Energie Renouvelable

WAECS 2025 : ATIDI invite les Etats d’Afrique de l’Ouest à tirer parti du mécanisme de RLSF pour concrétiser leurs ambitions en matière d’énergie durable.

M. Cheick Oumar Khalil Diallo, Souscripteur Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF)
WAECS 2025 : ATIDI invite les Etats d’Afrique de l’Ouest à tirer parti du mécanisme de RLSF pour concrétiser leurs ambitions en matière d’énergie durable.

Le Sommet de Coopération Énergétique d’Afrique de l’Ouest (West Africa Energy Cooperarion Summit (WAECS) 2025 s’est tenu à Accra, Ghana, les 2 et 3 décembre 2025, sous le thème : « Bâtir la résilience régionale / Maximiser le pouvoir de la collaboration régionale ». Cette rencontre de haut niveau, qui a regroupé les acteurs du secteur public et privé, des gouvernements, des régulateurs, investisseurs et fournisseurs de technologies, a permis de discuter des opportunités d’investissement énergétique dans la région ouest-africaine. Ce sommet vise également à favoriser de nouveaux partenariats et à renforcer les alliances existantes, avec pour objectif plus large de promouvoir une transition énergétique juste et une coopération énergétique régionale à long terme.

L’Assurance pour le Développement du Commerce et de l’Investissement en Afrique (« African Trade and Investment Development Insurance », ATIDI), en sa qualité d’assureur multilatéral panafricain était à WAECS 2025 pour apporter un message d’engagement résolu en faveur de la transition énergétique du continent.

M. Cheick Oumar Khalil Diallo, Souscripteur Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF), dans une interview exclusive, revient sur les grands points du sommet, le projet solaire photovoltaïque de Sokodé et le soutien de RLSF à la transition énergétique en Afrique.

Togo – Presse : Quel message ATIDI a apporté au Sommet de coopération énergétique en Afrique de l’Ouest (WAECS 2025) ?

M. Cheick Oumar Khalil Diallo, Souscripteur Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF)

M. Cheick Oumar Khalil Diallo : ATIDI a abordé le Sommet de Coopération Énergétique d’Afrique de l’Ouest 2025 avec un message d’engagement résolu en faveur de la transition énergétique du continent. Nous soulignons que les investissements dans les énergies renouvelables peuvent être accélérés en atténuant les risques de paiement grâce à des instruments innovants tels que la Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF). Lancée en partenariat avec la KfW et soutenue par Norad, la RLSF offre aux producteurs d’énergie renouvelable une garantie de liquidité qui couvre les retards de paiement des compagnies publiques d’électricité, améliorant ainsi la bancabilité des projets.

ATIDI a délivré un message de confiance et de partenariat : en travaillant main dans la main avec les gouvernements ouest-africains, les bailleurs et le secteur privé, nous pouvons lever les obstacles financiers et accélérer la réalisation de projets verts. À WAECS 2025, ATIDI a mis en avant des résultats concrets – par exemple, dix projets d’énergie propre déjà soutenus par la RLSF à travers cinq pays africains, représentant plus de 223 MW de capacité installée et environ 433 millions USD d’investissements mobilisés. Ce bilan démontre que les solutions de garantie d’ATIDI contribuent effectivement à transformer le paysage énergétique, et ATIDI invite d’autres États d’Afrique de l’Ouest à tirer parti de ce mécanisme pour concrétiser leurs ambitions en matière d’énergie durable.

T.P : A l’issue du WAECS 2025, que retenez-vous ?

Cheick O. K. Diallo :  Nous retenons du Sommet WAECS 2025 une dynamique positive et un fort consensus régional en faveur de la coopération pour l’énergie durable. Premièrement, l’importance de la gestion du risque a été largement reconnue : les échanges ont confirmé que des mécanismes comme la RLSF d’ATIDI sont essentiels pour garantir la viabilité financière des projets d’énergies renouvelables et rassurer les investisseurs. La présence d’ATIDI au sommet a permis de sensibiliser davantage de parties prenantes ouest-africaines à cet outil innovant, et nous avons constaté un vif intérêt de la part de plusieurs pays pour l’adopter.

Ensuite, nous retenons que l’Afrique de l’Ouest affiche une volonté collective de concrétiser rapidement les projets verts : gouvernementaux, bailleurs et développeurs sont sortis du sommet alignés sur la nécessité d’accélérer la transition énergétique.

Enfin, ce sommet a été l’occasion pour ATIDI de renforcer son leadership en montrant des résultats probants (tels que le projet solaire de Sokodé au Togo) et de souligner sa vision pour l’avenir. En somme, nous sortons de WAECS 2025 avec encore plus de partenaires engagés, une feuille de route partagée pour lever les barrières financières, et la conviction que la région est prête à faire un bond en avant dans l’accès à une énergie propre, fiable et abordable.

T.P / Donnez-nous un bref aperçu du projet solaire photovoltaïque de Sokodé soutenu par la RLSF en juillet dernier, et dites-nous quel facteur a été déterminant pour que la RLSF couvre ce projet ?

Cheick O. K. Diallo :  Le projet solaire photovoltaïque de Sokodé, dans la Région Centrale du Togo, est une centrale de 62 MW développée par le consortium Meridiam-EDF. Ce projet a bénéficié d’une garantie de paiement d’ATIDI à travers la RLSF. Concrètement, la centrale sera capable de produire environ 87 GWh d’électricité par an. Son impact sera majeur : elle fournira de l’électricité propre et abordable à environ 700 000 personnes, dans une région où plus de 3,7 millions d’habitants n’y ont pas encore accès, tout en réduisant les émissions de CO₂ d’environ 13 600 tonnes par an.

La RLSF a joué un rôle déterminant en couvrant ce projet phare. Le facteur décisif de l’octroi de la garantie RLSF a été la nécessité d’assurer la viabilité financière du projet face au risque de retard de paiement de l’off-taker (la compagnie nationale CEET).

 Bien que l’énergie soit vendue dans le cadre d’un contrat d’achat de 25 ans avec la CEET, les investisseurs exigeaient une protection supplémentaire : la RLSF d’ATIDI garantit jusqu’à six mois de revenus du projet (sur les 15 premières années), offrant ainsi une assurance de liquidité en cas de défaut ou de lenteur de paiement.

Cette garantie a rassuré les prêteurs et permis la clôture financière du projet dans des conditions optimales. De plus, le Togo remplissait toutes les conditions d’éligibilité – notamment la signature préalable du protocole d’accord RLSF avec ATIDI et le soutien affiché du gouvernement. Sokodé est ainsi devenu le premier projet couvert par la RLSF au Togo, et même le tout premier en Afrique de l’Ouest, marquant une étape historique pour ATIDI.

T.P :  La RLSF considère-t-elle d’autres projets au Togo ?

Cheick O. K. Diallo :  Absolument. Le soutien apporté au projet de Sokodé n’est qu’un début pour la RLSF au Togo. ATIDI envisage tout à fait de couvrir d’autres projets d’énergies renouvelables dans le pays, dès lors qu’ils répondent aux critères. En fait, le succès de Sokodé crée un précédent positif : désormais, tout producteur indépendant d’énergie verte au Togo peut solliciter la RLSF, puisque le cadre de collaboration (traité d’adhésion d’ATIDI et protocole RLSF avec l’État togolais) est en place. Nous suivons d’ailleurs de près l’évolution du marché énergétique togolais. Si de nouveaux projets d’énergies renouvelables voient le jour, la RLSF est prête à intervenir pour en garantir la liquidité en cas de retards de paiement de la CEET. L’engagement d’ATIDI au Togo s’inscrit dans sa vision continentale : Sokodé a été notre 10ème projet soutenu en Afrique, et le fait qu’il soit localisé au Togo ouvre la voie à davantage d’initiatives en Afrique de l’Ouest.

T.P : Pourquoi la RLSF accorde-t-elle la priorité aux projets relativement petits à l’heure où la mobilisation d’investissements à grande échelle semble être la voie privilégiée par les institutions financières en vue de véritablement transformer l’Afrique ?

Cheick O. K. Diallo :  La stratégie de la RLSF de cibler en priorité les projets de petite et moyenne envergure repose sur un constat de terrain : ces projets plus modestes jouent un rôle essentiel mais rencontrent souvent le plus de difficultés à mobiliser des financements. Les grandes centrales attirent aisément l’attention des bailleurs. En revanche, les projets plus petits – jusqu’à 100 MW – peuvent souffrir d’une perception de risque plus élevée, ce qui freine leur développement. C’est précisément ce chaînon manquant que la RLSF vient combler. En offrant une garantie de liquidité contre le risque de retard de paiement, la RLSF améliore la bancabilité de ces projets et augmente leurs chances d’atteindre le bouclage financier. Par ailleurs, cumuler un grand nombre de projets à échelle humaine peut avoir un impact global considérable. Enfin, la RLSF n’exclut pas les plus gros projets : ceux-ci peuvent être considérés au cas par cas.

T.P : En quoi la RLSF se distingue-t-elle de produits similaires pour soutenir la transition énergétique en Afrique ?

Cheick O. K. Diallo :  La RLSF d’ATIDI se démarque par plusieurs caractéristiques uniques. Elle cible exclusivement le risque de retard de paiement de l’acheteur public d’électricité. Contrairement à d’autres garanties, elle n’exige pas de contre-garantie souveraine, ce qui allège la charge financière des États. Elle fonctionne comme une ligne de liquidité renouvelable sur longue durée (jusqu’à 15 ans), avec des délais d’indemnisation courts. Elle est adossée à un partenariat solide entre ATIDI, KfW, Norad et les États membres, avec des protocoles d’accord assurant transparence et coopération. Enfin, elle est entièrement dédiée aux énergies renouvelables, avec une équipe spécialisée et un outil de suivi des paiements. Cette combinaison d’efficacité ciblée, de flexibilité et de gouvernance partenariale fait de la RLSF un instrument unique pour accélérer la transition énergétique en Afrique.

T.P : Que peut-on attendre de la RLSF sur les 18 prochains mois ?

Cheick O. K. Diallo :  La RLSF va continuer à croître et à étendre son impact. Nous avons un pipeline actif de transactions supplémentaires et nous anticipons d’approuver et signer de nouvelles garanties prochainement. Concrètement, cela signifie que d’ici fin 2026, le nombre de projets soutenus va nettement augmenter au-delà des 10 projets actuels, ajoutant des centaines de Megawatts supplémentaires de capacité renouvelable.

Sur la prochaine année et demie, ATIDI vise à étendre la RLSF à davantage d’États membres. À ce jour, cinq pays bénéficient déjà de garanties RLSF (Burundi, Malawi, Ouganda, Togo, Kenya), et douze États membres d’ATIDI ont signé le protocole d’accord RLSF. Nous prévoyons d’intégrer au moins 2 à 3 pays supplémentaires dans le giron de la RLSF, notamment en Afrique de l’Ouest, car l’entrée réussie au Togo suscite un effet d’entraînement dans la région.

ATIDI va continuer d’améliorer la RLSF pour répondre aux besoins émergents. Nous explorons par exemple le soutien à des projets de production décentralisée (énergies renouvelables distribuées, hors réseau) en plus des projets raccordés au réseau principal, afin d’accélérer l’accès à l’énergie dans les zones isolées.

Enfin, ATIDI continuera de renforcer la visibilité de la RLSF comme solution de référence pour sécuriser les IPP, avec pour objectif de réduire le coût du capital et favoriser des tarifs plus abordables.

En somme, la RLSF affermira son rôle de catalyseur de la transition énergétique, en soutenant davantage de projets répartis plus largement en Afrique.

Moussouloumi BOUKARI

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