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Des voies illicites, facteur de propagation de la COVID-19 à redouter le long de la frontière à Aflao

Le grillage servant de frontière est truffés de passages clandestins
Des voies illicites, facteur de propagation de la COVID-19 à redouter le long de la frontière à Aflao

Le long de la frontière entre le Togo et le Ghana, son voisin de l’ouest, connait presqu’une cessation d’activités ordinairement animées par les personnes qui avaient l’habitude d’entrer ou sortir pour leur business personnel. Depuis que le gouvernement a décrété l’Etat d’urgence sanitaire, en tant qu’une des mesures visant à éradiquer le Coronavirus, cette frontière, particulière par le rattachement direct de la capitale Lomé au Ghana, ne connait plus les vas et viens habituels des populations, unies par les liens familiaux. Ces vas et viens ont subitement cédé place à la peur et à la psychose. Le poste frontalier de Kodjoviakopé, un grand carrefour d’échanges commerciaux, dans un passé récent, présente aujourd’hui l’image d’un coin abandonné de ses animateurs désormais désœuvrées, par manque de réelles occasions d’affaires, même si dans cette situation, une petite minorité arrive, par des moyens détournés, à contourner la loi pour franchir les bornes. Le combat pour la survie, pour ces derniers, semble primer sur les sérieux risques de contamination qu’ils représentent pour les populations des deux pays.

La mesure de fermer les frontières à la circulation des personnes est effective avec le voisin de l’Ouest, le Ghana. Le long de cette frontière avec Lomé, au niveau de Kodjoviakopé et de Ségbé, tout observateur peut constater le fait que tout tourne totalement au ralenti, voire au point mort surtout en ce qui concerne les mouvements des populations. L’affluence est morose, avec des gens qui se comptent au bout des doigts. Les entrées et sorties piétons ne sont plus perceptibles comme par le passé. La lutte contre le Coronavirus a contraint l’homme à abandonner momentanément ses activités de survie à la frontière. Dans cette situation d’interdiction de franchir l’autre territoire, certaines personnes, contraintes par les exigences de leurs services ou gagne-pains au Togo ou au Ghana, passent par des détours pour être présentes à leurs activités. Ainsi, à la frontière au niveau d’Akossombo, la zone neutre, le no man’s land, est systématiquement colonisée par des populations de diverses nationalités. Là, propriétaires et locataires ont construit des habitations, d’où ils quittent, pour la plupart, pour aller exercer leurs activités au Togo. Mais comment parviennent-ils à le faire ? Nul ne le dit. M. Kossivi Djata, maître maçon a construit sa maison dans ce no man’s land. Il témoigne qu’ « actuellement, nous sommes nombreux à habiter ce quartier dénommé Akossombo et nous menons nos activités, à l’exception des travaux champêtres, à Lomé ».
Mme Mawussi Atandji, maîtresse coiffeuse, ne dit pas le contraire. Selon elle, le niveau de vie est très élevé à Lomé, surtout le loyer. « Ici, des portions de terre se louent à 3000 F CFA, voire 5000 F par mois et quitte à l’acquéreur de bâtir sa maison comme il entend. Avec mes trois enfants, nous quittons le matin pour Lomé et nous rentrons le soir », a-t-elle renseigné.
Cette dernière, comme beaucoup d’autres, n’ont pas aussi voulu dire comment ils arrivent à aller au boulot en franchissant la frontière. Pourtant tous témoignent qu’ils sont réguliers au travail. Tout porte à penser qu’avec cette décision de fermeture, ils profitent de la porosité de cette frontière pour se frayer d’autres chemins clandestins de sortie, en échappant à la vigilance des forces de sécurité positionnées à des endroits le long de la frontière. L’éventualité d’une telle voie clandestine de sortie et d’entrée pourrait constituer une grande source de contamination, d’autant plus que c’est un milieu vulnérable dû à la précarité des moyens de survie et des conditions d’hygiène. Le risque de contamination pourrait donc être potentiellement plus élevé dans cette zone qui échappe au contrôle de toutes les administrations et qui n’est pas viabilisée pour bénéficier de l’adduction d’eau potable et autres besoins sociaux de base, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
En dehors de la forte probabilité pour les gens de sortir et de revenir avec la possibilité d’être un potentiel vecteur de contamination, l’on peut redouter la poursuite des activités économiques clandestines sur cette frontière entre les deux peuples qui sont unis par l’histoire et la géographie. L’animation du marché appelé « Yébésséssimé », chaque mercredi à la plage, juste au nez du poste de contrôle des douanes d’Aflao (Kodjoviakopé), en dit tout sur comment les femmes revendeuses du Ghana s’arrangent-elles pour traverser la frontière et animer ce marché où on trouve des viandes de brousse, du poisson fumé, des épices, du sel, des légumes, etc.
Dans ce cas, la première source de contamination pourrait passer par le contact entre acheteurs et vendeurs de certaines marchandises qui arrivent du Ghana où dans le sens contraire.
Dans tous les cas, il est indispensable de continuer par sensibiliser les populations des deux pays frères, pour qu’elles prennent conscience des risques de mort liés à la pandémie de COVID-19. Ceci, afin que, dans leurs activités, qu’elles soient clandestines ou pas, les mesures barrières soient respectées dans l’intérêt de tous.

Cyril EKPAWOU

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