Entrepreneuriat

L’entrepreneuriat social, un concept d’avenir au Togo ?

La table d'honneur
L’entrepreneuriat social, un concept d’avenir au Togo ?

Une conférence internationale portant sur le thème « L’entreprise sociale : innover, impacter et développer dans la solidarité », s’est tenue, vendredi 11 mai, au siège de la banque panafricaine Ecobank à Lomé. C’est une initiative de l’ambassade des Etats-Unis au Togo, de  ladite banque et la société Alaffia, en collaboration avec le gouvernement. Il s’est agi de générer les débats sur la question de l’entrepreneuriat social, afin de trouver des pistes fiables visant à faire de ce modèle un  véritable moteur de développement durable.

Cette conférence sur l’entrepreneuriat social a été ouverte par la ministre en charge du Développement à la base, Mme Sidemeho Tomegah-Dogbé, en présence de l’ambassadeur des Etats Unis, M. David Gilmour et de diverses autres personnalités relevant du gouvernement, des universités, du monde des affaires, etc.

Elle été un cadre de débats enrichissants sur ce genre d’entreprises qui sont, de l’avis des experts, des sociétés de demain. Dans un monde aux multiples défis, où les moyens étatiques sont insuffisants et que les ressources se raréfient. Dans ce contexte, l’entreprise sociale se positionne comme celle qui essaie d’offrir des biens et services aux consommateurs. Mais elle diffère de l’entreprise traditionnelle, par le fait qu’elle réinvestit ses profits pour remplir, poursuivre et faire avancer sa mission sociale ou environnementale, tout en assurant sa viabilité financière. C’est dire donc que l’entrepreneur social crée une activité économiquement stable, qui répond à des besoins sociaux, souvent mal couverts par l’Etat et le secteur privé. Mais les entreprises sociales sont confrontées à de multiples défis liés aux écosystèmes sous-développés dans lesquels elles opèrent.

La présente conférence a offert donc son cadre pour débattre des défis de ces entreprises, qui sont confrontées aux difficultés de financement, dans un contexte social très changeant. L’idée, pour le Togo, est de réfléchir aux voies et moyens devant permettre de faire de ces entreprises de véritables vecteurs de développement. Il s’agit aussi de discuter de ce modèle, dans un monde globalisant, et de le vulgariser, à travers le vécu d’un certain nombre d’entreprises sociales à succès. Pour y parvenir, les participants ont suivi plusieurs présentations, dont : « L’entreprise sociale en Afrique : perspectives du point de vue des acteurs », « modèle économique de l’entreprise sociale dans le contexte actuel de mutations sociales », « financement de l’entrepreneuriat social : quels en sont les opinions ? », « le cadre légal de l’entrepreneuriat social au Togo » et « perspectives de l’entrepreneuriat social en Afrique : défis, opportunités et nouvelles tendances ».

Pour la ministre Tomegah-Dogbé,  la transformation économique et le développement social de l’Afrique, pour une création massive d’emplois décents, passent essentiellement par la promotion de l’entrepreneuriat, notamment, celui à la base, un entrepreneuriat social et communautaire.  Conscient de cela, le gouvernement, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, a mis en place une politique de développement à la base, couplée d’une politique volontariste de promotion de l’entrepreneuriat, à travers plusieurs mécanismes gouvernementaux : le Fonds d’appui aux Initiatives Economiques des Jeunes(FAIEJ), le Programme d’Appui au Développement à la Base, le Programme de plateforme multifonctionnelle, le programme d’appui à l’employabilité à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs, le Fonds national de la finance inclusive, etc., a relevé la ministre.

Un modèle d’actualité

Dans son intervention de circonstance, l’ambassadeur des Etats Unis, a rappelé le contexte actuel du monde, qui se caractérise par des défis sans précédents. Les changements climatiques, les inégalités économiques, les émigrations de masse… figurent parmi les problèmes  qui pèsent sur les systèmes sociaux. Les grands problèmes sociétaux sont confiés aux gouvernements, tandis que le secteur privé est préoccupé par la maximisation du profit. Aujourd’hui, alors que les défis se multiplient et que les ressources gouvernementales sont de plus en plus minces ou rares, il est indispensable de réévaluer cette approche d’entrepreneuriat social, a-t-il souligné.  Pour M. David Gilmour, la réussite de cet entrepreneuriat passe par la complicité ou  le partenariat entre les secteurs public et privé, pour s’attaquer à des problèmes complexes et créer des impacts sociaux. Selon lui, « contrairement à la croyance populaire, la rentabilité et l’impact social positif ne s’excluent pas mutuellement. Il est, en effet, possible de bâtir une entreprise prospère et, en même temps, faire du bien social », a-t-il fait remarquer. A son avis, le modèle de l’entreprise sociale est celui de l’avenir, un modèle qui a « un potentiel inimaginable pour apporter le développement et la prospérité au Togo et au reste du monde ». Parce que ces entreprises sont plus durables et elles se financent elles-mêmes. De plus, ces entreprises peuvent évoluer de manière différente que d’autres organisations. Il a rappelé que ce modèle n’est pas typiquement occidental ou imposé à l’Afrique. Il est d’actualité.    Au Togo, pour que ce modèle économique novateur réussisse, le diplomate américain conseille de rendre disponible les données publiques. Il faut aussi donner un cadre  juridique aux entreprises sociales et maximiser les ressources grâce aux regroupements (gouvernement et secteur privé doivent s’entendre pour soutenir les entreprises sociales). Le ton aux travaux proprement dits a été donné par la leçon inaugurale du Président-directeur général d’Ecobank, M. Ade Ayeyemi.

Bernardin ADJOSSE

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