La lutte contre la pandémie du Coronavirus a amené le gouvernement togolais à prendre diverses mesures, dont la fermeture temporaire des lieux de culte, endroits jugés à hauts risques de contamination de la maladie. Désormais, l’heure est à la reprise, puisqu’il est acquis que le monde doit apprendre à vivre avec le virus. Dans ce sens, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, assisté du directeur des Cultes, le Col Bédiani Béléyi, a échangé, jeudi 11 juin 2020, avec les leaders religieux pour baliser la voie à une reprise éventuelle de leurs activités. Ces derniers ont fait plusieurs propositions, chaque entité en ce qui la concerne. Des propositions que le ministre entend faire examiner par les plus hautes autorités, le conseil scientifique et la coordination en charge de la lutte contre la pandémie au Togo, pour trouver la formule exacte à la réouverture des lieux de prière.
D’entrée, le ministre Payadowa Boukpessi de l’Administration territoriale a remercié et félicité les responsables religieux pour avoir respecté dans leur majorité les mesures prises par le gouvernement pour contenir la propagation de la COVID 19 au Togo. Mais si désormais, il faut vivre avec le virus, il est impérieux d’envisager avec eux la suite, notamment la réouverture ou non des lieux de cultes et sous quelles conditions. C’est la quintessence de la rencontre d’échanges intervenue, jeudi, à la direction de la SAZOF à Lomé entre les deux parties.
Le président du Conseil Episcopal du Togo (CET), Mgr Komlan Alowonou, s’est réjoui, à l’occasion, des efforts des responsables religieux pour respecter les mesures édictées par les autorités. « Etant donné que ce respect a été constaté par tous, il serait nécessaire qu’on ouvre les lieux de prière et de cultes dans la mesure où le peuple de Dieu sera sensibilisé, formé. Et les mesures on les connait, ce sont les mesures que les commissions scientifiques ont déjà proposées. En ce qui nous concerne à l’église catholique, nous aurons à faire des marques à l’intérieur des paroisses et des chapelles et sur le sol pour le respect de la distanciation sociale au cours des célébrations, pour la procession de la communion, ainsi que pour les quêtes », a-t-il déclaré.
La communauté musulmane a aussi fait des propositions compte tenu des aspects un particuliers de ses cultes. Ainsi, selon le président de l’Union Musulmane du Togo (UMT), El Hadj Inoussa Bouraïma, en dehors du respect scrupuleux des mesures barrières, une police sera constituée de fidèles chargés de réglementer l’entrée dans les mosquées et le respect de la distanciation sociale. Ce qui veut dire que, désormais, le nombre de fidèles entrant dans la mosquée va diminuer et cette police sera formée au cours d’un atelier. « Nous avons déjà choisi un certain nombre de jeunes pour cette formation et nous remercions le gouvernement pour tout ce qu’il fait pour diminuer la virulence de la pandémie », a-t-il relevé.
Le président du Conseil chrétien du Togo, le Révérend Djakouti Mitré estime, quant à lui, que depuis l’apparition de la pandémie et l’annonce des mesures barrières, les membres de l’église, qui font également partie de la population, les suivent au jour le jour, « et je pense que s’il y a réouverture, les églises sont prêtes à continuer la même sensibilisation surtout sur les mesures sanitaires, parce que l’église doit avoir l’amour pour ses fidèles. Si j’aime mon frère et ma sœur, je dois respecter la distanciation sociale, le port des masques, je dois respecter vraiment tout ce qui a été instruit pour éviter cette pandémie. L’église est prête à respecter cela sérieusement et nous avons pensé, selon la grandeur, l’espace de la chapelle, faire plusieurs cultes. Si, une église a de l’espace à l’extérieur, elle peut s’organiser pour faire en sorte que lorsque certains fidèles seront à l’intérieur, d’autres pourront de l’extérieur suivre le culte, parce qu’on a qu’une seule vie. Par ailleurs, certaines églises font leurs quêtes par tige ou des paniers disposés devant, mais toujours dans le respect de la distanciation sociale. Nous sommes aussi en train de sensibiliser les fidèles pour qu’ils fassent leur quête par mobile money ou par banque ou encore qu’ils passent en semaine du moment où certaines églises font des permanences », a signifié le pasteur Djakouti Mitré.
La religion traditionnelle n’est pas en reste quant au respect des mesures barrières. Le responsable de la Confédération Nationale des Prêtres Traditionnels du Togo, Togbui Assiongbo Gnagblondjro III, a indiqué qu’à leur niveau, beaucoup de dispositions ont été prises même bien avant cette réunion. En effet, dit-il, pour chaque couvent, il a été exigé à chaque fête traditionnelle de mettre des dispositifs de lave-main, le port de cache-nez obligatoire, la désinfection de tous les lieux de culte. Il a été aussi demandé aux prêtres de libérer momentanément les prêtresses qui restent régulièrement dans les couvents pour qu’elles rejoignent leurs familles. Dans le même sens, les cérémonies doivent être désormais restreintes à au plus 20 personnes, a-t-il ajouté.
Tout compte fait, toutes les confessions religieuses souhaitent la réouverture de leurs lieux de culte et demandent au gouvernement de leur faire confiance par rapport au respect des mesures qu’il prendra.
De l’avis du ministre Boukpessi, les leaders religieux ont fait des propositions très intéressantes pour une réouverture éventuelle en toute sécurité. Il s’est agi de voir concrètement dans la pratique les dispositions à prendre pour respecter les mesures barrières. « Nous allons remonter l’information au niveau des autorités, du conseil scientifique et de la Coordination, où ces propositions seront examinées par les spécialistes pour voir si elles sont suffisantes pour garantir la reprise des activités de culte. Dans le cas contraire, nous reviendrons vers eux pour voir ensemble ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. L’essentiel, c’est d’être sûrs que s’il y a réouverture, qu’elle sera faite dans le respect des mesures barrières dans l’intérêt de tout le monde et particulièrement des fidèles », a conclu le ministre.
Blandine TAGBA-ABAKI
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