Une cérémonie de lancement et de dédicace du roman « Etre sans être » de la Togolaise Paradis Koboyoh Wiyao résidant en France, a eu lieu, samedi 18 février 2022, à Lomé. Il s’agit d’un livre de référence, un roman réaliste et bouleversant, plein de suspens, édité en deux tomes aux Editions Awoudy à Lomé. Il traite de l’immigration, des conditions de vie des Hommes de couleurs en Europe, dans le but de désillusionner les jeunes qui pensent que la belle vie, l’Eldorado se trouve dans les pays occidentaux. La présentation du livre a été faite, en présence de nombreux passionnés de la littérature, des parents et amis de l’auteure.
L’ouvrage « Etre sans être » dédicacé, à Lomé, est une œuvre qui retrace la vie qu’on mène sans vraiment la choisir, une vie définie par les normes sociales avant la naissance de l’individu. Ecrit et édité en France en 2020 en tome unique, par la compatriote Paradis Koboyoh Wiyao, il a été réédité cette année au Togo aux Editions Awoudy en deux tomes, respectivement en 162 et 198 pages.
Sur la forme, le style est totalement familier, indique le journaliste, M. Arafat Afouane, en présentant l’œuvre. C’est un roman écrit dans un langage accessible à tous et à chacun. « On voit Paradis Koboyoh Wiyao prêter sa personne à son héroïne pour mieux exprimer ses ressentis, ses états d’âme », dit-il.
Sur le fond, le tome 1 est composé de 7 chapitres, précédés d’une préface et d’un épilogue. Dans ce tome, l’auteure s’attaque à des problèmes sociaux connus de tous, auxquels paradoxalement, personne ne semble trouver de solution. Dans le premier chapitre par exemple, l’auteure lève le voile sur le mythe entretenu autour de l’Occident, en général et de la France, en particulier. D’entrée, elle écrit : « Me voilà arrivée en France, ce fameux pays, dont j’ai toujours entendu parler depuis ma tendre enfance. La France le paradis, la France la belle, la France l’espoir, la France le mythe, la France l’eldorado. J’espérais être impressionnée dès que je mettrais pieds sur le sol français », ressortant du coup sa grande déception, l’esprit central de ce tome.
Ce mythe-mirage, d’après le présentateur, est entretenu par des personnes qui y vivent difficilement, mais décrivent un eldorado sur les réseaux sociaux, tout en menant une vie de pacha, une fois au pays d’origine pour les vacances. C’est le cas de Moussa, un Sans Domicile Fixe (SDF) à Dijon en France, et « faroteur » au pays de Laurent Gbagbo. Le chapitre 4 décrit les faits étonnants de racisme dont sont victimes les Hommes de couleurs dans ce pays, alors que ceux qui commettent ces actes sont les premiers à vouloir trouver des solutions, pour que Noirs et Blancs soient égaux, ironise l’auteure, à la page 84. Pour elle, la société occidentale a mis en place tout un arsenal pour soutenir passivement ce fléau. En exemple, les étudiants étrangers sont contraints de vivre isolés, sans amis. Pour les moins chanceux, le décès intervient sans que personne ne s’en rende compte. C’est le cas de Kolani à la page 79. Cette vie, précise le présentateur, n’est pas différente des événements déplorables décrits dans les autres chapitres où Paradis Koboyoh Wiyao revient sur les tristes réalités de la migration clandestine, les réseaux des passeurs, les violences conjugales, les obstacles à la scolarisation de la jeune fille, le poids de la tradition, etc.
Le tome 2, composé de 9 chapitres, peint également l’envie et la recherche de la vie facile de nos sociétés africaines, avec les mauvaises conséquences qui en découlent. En exemple, l’auteure a choisi le cas de certains enfants de parents moins nantis qui cherchent à mener une vie de bourgeoisie, juste en voyant leurs camarades de parents riches faire…
Dans les débats qui ont suivi, les préoccupations de l’assistance ont porté sur le sens du titre de l’ouvrage, les tenants et les aboutissants de l’immigration clandestine, les comportements et attentes de l’héroïne dans les difficultés, etc. Préoccupations auxquelles l’auteure a apporté des éclaircissements, permettant au public de cerner au mieux son engagement socio politique, dont le but est de corriger ces fléaux qui sapent dangereusement le développement des sociétés africaines.
Vincent K. HOEDANOU
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