Le Conseil international des bois tropicaux, CIBT, organe suprême de l’Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) tient, depuis ce 2 décembre, à Lomé, sa 55e session ordinaire consacrée à l’examen des questions liées à la gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique. L’ouverture des travaux a été présidée par le chef du gouvernement, Komi Selom Klassou, en présence de la présidente de l’Assemblée nationale, Mme Yawa Tségan, du directeur exécutif de l’OIBT, Dr Gerhard Dieterle et du président du CIBT, M. John James Leigh Vetter. Des ministres, responsables d’institutions nationales et internationales, députés, diplomates, autorités traditionnelles, ainsi que des délégations venues d’Afrique, d’Amérique, d’Asie pacifique, d’Océanie et d’Europe ont pris part également à cette cérémonie. A l’occasion, le Premier ministre a reçu un présent en l’honneur du chef de l’Etat, pour les efforts consentis par le Togo, en matière de gestion durable des forêts.
Cette 55e session ordinaire du Conseil international des bois tropicaux coïncide avec celle de la 25è Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP25) qui se tient à Madrid en Espagne. La rencontre, qui rassemble producteurs et consommateurs au Centre des Conférences de l’Hôtel 2 Février, est dédiée à l’examen des sujets pertinents relatifs à la gestion durable des forêts, à la transformation structurelle des secteurs de forêts et d’industries forestières durables en Afrique. Ceci, dans l’optique du développement des chaînes d’approvisionnement durables et légales. Cette importante assise s’inscrit dans une démarche analytique, faisant de la production et du commerce de produits forestiers en milieu tropical, l’une des causes majeures de la dégradation des forêts, de la déforestation et de l’illégalité en lien avec la croissance démographique et les besoins sans cesse croissants en nourriture, mais aussi en bois et produits forestiers.
Ainsi durant cinq jours, les participants vont examiner les différents rapports, évaluer la mise en œuvre des programmes thématiques de l’OIBT, en l’occurrence sur les innovations et les bonnes pratiques et accorder leurs violons sur les nouvelles possibilités d’amélioration de l’infrastructure de financement et des stratégies de levée de fonds. Les débats permettront à l’OIBT d’accroître sa capacité opérationnelle et d’élargir ses possibilités de financement en faveur des pays membres. Au-delà de tout, cette session donne la possibilité de réfléchir sur toutes les options qu’offre la forêt, afin de maintenir l’augmentation de la température de la planète Terre en deçà du seuil de 1,5°C.
L’urgence de se réconcilier avec la nature
« Comme vous le savez, l’OIBT est une organisation qui œuvre à la conservation et à la gestion, à l’exploitation et au commerce durable des ressources forestières. Ceci, nous impose d’allier la liberté de commerce et le respect de la règle de droit dans la sphère du commerce mondial, le développement économique et l’urgence de nous réconcilier avec la nature », a souligné le Premier ministre, Komi Selom Klassou. Selon lui, tous les indicateurs montrent que les modes de vie et de consommation actuels imposent un rythme insoutenable aux écosystèmes forestiers et, par conséquent, contribuent au réchauffement de la planète. Face aux grands enjeux contemporains de développement, le chef du gouvernement a exhorté à inverser la tendance, en promouvant des politiques cohérentes de gestion durable et de conservation des forêts. Pour M. Komi Selom Klassou, si l’ouverture de cette session de Lomé coïncide avec celle de la COP 25, c’est dire que la planète est en péril et qu’il faut, dans une démarche collégiale, agir avec méthode, responsabilité et détermination. A cet effet, les pays attendent de l’OIBT plus d’appuis institutionnels, d’instruments stratégiques, mais aussi, de ressources financières pour une gestion efficiente des forêts, en vue de favoriser une protection durable de la planète, a-t-il fait valoir.
Le Premier ministre a reconnu que le Togo, depuis son adhésion à l’OIBT, a bénéficié d’un financement de 4.099.210 dollars US pour 19 projets. Leur mise en œuvre a eu des incidences positives sur l’économie nationale et le travail endogène de lutte contre la déforestation. Il a rappelé l’état des lieux du secteur forestier, de même que les efforts des autorités togolaises dans le domaine, notamment l’institution, depuis le 1er juin 1977 de la journée nationale de l’arbre, la loi portant code forestier, l’engagement à restaurer 1.400.000 ha de paysages forestiers à l’horizon 2030 et la loi portant code foncier et domanial, dont l’un des objectifs est de susciter des plantations privées.
Klassou a invité les participants à explorer toutes les pistes potentielles de financement, afin que l’essentiel des projets approuvés puissent effectivement bénéficier d’une mobilisation de ressources pour leur mise en œuvre effective.
Le ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Protection de la Nature, Pr David Wonou Oladokoun, a exprimé sa gratitude au président du CIBT et au directeur exécutif de l’OIBT pour le choix du Togo d’abriter la présente session. Ceci, en raison de la stabilité politique, de la sécurité et de la paix intérieure qui le caractérisent. Il a souhaité que cette rencontre permettre de conjuguer les efforts en faveur d’une approche plus cohérente qui participe à une restauration des paysages forestiers par et pour les petits producteurs privés et les communautés. Ceci, à travers des programmes qui regroupent des activités et des projets synergiques susceptibles d’accroître le potentiel d’impacts sur le terrain.
Le directeur exécutif de l’OIBT, M. Gerhard Dieterle, a relevé qu’au Togo, de même que dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, les ressources forestières et l’agroforesterie sont essentielles pour pourvoir aux besoins quotidiens de subsistance des populations, en matériaux de construction, en énergie domestique, mais aussi pour pérenniser la production agricole. Ce faisant, les forêts sont soumises à une énorme pression à laquelle s’ajoutent d’autres utilisations du sol. Cette pression n’occulte pas les efforts des petits exploitants et des communautés dans le domaine de la réhabilitation des couverts végétaux. M. Dieterle a, à cet effet, salué l’excellent travail réalisé par le Togo, en matière de forêts, en l’invitant à préserver ses sites précieux des ressources en teck. Car, les forêts productives constituent une part essentielle de la santé des paysages, de leur résilience face aux changements climatiques et du développement de l’économie durable.
Blandine TAGBA-ABAKI
Faustin LAGBAI
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