Tradition

Edition 2020 des Evala dans la crise sanitaire du Coronavirus : Les rites initiatiques réduits à la pure tradition, sans luttes ni réjouissances

Des arènes vides, herbeuses sans lutteurs ni ambiancers
Edition 2020 des Evala dans la crise sanitaire du Coronavirus : Les rites initiatiques réduits à la pure tradition, sans luttes ni réjouissances

Jamais de mémoire, pareil situation ne s’était produite. Les luttes traditionnelles Evala qui emballent, chaque année, généralement à partir de la deuxième semaine du mois de juillet la région de la Kara en général, et la préfecture de la Kozah en particulier, sont passées cette année  inaperçues. Or, habituellement, à pareil moment , tous les cantons de la préfecture vibrent au rythme des fêtes Evala qui drainent des foules immenses de natifs, de curieux et de touristes, sous la houlette des autorités politiques, administratives et traditionnelles. Face à la crise sanitaire mondiale de la pandémie au coronavirus qui dicte actuellement sa loi et à la quelle toute l’humanité se plie, il n’y avait pas de risque possible à prendre. Les chefs traditionnels de la Kozah d’abord, les ministres en charge de l’Administration territoriale et son collègue de la culture en suite, ont pondu des communiqués pour restreindre cette édition aux stricts rites et sacrifices, dans le respect des mesures barrières, afin d’éviter les grands rassemblements qui peuvent être sources de contamination à la COVID-19. On a pu compter sur la sagesse du peuple kabyè dans son ensemble, quoique des remords fussent perceptibles du fait du préjudice moral et économique encaissé.

Une ville dans son train-train ordinaire, avec la population qui vaque à ses occupations comme si de rien n’était. C’est le visage qu’offre cette semaine la ville de Kara et l’ensemble des cantons de la préfecture de la Kozah. Et portant, ils devaient être sous les feux des projecteurs et à la une des médias à pareil moment pour raison des luttes traditionnelles Evala. Mais l’édition 2020 est passée tout simplement à la trappe de la pandémie au coronavirus. Sachant que les rites Evala sont de plus en plus un événement festif donnant lieu à des réjouissances populaires avec des foules immenses, le comité local de gestion de la riposte contre la COVID 19 dans la Kozah, avec en tête le préfet de la Kozah, col Bakali Hèmou Badibawou et les chefs traditionnels ont pris des dispositions en amont. Le comité a procédé d’abord par la sensibilisation de tous les chefs de cantons de la préfecture avec qui il a été discuté du bien fondé que cette année, les choses se fassent dans le strict respect de la tradition tout en limitant le nombre au niveau des prêtres dans les différents couvents. Sur ce, chacun a compris l’intérêt  qu’aujourd’hui, l’important est de couper la chaîne de transmission dans la préfecture. A leur tour, les chefs, aidés de leurs collaborateurs, des CDQ , des CVD et des responsables des formations sanitaires se sont chargés de relayer l’information auprès de toute la population. Outre les sensibilisations, il a été décidé de monter un kit de protection en termes de bavettes et de gels pour que les différentes équipes d’intervention rapide mises en place pour sensibiliser et superviser  les activités dans les cantons puissent, au besoin, apporter un soutien à ceux qui n’auront pas de caches nez.

« On leur a dit que les rites ne sont pas interdits, mais ce sont les regroupements qui ne sont pas autorisés. Si une famille a ses rites à faire, dans le strict respect, il faut limiter vraiment le nombre juste à l’initié et les prêtres traditionnels qui vont l’accompagner dans ce sens. C’est la communication que nous avons faite avec les chefs qui sont allés faire un travail à la base pour que les gens comprennent. Il faut dire aussi que nous avons la chance dans la Kozah d’avoir impliqué tous les leaders communautaires qui ont œuvré pour que la surveillance se fasse. Aujourd’hui, dès que quelqu’un arrive d’un pays étranger, ils attirent notre attention pour disposition à prendre. La preuve en est que, à part les deux cas voyageurs, on n’a pas eu de cas autochtone ayant fait la maladie ici. Cela a été une opportunité et un avantage. Sur les deux semaines qui suivent, en terme pratique, nous allons continuer la sensibilisation avec les équipes de veille et les agents de santé communautaire qui nous appuient dans nos activités et qui nous aident à constituer de petits noyaux pour circuler dans les cantons, sur les sites des cérémonies, afin de veiller au respect des mesures et à l’harmonie de l’information qu’on leur apporte », a expliqué le directeur préfectoral de la santé Kozah, Dr Alfa Abdel Kader.

Entre remord, amertume et colère

Pour le chef canton de Kpènzindè, président des chefs traditionnels de la Kozah, M. Sama Batcharo, la décision prise par la chefferie traditionnelle à l’endroit de sa population méritait du courage, parce qu’elle allait bouleverser beaucoup de personnes. « Mais je crois que, si tout le monde est conscient, ils ne vont pas tellement s’en prendre à la chefferie parce que ce n’est pas de notre habitude et que c’est à cause de quelque chose que cette décision a été prise de ne pas permettre les réjouissances de nos traditions. Nous avons ordonné l’exécution des cérémonies proprement dites dans les lieux sacrés. Par exemple, nous avons permis que deux ou trois Evala peuvent se retrouver par coalition sur le rocher pour faire les cérémonies et crier, bien entendu, dans le respect des gestes barrières. Mais sortir dans les arènes pour lutter, cela demande assez de monde. Voilà pourquoi nous avons interdit cela, car ce serait source de grande contamination », a-t-il dit.

Certes, la pilule a été amère à avaler, mais elle est passée et au président des chefs traditionnels………………………….. ( la suite dans le journal )

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