Economie

Le Conseil National du Crédit s’est réuni au titre de l’année 2022

Le ministre Sani Yaya (au milieu) a ouvert les travaux du Conseil.
Le Conseil National du Crédit s’est réuni au titre de l’année 2022

Pour la première fois depuis plus de deux ans, le Conseil National du Crédit (CNC) s’est réuni,   en présentiel au siège national de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Lomé. A l’ordre du jour de cette session présidée par le ministre de l’Economie et des Finances, Sani Yaya, l’examen de l’évolution de la situation économique, monétaire, et du système bancaire et financier au 31 mars 2022, et des facteurs de blocage du financement du secteur de l’agriculture.

Une vue des membres du Conseil National du Crédit.

Le Conseil National du Crédit (CNC) s’est tenu, vendredi 1er Juillet 2022 , à la direction nationale de la BCEAO à Lomé. Au menu des travaux, l’examen de l’évolution de la situation économique, monétaire, et du système bancaire et financier au 31 mars 2022, et des facteurs de blocage du financement du secteur de l’agriculture.

Mais avant d’aborder l’ordre du jour, le ministre de l’Economie et des Finances, Sani Yaya, a tenu à faire des commentaires sur la situation économique, le financement de l’économie et l’évolution du secteur financier. Il a rappelé, en effet, que depuis fin fevrier dernier, le monde entier est secoué par des tensions géopolitiques engendrées par le conflit russo-ukrainien. Cette situation est venue perturber les plans de relance post Covid-19. A ses dires, ce conflit affecte directement les économies, à travers les échanges commerciaux, et indirectement, en raison de ses retombées sur la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires importés.

Une résilience de l’économie nationale qui s’accompagne de tensions inflationnistes

Sur le plan national, les nouvelles projections, effectuées en mai 2022, confirment l’accélération de l’activité économique, à un rythme légèrement réduit de 20 points de base. Ainsi, le taux de croissance économique est révisé à 5,9% pour l’année 2022, contre une prévision initiale de 6,1%, après un taux de 5,5% enregistré en 2021.

Le secteur tertiaire demeure le moteur de l’activité économique, avec une contribution à la croissance de 3,4%. Quant aux secteurs primaire et secondaire, leur contribution à la croissance économique sont respectivement de 1,1% et 1,5%. Cette résilience de l’économie nationale s’accompagne, malheureusement, des tensions inflationnistes. En effet, sur les cinq premiers mois de l’année 2022, le taux d’inflation moyen s’est établi à 8%, après 4,5% au 31 décembre 2021. La hausse du niveau général des prix qui touche les pays du monde entier, est portée essentiellement par la flambée des prix des produits alimentaires importés, en liaison avec des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Face à cette situation, le gouvernement a renforcé ses mesures de lutte contre la cherté de la vie. Il s’agit, entre autres, du plafonnement, depuis le 31 mars 2022, des tarifs des transports urbains et interurbains des personnes et des marchandises; de la suspension, depuis le 11 avril 2022, de l’application de la Taxe sur les Véhicules à Moteur pour toutes les catégories de vehicules de transport de marchandises et de personnes à usage commercial. Ces mesures portent aussi sur la suspension, entre mai et décembre 2022, des remboursements de l’avance d’un mois de salaire accordée en début d’année 2022 aux fonctionnaires des secteurs public et parapublic et aux retraités, sur la suspension, à compter du 1er mai 2022 et pour une durée de 3 mois, du paiement des taxes de tickets de marché sur toute l’étendue du territoire national et du plafonnement des prix des produits locaux (maïs, sorgho, haricot, petit mil et riz) et des produits importés (huile végétale, lait, farine de blé et concentrés de tomate).

Par ailleurs, lors de sa session ordinaire du 1 juin 2022, le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO a relevé de 25 points de base ses taux directeurs, afin de favoriser le retour progressif du taux d’inflation dans la zone cible, condition indispensable pour une croissance économique saine.

Une forte hausse des concours bancaires

Le deuxième commentaire du ministre Sani Yaya est relatif au financement de l’économie et à l’évolution du secteur financier. Sur ce plan, il note deux points de satisfaction, au regard des défis à relever. Le premier point encourageant porte sur la forte hausse des concours bancaires. En effet, le montant des nouvelles mises en place de crédits est ressorti à 270 milliards au premier trimestre 2022, en hausse de 39% par rapport au niveau enregistré le même trimestre de 2021. Quant au volume de crédits octroyés par les systèmes financiers décentralisés aux agents économiques, il s’est situé à 50 milliards au premier trimestre 2022, après 37 milliards un an plus tôt.

Le second point positif concerne l’amélioration continue du portefeuille de crédit des banques et des institutions de microfinance. En effet, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est passé de 16% au 31 mars 2021 à 11% à fin mars 2022. La même tendance est observée au niveau des systèmes financiers décentralisés, avec un taux brut de dégradation du portefeuille qui s’est chiffré à 6% à fin mars 2022, contre 7% un an plus tôt, pour une norme de 3%.

Au regard de ces deux évolutions, je voudrais, encore une fois, féliciter et inviter les banques et les systèmes financiers décentralisés à maintenir cet élan pour accompagner la consolidation de la reprise économique. Je voudrais surtout les encourager à relever tous les défis que j’avais évoqués lors de la première session de cette année, en particulier la baisse du coût du crédit qui demeure toujours relativement élevé. Je souhaite vivement que cette session puisse nous permettre d’identifier un ensemble de mesures pour accroître davantage le financement du secteur agricole”, a fait savoir le ministre Sani Yaya.

Identifier les mesures pour relever les défis liés au financement de l’agriculture

Concernant le deuxième point à l’ordre du jour de la session relatif à la problématique du financement du secteur agricole, le ministre de l’Economie et des Finances a expliqué qu’il vise à permettre aux membres du Conseil de cerner les contraintes auxquelles les acteurs de la chaîne de valeur agricole sont exposés, de comprendre les exigences des banques et des systèmes financiers décentralisés, pour accroître davantage le financement de l’agriculture . Cette réflexion a permis aussi d’approfondir les éléments pouvant accélérer l’efficacité du Mécanisme incitatif de financement agricole fondé sur le partage des risques, de tirer des enseignements des expériences internationales en matière de financement de l’agriculture. Une occasion aussi d’identifier un ensemble de mesures pour relever les défis liés au financement de ce secteur. Pour cela, des personnes ressources externes ont été invitées à cette réunion pour donner d’amples informations à même de permettre de mieux comprendre la problématique du financement du secteur agricole et d’y apporter des solutions adaptées. Il s’agit des représentants du ministère en charge de l’agriculture, du Bureau régional du Fonds International pour le Developpement Agricole (FIDA), du Mecanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA) et de la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles (CETOP).

Blandine TAGBA-ABAKI

 

 

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