Les travaux d’un atelier virtuel tenu, le 15 septembre dernier, ont été conclus sur la création officielle d’un réseau de coopération et de coordination des institutions et acteurs en traditions orales africaines (REPATO). Ce réseau s’investira prioritairement dans le partage d’informations, l’harmonisation des efforts et des stratégies, la mobilisation des ressources et dans le plaidoyer. Ceci, en faveur de la préservation, de la valorisation et de la documentation de la tradition orale africaine. Un patrimoine nécessaire à la transmission de la culture, des connaissances et de la philosophie propres aux peuples africains. Mis en place à l’initiative du Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO), REPATO est dirigé par un comité de direction présidé par le directeur du Centre international des civilisations bantoues (CICIBA), Pr Antoine Manda Tchebwa.
Le Réseau de coopération et de coordination des institutions et acteurs en traditions orales africaines (REPATO) est porté sur les fonts baptismaux, au cours d’un atelier virtuel organisé, le 15 septembre dernier, par le Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO), un bureau spécialisé de la Commission de l’Union africaine basé à Niamey. La rencontre a regroupé divers acteurs en tradition orale relevant des institutions spécialisées, des chercheurs et enseignants-chercheurs, des institutions universitaires de recherche, des partenaires et experts du monde de la culture et de la tradition orale, tant d’Afrique que de la diaspora. Elle leur a permis de statuer sur la mise en place des documents et outils devant faciliter le fonctionnement du Réseau d’échanges sur les traditions orales africaines. Les participants ont échangé aussi sur la mise en place de la base de contacts des acteurs et experts en la matière, ainsi que sur la création d’une liste de diffusion et d’un groupe WhatsApp pour le compte du réseau. Ils ont pu définir les domaines de collaboration, de mise en place des activités de rencontres et d’animation pour la pérennisation du Réseau. Au terme des échanges, un comité de coordination du Réseau et des points focaux régionaux ont été mis en place. Le comité est présidé par le directeur du Centre international des civilisations bantoues (CICIBA), le Congolais Antoine Manda Tchebwa.
Nécessité de préserver la tradition orale et de la valoriser en la documentant
Selon M. Komi Nkegbe Foga Tublu, coordonnateur du CELHTO-UA, la mise en place de ce réseau se justifie par « le constat qu’il manque un cadre de concertation et une synergie d’actions entre les différents acteurs des traditions orales africaines ». Dans ce contexte, le REPATO se propose de travailler au renforcement de la synergie d’actions entre institutions par la création d’un mécanisme de coordination, de plaidoyer et par la mise en place des conditions de développement de la culture africaine, à travers les traditions orales. Pour y arriver, REPATO travaillera en étroite collaboration avec d’autres réseaux ou des organisations sous régionales et régionales ayant les mêmes buts. Et ce, en vue de la réalisation des objectifs de la renaissance culturelle africaine par la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Le réseau se propose aussi de travailler à renforcer la diffusion des résultats de la recherche sur les cultures et traditions orales africaines ainsi qu’à développer l’éducation aux traditions orales. Il s’agit aussi de rendre accessibles les savoirs et savoir-faire traditionnels aux jeunes générations et aux créateurs artistiques contemporains (musiciens, slameurs, dramaturges, scénaristes, etc.).
Doté d’une coordination exécutive et d’un secrétariat opérationnel basé au sein du CELHTO à Niamey au Niger, REPATO est ouvert à toute institution et à tout acteur travaillant sur les traditions orales et qui souhaite y adhérer. Les ressources nécessaires à son fonctionnement seront fournies par le CELHTO, les institutions membres ou leurs partenaires.
En effet, comme le disait si bien l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, « en Afrique, quand un vieillard meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle ». Cette célèbre perception rappelle l’importance de la tradition orale, ainsi que la nécessité de travailler à la préserver et à la valoriser en la documentant. Mais comment ? C’est à cette préoccupation que le Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO) et le REPATO entendent collaborer, pour sortir la tradition orale africaine de l’ornière. Il s’agira pour eux de travailler à disposer d’une base de données des acteurs et experts en traditions orales, contribuant à la dynamique de collecte et d’enrichissement de la documentation de ce patrimoine, qui reste un héritage rendant compte de nombreuses dimensions de l’homme, dont la raison, l’intelligence, la spiritualité et la volonté de demeurer dans la durée. Un patrimoine perçu aussi comme canal de transmission de la culture et des connaissances, à travers l’ensemble diversifié de ses supports : contes, fables, mythes, épopées, proverbes, devinettes et énigmes.
Bernardin ADJOSSE
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