La ville d’Aného a connu une animation singulière, du 12 au 14 janvier 2024, à l’occasion de la neuvième édition du Festival des Divinités Noires. Après un répit de dix ans, le festival a repris ses droits de cité et a répondu aux attentes du public qui a afflué de différents lieux pour vivre l’évènement. Avec Abomey et l’Inde comme, Ville et Pays invités, cette édition de la renaissance a été, durant les trois jours, le rendez-vous du spectacle, du mystère et de la rencontre des cultures. Les manifestations, organisées par l’association Acofin, ont été ouvertes par le ministre en charge de la Culture et des Arts, M. Kossi Lamadokou.
Tel un phénix, le Festival des Divinités Noires renait de ses cendres après dix ans de pause du fait des différentes crises sanitaires (Ebola et Covid) et a déployé ses belles parures au grand bonheur des passionnés de la chose culturelle. Et pour son retour, ce festival, organisé par l’association pour la sauvegarde du patrimoine culturel africain, Acofin, a encore allumé la passion et l’engouement du public, pendant trois jours, soit du 12 au 14 janvier 2024.
La commune Lacs 1, précisément la ville d’Aného a, à cet effet, connu son affluence des grands jours, vibrant aux rythmes des différentes manifestations à l’agenda de cette neuvième édition. Le ton a été donné au cours d’une cérémonie d’ouverture officielle, précédée d’une messe Fâ, qui s’est déroulée à Glidji. Cette rencontre qui a connu la participation des autorités administratives, locales et traditionnelles, du Roi d’Abomey, Togbui Agboli Agbo, et des membres du corps diplomatique accrédités au Togo, dont l’ambassadeur de France, M. Augustin Favereau, a été marquée par la prière des prêtres indiens venus de l’Himalaya, ainsi que du défilé des différentes communautés et sociétés initiatiques invitées au Festival.
Mais, pour savourer le spectacle, il fallait être présent, le samedi 13 janvier, jour de la ville d’Abomey, pour voir la divinité Kélégbétô, des couvents Hlandè, marcher sur l’eau en traversant le lac d’Aponoukpa jusqu’à la façade du Palais Lolan, en bordure de l’eau. La démonstration du mystère encore présente dans les têtes, le public, composé d’autochtones, des membres de la diaspora, des touristes et d’autres curieux, a assisté au Carnaval d’Aného. La procession menée par les représentants des quarante-une divinité du panthéon Guin et Mina, a démarré devant le Palais Lolan, a contourné le Palais et a écumé les artères de la ville, avant d’échouer à la place Acofin sur la plage à côté de la Mairie. Là, le public s’est délecté de l’euphorisant spectacle des différentes communautés et sociétés initiatiques présentes. Il y a eu, tour à tour, sur l’estrade la parade et les danses des couvents Guin Yéwé, Mami Dan, Sakpatè, Blekete, etc…
Plaider pour un rapprochement des peuples
Les Kondonas ont pris la relève, suivis par les Solas. La tension est montée d’un cran avec la montée sur scène des Kpandjas, et des Kondas qui ont ravi le public avec leurs enchainements artistiques. Les Adjifossi ont enchanté le public, avant que le volet artistique ne soit clos par la Compagnie Semenou de l’Etoile Filante, et les danses Zinli et Sakpata du Bénin. Le spectacle est alors passé à un autre niveau avec les Kélégbétô, qui ont électrisé la foule, tout comme les danseurs du feu venus de Bassar qui ont fait perdre le latin au public. L’autre point saillant à l’ordre du jour a été la présentation du spectacle « Béhanzin, un rêve inachevé ».
Le dimanche 14 janvier, dernier jour, a été consacré à l’Inde. Les prêtres venus de l’Himalaya pour l’occasion et les membres de l’association pour l’éveil de la conscience Hare Krishna ont officié des prières au Temple Hare Krishna d’Aného, qui ont connu la participation de l’ambassadeur Sanjiv Tandon. A la place Acofin, les membres de l’association de l’éveil de la conscience Hare Krishna ont partagé avec le public, les valeurs et enseignements de Krishna, le lien avec les divinités tels que Ganesh, Shiva, Hindra, etc… qui eux tous, trouvent leurs similaires dans les divinités du panthéon et des Cultes des Guins et Minas. Tout en donnant le mérite et les louanges aux puissances divines, ils ont plaidé pour un rapprochement des peuples. Une dégustation de différents mets de la cuisine indienne, dont le riz, les pois-chiche, le curry et des galettes a permis de raffermir la découverte de l’autre. Le spectacle a repris son cours avec la prestation des Egoun et les Kélégbétô d’Agbanakin qui ont tenu en haleine le public. Un bal populaire a refermé les rideaux de cette édition.
Les manifestations de cette édition de la renaissance ont été, solennellement, ouvertes par le ministre en charge de la Culture, Kossi Gbenyo Lamadokou. Il a exprimé des félicitations à l’association Acofin, pour le doigté de sa vision en redonnant vie à cet important festival. Sa vocation, a-t-il dit, est de regrouper les sociétés initiatiques africaines, afin d’accomplir un voyage dans le temps, les temples et bois sacrés, pour redécouvrir les secrets de nos ancêtres, en assurer la sauvegarde et surtout la transmission aux générations futures. En rappelant que le Festival des Divinités Noires a pour but de rassembler tout ce que le continent noir dispose comme sociétés initiatiques, il a lancé l’invitation pour unir les efforts à ceux du gouvernement togolais sous l’égide du chef de l’Etat, afin que les sociétés initiatiques togolaises soient classées au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
A la clôture du festival, le président de l’association Acofin, président du Comité d’Organisation, Me Tete Wilson Bahun, a exprimé son satisfecit pour l’engouement renouvelé du public qui a répondu à l’appel, ainsi que du retour des divinités à Aného. Il s’est réjoui du spectacle, avant de donner rendez-vous à tous les passionnés pour la prochaine édition qui promet d’être plus grandiose.
Mawuto Clairbonheur ADJIGNON
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