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L’Afrique doit mieux détecter et encourager l’esprit d’entreprise, estime Jim Clifton

Le professeur Benedict Oramah ( au micro) et le patron de Gallop, Jim Clifton
L’Afrique doit mieux détecter et encourager l’esprit d’entreprise, estime Jim Clifton

L’Afrique a besoin d’un système, d’un outil, d’un instrument nouveau, pour détecter, découvrir et encourager les talents entrepreneuriaux afin de faire croître son économie et de créer des emplois pour sa jeune population, déclare Jim Clifton, président de la société de sondage et d’analyse Gallup. Ce dernier s’exprimait lors de la 7e lecture annuelle Babacar Ndiaye, qui s’est tenue le 14 octobre 2023, à Marrakech, au Maroc, sous le thème « Le nouvel ordre mondial et l’avenir de l’entrepreneuriat en Afrique ».

C’est la première fois que cette série de conférences, une initiative de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) en l’honneur de son fondateur, s’est tenue en Afrique, en marge des assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du FMI qui se sont déroulées sur le sol africain depuis celle de Nairobi, en 1973.

La 7e lecture annuelle Babacar Ndiaye, qui s’est tenue le 14 octobre 2023, à Marrakech, au Maroc, en marge des assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du FMI, a permis aux participants de comprendre qu’il faut un océan d’entrepreneurs pour développer un continent et des gouvernements entreprenants pour faciliter et coordonner efficacement leurs actions.

Dans son allocution introductive, le professeur Benedict Oramah, président Banque africaine d’import-export (Afreximbank), a rappelé à l’auditoire la nature changeante du commerce mondial, en particulier le ralentissement de la mondialisation à un moment où l’Afrique était sur le point de bénéficier de l’augmentation des salaires en Chine.

La croissance, suite à l’effondrement de l’Union Soviétique, à l’émergence de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et à l’ouverture de la Chine au reste du monde, a vu le commerce mondial s’accélérer de manière spectaculaire, passant de 2 000 milliards de dollars en 1980 à 7 000 milliards $ en l’an 2000 et à 24 000 milliards $ estimés pour 2022.

Les opposants de la mondialisation ont transformé le monde

Le professeur Benedict Oramah a reconnu, devant son auditoire, que les avantages inégaux de la mondialisation ont conduit à des réactions négatives « un retour de bâton » : Les populations occidentales et certains dirigeants politiques se montrant hostiles à sa poursuite. « Le mécontentement de l’armée des  cols-bleus  déplacés en Occident a eu des conséquences politiques sans précédent, conduisant à l’émergence de sentiments et de mouvements anti-mondialisation parmi les partis politiques et les candidats dans la plupart des économies occidentales. », a-t-il observé.

Ces courants contraires ont entraîné la fin de ce que Benedict Oramah a appelé « l’âge d’or de l’esprit d’entreprise », caractérisé par un renversement des flux d’investissements directs étrangers vers les pays en développement, des restrictions sur les transferts de technologie, la réapparition de barrières commerciales, y compris une guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde, et un environnement dans lequel la création d’entreprises dans le monde en développement est devenue plus risquée et plus difficile.

Ces évolutions constituent un défi pour l’Afrique et exigent que le continent se prépare à cette nouvelle ère. « Le monde tel que nous le connaissons a radicalement changé, et ce pour le pire, à un moment où l’Afrique s’attendait à bénéficier de la mondialisation qui a sorti près d’un milliard de personnes de la pauvreté en Chine. Toutefois, lorsque les entreprises explorent de nouvelles destinations d’investissement, elles ont le choix entre leur pays d’origine et l’étranger. Qu’en est-il de l’Afrique ? Que devons-nous faire pour attirer ces investissements en Afrique ? », s’est interrogé Benedict Oramah, en présentant Jim Clifton, président de la société de sondage et d’analyse Gallup, comme une personne capable de répondre à ces questions.

Poignée de main entre Pr Benedict Oramah et M. Jim Clifton

La charrette et le cheval

Le patron de Gallop, Jim Clifton, dans sa communication, a expliqué que l’un des principaux défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui est que les économies ne se développent plus autant qu’avant. « La recherche de la croissance et le désir de la stimuler ont conduit de nombreux pays à se concentrer sur l’innovation et à investir dans des systèmes destinés à faciliter l’innovation ». Jim Clifton estime qu’il s’agit là d’une mauvaise approche, soulignant que c’est la création d’entreprises qui donne vie à l’innovation et engendre l’activité économique. « Il existe de nombreuses innovations, mais elles n’ont aucune valeur si un client n’est pas prêt à les payer », juge-t-il. Il est important de faire la distinction entre le talent académique et la capacité à générer des idées à partir de l’esprit d’entreprise, qui requiert un ensemble différent de compétences. « Nous devons comprendre que si l’innovation est vraiment importante, si nous disposons d’un système pour soutenir et développer les entrepreneurs ou les faiseurs de pluie, tout changera. »

Avec une croissance de 3 %, l’économie mondiale atteindrait 200 000 milliards $ au cours de la prochaine génération, ce qui, selon Jim Clifton, serait un échec. Pour atteindre 300 000 milliards $, ce qui nécessiterait une croissance de 4,5 %, il faut bien comprendre les rôles respectifs de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. « Nous devons comprendre qu’il s’agit d’une situation où il y a une charrette et un cheval, et je dirais que la charrette, c’est l’innovation, et le cheval, c’est l’esprit d’entreprise, et que nous devons être vraiment performants avec le cheval », a-t-il déclaré.

Selon Jim Clifton, cinq personnes sur mille ont la capacité de créer de grandes entreprises et d’avoir l’impact entrepreneurial qu’avait le défunt fondateur d’Apple, Steve Jobs, ce qui signifie qu’il doit se trouver environ 7,5 millions de personnes de ces types en Afrique.

Le défi, a-t-il dit, est de les trouver. La solution consiste à mettre en place un « filet » qui permette d’identifier et de soutenir ces personnes. « Ce continent regorge de talents, peut-être plus que n’importe où ailleurs, et il n’y a aucune raison de ne pas y créer les plus grandes entreprises du monde. Il y a toutes sortes de minerais ici en Afrique, mais l’argent réside toujours dans l’esprit humain et nous n’avons pas réussi à l’exploiter », a-t-il conclu.

Nécessité de soutenir l’esprit d’entreprise en Afrique

L’économiste en chef d’Afreximbank, Hippolyte Fofack, dans ses remarques finales, a souligné le rôle que jouent les entrepreneurs dans la croissance économique, en précisant que si l’Afrique dispose d’une main-d’œuvre et de ressources naturelles abondantes, elle a besoin de plus de capital et d’esprit d’entreprise pour former le quatuor complet nécessaire à la production. « L’esprit d’entreprise est l’un des principaux moteurs de la croissance, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, mais je dirais qu’il est encore plus important en Afrique, où il ne s’agit pas d’un choix mais d’une nécessité », a-t-il déclaré, expliquant que les faibles niveaux d’emploi nécessitent beaucoup plus d’esprit d’entreprise.

« Il faut un océan d’entrepreneurs pour développer un continent et des gouvernements entreprenants pour faciliter et coordonner efficacement leurs actions, comme nous l’avons entendu au cours de cette rencontre », considère Hippolyte Fofack. L’économiste a souligné le rôle joué par Afreximbank dans le soutien de l’esprit d’entreprise en Afrique par l’intermédiaire de ses filiales et de ses initiatives telles que le Fonds pour le Développement des Exportations en Afrique, Creative Africa Nexus, le Centre d’Excellence Médical Africain et d’autres programmes visant à soutenir les entrepreneurs et les petites entreprises sur tout le continent.

Il faut rappeler que Afreximbank organise cette conférence chaque année depuis 2017 en l’honneur de feu Babacar Ndiaye, cinquième président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Le Dr Ndiaye a transformé la BAD au cours de sa décennie de leadership et a également contribué à la création de plusieurs autres institutions panafricaines durables, notamment Afreximbank, Shelter Afrique et l’African Business Roundtable.

Moussouloumi BOUKARI

 

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