Justice

Lomé abrite  la 6e édition du forum africain sur la justice transitionnelle axée sur le capital social

C'est le ministre Trimua(au milieu) qui a ouvert les travaux. A sa gauche, Mme Awa Nana-Daboya et à sa droite, M. Bankole Adeoye
Lomé abrite  la 6e édition du forum africain sur la justice transitionnelle axée sur le capital social

Le 6e forum africain sur la justice transitionnelle se tient, depuis ce 8 septembre 2022, à l’hôtel du 2 Février à Lomé, sous le thème : «  Justice transitionnelle et capital social en Afrique ».  La rencontre est organisée par l’Union Africaine en collaboration avec le Centre d’étude de la Violence et de la Réconciliation(CSVR) et le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale(HCRRUN). Ces assises de trois jours permettront aux participants de proposer aux décideurs africains de nouveaux outils qui tiennent compte des rêves et des impératifs en matière de développement, de cohésion sociale et de promotion de l’état de droit. Plus largement, ce forum permettra aux praticiens de la justice transitionnelle des pays respectifs, de tirer davantage profit des expériences respectives dans une Afrique en proie à plusieurs défis qui fragilisent des politiques visant à renforcer le bien-être des populations. L’ouverture des travaux  a été présidée par le représentant personnel du Chef de l’état togolais, le ministre Eninam Massia Christian Trimua des Droits de l’Homme, de la Formation à la Citoyenneté, des Relations avec les Institutions de la République, Porte-parole du Gouvernement, devant un aéropage de personnalités diverses.

Diverses personnalités à l’ouverture des travaux.

Créer une opportunité de dialogue qui lie les objectifs africains d’éradication de la faim et de promotion d’une transformation agricole durable sur le continent aux processus de justice transitionnelle. C’est ce qui justifie l’ouverture, hier à Lomé, du 6e forum sur l’état de la justice transitionnelle en Afrique. Ce forum de haut niveau organisé par l’Union Africaine et ses partenaires, vise à atteindre trois objectifs essentiels. D’abord, il s’agit pour les participants d’examiner dans quelle mesure les processus de justice transitionnelle ont (ou n’ont pas) intégré les initiatives existantes pour garantir et construire l’Afrique conformément au thème de de l’année de l’Union Africaine et à l’agenda 2063. Ensuite, il est question d’évaluer l’application et l’applicabilité de la justice transitionnelle pour répondre aux défis et crises émergents qui constituent une menace pour la résilience des populations africaines, leur sécurité alimentaire et leur développement socio-économique. Enfin, le troisième objectif est de générer des idées concrètes et pratiques sur la manière de mettre en œuvre et de manière efficace, la Politique de Justice Transitionnelle (PJT) de l’Union Africaine et l’étude sur cette justice et les droits de l’homme et des peuples en Afrique. Ceci, afin de relever les défis existants et en cours ainsi que les nouvelles menaces pour la paix et l’ordre démocratique en Afrique.

Des thématiques relatives aux conflits, à l’insécurité alimentaire et malnutrition, à la dimension genre, aux changements climatiques, aux transitions émergentes et changement de pouvoir, au rôle de la jeunesse dans les transitions, aux mécanismes régionaux et à la justice transitionnelle, etc. vont meubler les débats de cette réflexion continentale africaine.

Construire une Afrique forte et unie

A l’ouverture des travaux, le ministre en charge des Droits de l’Homme et des Relations avec les institutions de la République, M. Eninam Massia Christian Trimua, a expliqué que les Etats africains ont décidé d’adosser aux initiatives existantes, de nouveaux mécanismes d’apaisement sociopolitique connus sous le vocable de justice transitionnelle. Ceci, pour conjurer les violations des droits humains et aller vers un avenir plus partagé et respectueux des principes démocratiques. L’ultime objectif, a-t-il poursuivi, est de ramener la paix, de susciter la réconciliation et le bien-être social et de favoriser la gouvernance démocratique dans les sociétés marquées par des déchirures profondes et douloureuses. Pour lui, en choisissant le Togo pour abriter cet évènement continental, l’Union Africaine et le Centre d’Etude sur la Violence et la Réconciliation reconnaissent les avancées pertinentes enregistrées ces dernières années par le pays dans l’apaisement du corps social, le renforcement du capital humain et l’amélioration de la gouvernance démocratique. « Loin des postures d’autosatisfaction et d’auto-encensement, le peuple togolais a une bonne lecture des sacrifices à consentir et des obstacles à  franchir pour guérir drastiquement des plaies du passé, lutter plus efficacement contre l’impunité et raffermir les bases de la démocraties », a-t-il relevé. Pour lui, le vaste chantier de réconciliation, de cohésion sociale et d’édification de l’Etat de droit, ici ou ailleurs, doit être mené à la lumière des défis liés aux nouvelles menaces auxquelles l’Afrique est confrontée. Parlant de la justice transitionnelle comme approche innovante dans les politiques de réconciliation et de promotion de la démocratie, le ministre a précisé qu’elle ne saurait se détourner des nouvelles menaces qui fragilisent les équilibres et les avancées socioéconomiques réalisés grâce à d’énormes sacrifices. Il a donc salué les profils des participants, talents dont regorge le continent africain en matière de justice transitionnelle, qui constituent un gage de réussite pour ces assises de Lomé.

Pour l’ambassadeur Bankole Adeoye, commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité, à la Commission de l’Union Africaine, ce forum vient à point nommé puisque la justice, soubassement du tissu social et composante indispensable de la paix, est fondamentale. Il a dit oui pour une Afrique intégrée, prospère et en paix, forte, unie et solidaire, où il n’y aura ni guerres, ni famines, une Afrique tournée vers la culture des valeurs essentielles de la vie.

Dans son mot de bienvenue, la présidente du HCRRUN, Mme Awa Nana-Daboya, a salué la tenue de ce 6e forum qui, pour elle, constitue une plateforme multipartite visant à examiner l’état de la justice transitionnelle en Afrique, pour renforcer les mécanismes et les pratiques déjà existants. Elle a félicité les uns et les autres pour le travail accompli en amont par le comité d’organisation dudit forum. Evoquant l’expérience du Togo en matière de justice transitionnelle, elle a indiqué que le pays a placé la victime au centre de son processus sans jamais reléguer les questions d’impunité, de réformes politiques, institutionnelles et administratives, au dernier plan et sans esquiver les mesures visant la non répétition des violations des droits humains. « Inspiré par notre contexte national, ce choix de justice transitionnelle togolais qui s’est avéré payant, a permis à notre pays de jouir d’un climat sociopolitique apaisé qui se consolide chaque jour malgré les défis émergents », a-t-elle souligné.

Régine AKONGA

 

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