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Gouvernement et responsables des établissements de crédit explorent les pistes de solutions adaptées pour un développement durable du secteur agricole

Vue partielle des participants à la réunion
Gouvernement et responsables des établissements de crédit explorent les pistes de solutions adaptées pour un développement durable du secteur agricole

Le ministère de l’Economie et des Finances et celui de l’Agriculture, de la Production animale et halieutique ont tenu, mercredi au CASEF, une réunion avec les responsables des établissements de crédit sur le financement bancaire du secteur agricole, qui est sous financé en dépit de son importance dans l’économie nationale. L’objectif est d’amener les banques à augmenter de façon substantielle le niveau de financement de ce secteur, en vue d’assurer durablement sa croissance et, dans l’immédiat, de sauver la campagne agricole 2020-2021. Toutes les parties prenantes à la réunion étaient acquises à la nécessité de financer ce secteur tampon qu’il faut relever pour amoindrir l’impact négatif de la COVID-19 sur les autres secteurs.

Le secteur agricole togolais reste un secteur sous financé, malgré son importance dans le tissu économique et les actions initiées par le gouvernement. En 2019, seulement 0,2% du total des crédits bancaires a été accordé à ce secteur, bien qu’il emploie 38% de la population active et contribue à 23% à la richesse du pays. Avec la création du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA SA), les efforts ont été portés à 4,6% du total des prêts mis en place par les banques. Ce qui demeure encore très insuffisant par rapport aux besoins très importants de financement de ce secteur. En effet, dans le contexte actuel marqué par la pandémie liée à la COVID-19, le gouvernement a mis en place un plan de riposte du secteur agricole, en vue d’éviter à la population de basculer dans l’extrême pauvreté. Ainsi, pour cette campagne agricole 2020-2021, le gouvernement a décidé d’octroyer des crédits intrant à taux d’intérêt nul pour les cultures de coton, soja, maïs et riz, 15000 kits d’irrigation à base d’un système de pompage solaire, de développer la mécanisation. Les acteurs bénéficieront également de bourse agricole et alimentaire pour la gestion des flux de produits agricoles et matières premières pour alimenter les unités de transformation et les marchés urbains et faciliter le déploiement des kits alimentaires par les plateformes de e-commerce. Il est prévu des agences de placement de saisonniers agricoles dans les fermes et unités de transformation, de même que le financement des entreprises de transformation des produits agricoles. Enfin, une plateforme e-Learning est envisagée pour faciliter l’apprentissage à distance et la poursuite de la scolarité des apprenants des centres de formation agricoles et rurale. Ce plan de riposte est évalué à 15 milliards  299 millions de FCFA. D’un autre côté, les besoins du MIFA pour financer son portefeuille de projets et traiter les dossiers sont évalués à 26,5 milliards de FCFA.

Par conséquent, une rencontre était nécessaire pour examiner ensemble avec les responsables des institutions financières comment lever les obstacles à la mobilisation de ces montants, autrement dit, la manière de dérisquer le secteur agricole pour le rendre plus attrayant aux yeux des financiers. Pour l’heure, ceux-ci indiquent plusieurs difficultés, en formulant des attentes pour lever ces contraintes résiduelles qui entravent le financement du secteur.

Selon l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Togo (APBEF-Togo), il s’agit, entre autres, de s’assurer que le nouveau Code foncier facilite l’accès aux terres, de recourir temporairement à des mesures protectionnistes pour limiter les imports et exports de certains produits agricoles pour développer davantage la production et la consommation locale. Il est aussi question de doter les coopératives agricoles d’une forme juridique, de promouvoir le développement des infrastructures en termes de production de l’énergie, de retenues d’eau, de transport, d’entrepôts de stockage et des unités de transformation. L’APBEF préconise également d’organiser des rencontres entre acteurs des deux secteurs pour mieux se connaître, créer des modèles/zones agricoles encadrées par l’Etat, en vue d’encourager les jeunes à s’intéresser au secteur agricole. Il faut aussi mettre en place un fonds d’aide/d’encouragement à un premier départ dans l’agriculture et prendre des mesures contraignantes pour éviter le non respect des contrats par les producteurs et les aggravateurs.

Les préoccupations des banques déjà en étude au niveau du gouvernement

 Des mesures sur lesquelles, le gouvernement travaille déjà depuis quelques années. Pour le directeur général du MIFA SA, M. Aristide Agbossoumondé, son institution même constitue une garantie, puisqu’elle travaille déjà sur un certain nombre de contraintes rencontrées par les banques dans le secteur agricole. A titre d’exemples, il a indiqué que le MIFA travaille sur le terrain à organiser les producteurs en coopératives, leur donne des formations et les assiste sur le respect des itinéraires techniques. L’institution travaille aussi avec les banques sur l’évaluation et l’analyse des dossiers dans le suivi, ce qui constitue de l’expérience pour elles. Enfin, des dispositions sont prises pour développer l’assurance agricole dans le secteur pour contrer les aléas climatiques, a ajouté le directeur du MIFA. Par ailleurs, il a relevé qu’en « finançant le plan de riposte à la COVID-19 du ministère de l’Agriculture, nous assurons la sécurité alimentaire, le financement d’un certain nombre de cultures de rente comme le coton et le soja qui auront une incidence sur l’économie nationale, étant donné que tous les secteurs de la vie économique sont frappés par cette pandémie liées à la COVID-19 ».

De l’avis du directeur national de la BCEAO, M. Kossi Tenou, cette réunion a été importante, parce qu’elle a eu l’avantage d’informer les banques de toutes les dispositions prises par l’Etat pour garantir le financement bancaire au secteur agricole.

A l’occasion, le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, M. Badanam Patoki, représentant son chef de département, a remercié les institutions de crédit pour leur soutien, tout en les encourageant à faire davantage, notamment à travers un financement plus accru du secteur agricole.

Blandine TAGBA-ABAKI

 

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