«Faire taire les armes», un projet de l’Union Africaine (UA) initié dans le cadre des activités du mois de l’amnistie en Afrique, édition 2022, a été lancé le 7 septembre 2022, au Togo. Piloté par la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération, la Circulation et le Trafic illicites des Armes Légères et de petit calibre (CNLPAL), ce projet entend sensibiliser les populations qui détiennent illégalement les armes pour les remettre volontairement, sans craindre d’être arrêtées et poursuivies par la justice. A défaut de les remettre, il faut les déclarer pour se conformer à la règlementation en vigueur. Ce qui devrait contribuer à réduire la prolifération anarchique de ces armes qui alimentent les conflits violents et rendent très vulnérable le continent.
Une cérémonie marquant le lancement du projet «Faire taire les armes» en Afrique, a eu lieu, au siège de la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération, la Circulation et le Trafic illicites des Armes Légères et de petit calibre (CNLPAL) à Lomé, sous les offices du président de cette Commission, Gal Abalo Kadangha. La rencontre a permis de présenter le contexte, les objectifs et les activités de ce projet phare de l’Union Africaine, qui est jugé indispensable dans la réalisation des aspirations contenues dans son Agenda 2063. Le lancement s’est déroulé en présence de bien de personnalités, dont le Directeur du Centre Régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC), M. Yabouri Anselme, et le Secrétaire Exécutif du Centre Régional sur les armes légères dans les pays des Grands Lacs (RECSA), Gal BadreldinElamin Abdelgadiy, deux partenaires d’appuis de l’initiative.
«Les armes continuent de parler et même bruyamment… »
En effet, le projet « Faire taire les armes » est mis en œuvre dans un continent où la dynamique des conflits et les tendances du trafic d’armes changent en raison du caractère évolutif et de la diversité des acteurs, comme les pirates, les terroristes et les organisations criminelles. Un continent où les défis sécuritaires existants persistent tout en devenant plus complexes face aux criminels qui agissent sans loi. Sur le continent, on estime que plus de 400 millions d’armes circulent illégalement.
Comme le faisait remarquer le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, en dépit de la volonté politique, «les armes continuent de parler et même bruyamment dans de nombreuses régions du continent. En Afrique, elles continuent de circuler abondamment, parfois plus que dans les régions ou elles sont fabriquées. Notre Continent est celui hélas, qui abrite le plus grand nombre de foyers de violence. Aucune région de l’Afrique n’échappe en réalité à leur ravage ».
En ajout, il rappelait que la profusion des armes et l’absence quasi-totale de leur contrôle ont augmenté toutes les formes de violence : conflits intercommunautaires, extrémisme violent, grand banditisme urbain et rural, braconnage à grande échelle, trafics de tout de genre. Selon lui, le bruit des armes a rompu l’équilibre social harmonieux, paisible et heureux qui prévalait dans les sociétés africaines où ces armes causent encore des dégâts physiques, matériels et psychologiques. Et les premières victimes sont incontestablement les jeunes et les femmes, véritables leviers de tout développement économique et social.
Sans aucune crainte, remettez volontairement vos armes illégalement détenues
C’est dans ce contexte que le projet «Faire taire les armes» est initié, pour faire adhérer les populations aux efforts visant à remettre les armes qu’elles détiennent illégalement, sans aucune crainte. Il s’agit de faire en sorte que les citoyens ordinaires comprennent tous les risques sécuritaires que ces armes peuvent causer, tout en les amenant à participer à la nouvelle façon de gérer la paix et la sécurité ainsi qu’à la construction d’un pays pacifique et plus prospère. En cela le projet a pris en compte la collecte des armes, les activités de sensibilisation de divers acteurs sociaux, afin de faciliter son appropriation, etc.
Au lancement, les différents partenaires ont salué les efforts du Togo dans la lutte contre la circulation illicite des armes. Ils ont souligné la nécessité d’agir efficacement sur les causes de ce phénomène, lié, entre autres, aux déficiences dans la gouvernance politique et économique, qui se traduisent concrètement par l’injustice, l’exclusion, l’extrême pauvreté, la dégradation du système éducatif, voire la carence de services sociaux de base, la corruption et l’absence de dialogue. La dégradation des conditions climatiques, la multiplication des catastrophes naturelles, la propagation des pandémies, à l’instar de la Covid-19, sont d’autres causes explicatives.
Dans son mot de lancement, Gal Kadangha a souligné que le fléau des armes légères sape les efforts des Etats visant à atteindre l’objectif de créer une Afrique sans conflit, intégrée et prospère. « En effet, en 2017 l’Union Africaine, consciente de cette situation, a lancé le projet “Faire taire les armes” et les Etats membres ont renouvelé leur engagement afin de déclarer chaque mois de septembre de l’année “Mois de l’Amnistie Africaine” pour la remise volontaire des armes illégalement détenues par les civils. Notre pays a salué cette initiative qui vise l’atteinte de l’objectif 16 des ODD consistant à promouvoir l’avènement de société pacifique et inclusive aux fins d’un développement durable assurant l’accès de tous à la justice et la mise en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces responsables et ouvertes à tous », a-t-il souligné.
Dans ce contexte, a-t-il rappelé, « l’esprit du mois d’amnistie recommande que les personnes qui remettent leurs armes détenues illégalement ne fassent pas l’objet d’arrestations ou de poursuites judiciaires. A ce titre, tous les acteurs notamment ceux de la société civile sont encouragés à promouvoir le Mois de l’amnistie en Afrique ».
Il a donc lancé l’appel, invitant tous les acteurs à encourager les populations des villes et des campagnes du pays, en vue de se mobiliser pour participer activement à la remise volontaire des armes illégalement détenues. Il a fait comprendre que les armes qui seront collectées, au terme de ce projet, seront détruites, avant d’exprimer sa reconnaissance aux différents partenaires.
Au Togo, la lutte contre la circulation anarchique et irrégulière des armes s’est traduite par les campagnes de sensibilisation des populations, de marquage ou de destruction de ces armes.
Bernardin ADJOSSE
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