». Cette deuxième édition se propose aussi de passer en revue les préoccupations et défis en suspens des acteurs de la chaîne de la consommation locale, de faire un focus sur les chaînes de valeur porteuses, d’analyser les exigences de la transformation des produits locaux dans le respect de l’éthique et des normes de qualité, les besoins en investissement, l’exploration des voies et moyens à l’effet d’apporter des solutions idoines aux préoccupations liées à une consommation locale efficiente et d’envisager des perspectives à court, moyen et long termes.
Quelques défis à relever pour booster des produits « made in Togo »
Au lancement des activités, le ministre en charge du Commerce, M. Kadjo Adedze, a indiqué que la première édition du mois du consommer local a donné des résultats satisfaisants, notamment par la présence sur les rayons des supermarchés des produits « made in Togo », une amélioration de la visibilité des producteurs et de leurs produits, une augmentation globale du chiffre d’affaires de près de 80% des 55 acteurs. En dépit de ces résultats, quelques défis restent à relever, selon le ministre Adedze. Il s’agit des questions de qualité, de certification, de fiscalité, d’emballage et d’encadrement des acteurs. Des défis qui connaîtront, sans doute, des solutions avec la création de la Direction devant désormais s’occuper du secteur privé, la mise en place de la division chargée du développement des Très Petites et Moyennes Entreprises (TPME) qui sont les acteurs majeurs de la consommation locale. Également, au nombre des innovations, se trouvent une complète opérationnalisation de la Haute autorité de la qualité et de l’environnement, une initiative de certification d’une cinquantaine de produits au démarrage, pour rassurer le consommateur, la refonte de la Charte des TPME, avec la prise en compte d’une quatrième catégorie appelée les nano-entreprises. A cet effet, la signature de la nouvelle Charte entre le gouvernement et les acteurs du secteur privé est inscrite à l’agenda de la présente édition.
Appel à intégrer dans nos quotidiens la culture de la consommation
Le ministre Kodjo Adedze lancant l’édition 2 du consommer local devant un parterre d’invités
Par ailleurs, le ministre Adedze a salué la forte présence des produits locaux dans les étrennes de fin d’année. Pour M. Adedze, ces résultats fort encourageants justifient la tenue de cette deuxième édition dont le thème est « compétitivité des produits et services locaux sur le marché de la ZLECAf », un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs et une véritable opportunité. Il a confié que le gouvernement s’engage à poursuivre ses ambitieuses réformes pour la stabilisation du cadre macroéconomique et l’amélioration continue du climat des affaires. « Nous appelons au patriotisme de tous à intégrer dans nos comportements quotidiens la culture de la consommation locale, véritable levier de la croissance de notre économie. Nous serons ainsi des contributeurs à l’amélioration des conditions de vie de nos populations », a appelé le ministre Adédzé, en remerciant l’ensemble des partenaires en développement du Togo, dont la Commission de l’UEMOA, pour la tenue effective de cette deuxième édition du mois du consommer local.
Pour la représentante résidente de la Commission de l’UEMOA au Togo, Mme Aminata Lopaye, cette édition, tout comme celle de 2020, est une réponse concrète de la Commission au besoin exprimé par les ministres de l’espace communautaire en charge du Commerce, lors du sommet de 2019 à Ouagadougou au Burkina Faso, afin d’accompagner les efforts de transformation des produits locaux au sein de l’espace. Elle signifié que lorsqu’on sait que les deux grandes priorités de la ZLECAf sont le renforcement des investissements dans les infrastructures et le développement des chaînes de valeur sur le continent africain, il est loisible d’affirmer sans risque de se tromper que par le choix du présent thème, la Commission de l’UEMOA offre au Togo l’occasion d’approfondir la réflexion en appui aux actions du PND, à travers ses actes stratégiques 1 et 2.
Le consommer local, un mode de vie qu’il faudra adopter
Remise du chèque au vainqueur du concours de logotype de l’événement
A son avis, mettre en relation l’organisation pour la promotion de la consommation des produits locaux avec celle de l’ouverture généralisée des marchés au sein du continent est un devoir de responsabilité et de lucidité. Car, la Commission de l’UEMOA est convaincue que l’ouverture des marchés peut et doit offrir des opportunités pour les productions des États membres sur le marché africain. Pour ce faire, elle a invité tous les acteurs qui travaillent à la combinaison des facteurs de production, à redoubler d’ardeur pour offrir des produits qui répondent, non seulement au besoin du marché, mais encore et surtout aux normes des exigences de l’exportation. A ses dires, le consommer local est plus qu’un concept, c’est un mode de vie qu’il faudra adopter, afin de créer les conditions favorables à l’initiative privée et à l’accroissement de l’entrepreneuriat des jeunes qui sont de véritables leviers de création de richesses. Création de richesses, qui conditionne une croissance soutenue des économies et facilitera l’indispensable transition fiscale permettant de compenser, à moyen et long termes, les pertes de recettes qu’engendrera la mise en œuvre de l’accord. De l’avis de Mme Lopaye, « promouvoir le consommer local, c’est soutenir à la base l’ensemble des politiques qui visent le renforcement de la transformation des PME/PMI, condition nécessaire à la stimulation économique. Promouvoir la consommation locale, c’est soutenir la compétitivité des entreprises de notre Union, afin de mieux les adapter à la compétition continentale qui s’annonce. Consommer local, c’est aussi approfondir le marché de l’Union par l’accroissement du commerce intracommunautaire ». Les défis à relever portent donc sur la réorientation des modes de consommation, la valorisation des matières premières, l’élévation du niveau des échanges communautaires et la consolidation du marché commun de l’Union.
Consommer local est et demeure avant tout un problème de santé
Mme Aminata Lopaye a salué, à cet effet, la perspicacité des autorités togolaises qui ont compris que la voie du salut pour le développement des États membres de l’UEMOA, passe nécessairement par l’autosuffisance alimentaire et la promotion de l’industrialisation, pour l’accroissement de la valeur ajoutée aux productions locales. Elle a, pour finir, réaffirmé la disponibilité de la Commission de l’UEMOA à accompagner le gouvernement pour que le consommer local devienne un réflexe des consommateurs togolais.
Le président du patronat, M. Laurent Tamegnon, a exprimé, à cette occasion, sa reconnaissance aux autorités togolaises pour leur engagement en faveur du secteur privé. Pour lui, la consommation locale constitue le cœur de la vie économique nationale, car aucune économie ne peut se développer sans une consommation intérieure conséquente. Mais, au-delà de la croissance économique, consommer local est et demeure avant tout un problème de santé au regard des conditions de transport parfois sur de longues distances des produits d’importation, de leur conservation, de leur fabrication, quand on considère les additifs, conservateurs chimiques et colorants qu’ils contiennent et qui sont sources de maladies graves pour l’homme, de même qu’ils ne respectent pas les normes environnementales. M. Tamegnon a relevé que l’ouverture des frontières, dans le cadre de la ZLECAf, est imminente et que « si, nous ne prenons garde, notre marché sera inondé des produits provenant de l’extérieur ».
Développement de l’intelligence marketing dans le cadre de la ZLECAf
A cet égard, M. Tamegnon a convié tous les opérateurs économiques à procéder au développement de l’intelligence marketing, à renforcer les connaissances sur les comportements d’achat et les attentes des consommateurs, mieux cerner le comportement et les exigences des consommateurs qui constituent la clé principale pour accroître leurs affaires. Il a salué la stratégie du gouvernement consistant à amener la population à privilégier les produits locaux, stratégie qui, à son avis, est à consolider. Il a conclu, en sollicitant l’accompagnement de tous les acteurs au développement, les élus locaux, les associations de consommateurs, etc. à soutenir le gouvernement et le secteur privé dans cette initiative.
Le lancement de la deuxième édition du « mois du consommer local » a été aussi donné lieu au dévoilement du logotype de l’événement, objet d’un concours qui a mis en lice 40 concurrents. Le gagnant, M. Judicaël Segla, est reparti, avec un chèque de 700 milles FCFA.
La visite des stands installés dans l’enceinte de Blue Zone de Cacaveli a mis fin à cette cérémonie de lancement. Étaient exposés des produits agroalimentaires (assortiment de mets locaux, plusieurs types de boissons et jus, fruits, café et chocolat made in Togo), les textiles, les cosmétiques, etc. pour le plus grand plaisir des visiteurs. Tout en espérant que cette deuxième édition du mois du consommer local tiendra aussi toutes ses promesses pour la satisfaction des acteurs et du gouvernement.
Blandine TAGBA-ABAKI
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