Santé / Société

Approche contractuelle dans les formations sanitaires publiques : Le Togo partage ses expériences à la 72e session de l’OMS-Afrique

Le ministre Mijiyawa a présenté l'Approche contractuelle du Togo
Approche contractuelle dans les formations sanitaires publiques : Le Togo partage ses expériences à la 72e session de l’OMS-Afrique

La 72e session régionale de l’OMS-Afrique, qui se déroule depuis lundi 22 août 2022, à Lomé, a été marquée après la cérémonie d’ouverture, par la présentation des résultats et difficultés de l’Approche contractuelle enclenchée dans les établissements de soins de santé publics du Togo. Selon le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux Soins, Pr Moustafa Mijiyawa, d’une manière générale, cette approche a permis d’assainir la gestion, d’améliorer le taux de fréquentation et d’engranger des recettes considérables, pas pour renflouer les caisses de l’Etat, mais plutôt, en vue d’améliorer le bon fonctionnement de ces structures de santé.

La contractualisation dans les hôpitaux publics du Togo a commencé, en juin 2017 au Centre Hospitalier Régional (CHR) d’Atakpamé et au Centre Hospitalier Préfectoral de Blitta. Elle s’est étendue, en avril 2018 aux Centres Hospitaliers Universitaires Sylvanus Olympio de Lomé et de Kara, aux Centres Hospitaliers Régionaux de Sokodé et de Dapaong et au Centre médico-social (CMS) du canton de Siou, dans la préfecture de Doufelgou.

Le ministre en charge de la Santé, Pr Moustafa Mijiyawa, a expliqué que la contractualisation des structures sanitaires publiques a pour but d’établir un équilibre entre les fonds alloués dans le fonctionnement des hôpitaux et les résultats attendus, grâce à une gestion plus saine. Cette Approche est fondée sur le principe de délégation de la gestion des formations sanitaires à une structure étrangère spécialisée à l’issue d’un contrat. L’entité contractante se charge de la mise en place des mécanismes et outils appropriés à cet effet. Plus précisément, il s’agit pour l’Etat, de signer un contrat avec une société spécialisée dans la gestion des hôpitaux, tout en gardant la formation sanitaire dans le portefeuille de l’Etat. « Les équipements sont achetés et réparés, en cas de panne, par l’Etat. Le personnel garde son statut de fonctionnaire et les prix des actes médicaux restent inchangés », a-t-il précisé. Evoquant les mobiles qui sous-tendent le choix de cette approche, Pr Mijiyawa a expliqué qu’il a été constaté un fossé entre les fonds injectés dans ce secteur et une dégradation avancée des infrastructures et équipements. Cette approche est intervenue dans un contexte où la désaffection de la population pour les formations sanitaires publiques s’accroissait, au jour le jour, pour manque d’accueil, de la qualité des prestations de soins et même la sécurité des patients dans ces établissements de soins de santé publics.

les participants

Les critères d’évaluation et les résultats obtenus

De l’avis du ministre en charge de la Santé, les critères d’évaluation ont porté sur le taux de fréquentation, de consultation, d’hospitalisation, le nombre d’actes, ainsi que la disponibilité des médicaments les plus utilisés dans le centre. L’évaluation a également porté sur les effets collatéraux des résultats engrangés et sur la satisfaction des usagers. Selon le Pr Mijiyawa, au bout de quelques années de mise en œuvre, le taux de fréquentation a augmenté de 28%, les hospitalisations de 55%, les actes chirurgicaux de 49% ; le taux des accouchements assistés a progressé de 27%, celui des examens médicaux de 90% et de la pharmacie de 75%. « Ces différents chiffres d’affaires sont étroitement liés aux actes caractéristiques des lignes. Les résultats connaissent une courbe ascendante, malgré la pandémie de la maladie à coronavirus (Covid-19) », a-t-il précisé. Pr Mijiyawa a indiqué que cette amélioration de la gestion et les résultats engrangés ont motivé les partenaires techniques et financiers à injecter à ce jour plus de six cent millions de FCFA de matériels d’équipements et de réhabilitation dans les formations sanitaires contractualisées.

Les chiffres d’affaires concourent à l’amélioration du plateau technique

Le ministre en charge de la santé a indiqué que la plupart des hôpitaux étaient couverts de dettes de tous genres à la veille de la mise en œuvre de l’Approche contractuelle, notamment des salaires impayés aux agents qui émargent sur le budget autonome. « Le CHR d’Atakpamé avait quarante et six millions de FCFA de découvert qui ont été épongés au bout de six mois de mise en œuvre du projet. Les dettes à l’endroit des fournisseurs ont été également épongées avec 80% de disponibilité des médicaments, d’oxygène et de consommables », a-t-il souligné. Selon le ministre, les chiffres d’Affaires enregistrés permettent aux formations sanitaires de renouveler et/ou d’améliorer leurs équipements et de procéder aux travaux de réfection des infrastructures. Le ministre a également indiqué que grâce à la bonne gouvernance qui se met progressivement en place, le taux d’absentéisme, autrefois constaté au niveau du personnel, est en nette régression. Il a confié qu’avec ces résultats satisfaisants, le projet sera bientôt étendu à toutes les formations sanitaires du pays. De l’avis du ministre, le projet de contractualisation des hôpitaux publics du Togo est porté par le chef de l’Etat et c’est ce qui a permis d’obtenir ces résultats. Il a relevé que les résultats obtenus ont été possibles, parce que le but visé n’est pas d’engranger des bénéfices pour les caisses de l’Etat, mais de faire en sorte que les résultats escomptés en injectant de l’argent dans le secteur de la santé soient atteints. « Le but visé, c’est de combler les attentes de la population en matière de l’offre de soins de santé de qualité », a-t-il précisé, tout en faisant remarquer que, dès la conception de ce projet, nombreux étaient les acteurs qui n’ont pas cru à son aboutissement, ce qui a quelque peu retardé sa mise en œuvre.

Françoise AOUI

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