Les filles et fils natifs de la préfecture de Tchaoudjo, dans la Région Centrale ont célébré, du 20 au 22 Janvier 2017, leur fête traditionnelle, Adossa-Gadao, placée sous le thème : « L’unité culturelle du peuple Tem pour un développement harmonieux et durable ». L’apothéose de cette manifestation a eu lieu, samedi, sur le terrain municipal de la ville de Sokodé, sous le regard admiratif du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé. Aux côtés du chef de l’Etat, se trouvaient le président de l’Assemblée nationale, M. Dama Dramani, des membres du gouvernement, diverses autres autorités politiques, administratives, militaires, des cadres de la localité et une foule des populations qui ont fait le plein du stade.
La fête traditionnelle Adossa-Gadao donne l’occasion aux populations de la préfecture de Tchaoudjo en général et aux peuples Tem-Kotokoli composés des 13 chefferies cantonales et des 3 dignitaires religieux en particulier, de se retrouver, en un seul lieu, au cours du premier mois de l’année, pour marquer leur appartenance à cette culture ancestrale et consolider leur unité et solidarité envers toutes les autres communautés halogènes. Cette année, la célébration a été placée sous le thème : « L’unité culturelle du peuple Tem pour un développement harmonieux et durable ».
« …Vous voici encore, M. le président de la République, pour vivre en communion avec toutes les composantes sociales de la préfecture de Tchaoudjo, l’histoire et la culture du peuple Tem-Kotokoli qui remontent à plusieurs siècles dans le passé et dont les fondements sont basés sur les rapports que ce peuple entretient avec son environnement pour réaliser ses valeurs spirituelles… », s’est réjouit, à l’occasion, le porte parole des populations, le ministre Ouro Koura Agadazi de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique. Il a expliqué que la fête Adossa-Gadao puise ses racines de la tradition Tem-Kotokoli, composé de deux grands groupes de peuplement que sont les Mola,Koli, Kozi, Nawo, Bougoum, Sandou,Daro, Louwo, Wali, Nékèrè, Wourouma, Kpandi, Dikéni, Dopo, Gouni d’une part, et les Touré, Fofana, Mindè, Cissé, Traoré d’autre part. C’est ainsi une occasion pour eux « de se remémorer les grands évènements de leur histoire commune, de rendre grâce à Allah mais aussi d’avoir des échanges à travers des débats francs sur la vie sociale dans leur milieu », a-t-il souligné.
Au demeurant, le Col. Agadazi a exprimé la gratitude et les remerciements des populations deTchaoudjo au chef de l’Etat pour les grandes réformes qu’il a engagées dans le système de défense nationale pour assurer la couverture sécuritaire de proximité à chaque citoyen où qu’il se trouve dans le pays. Il a invité les sœurs et frères de la préfecture en vue de renforcer ce tissu sécuritaire et à œuvrer aux côtés des forces de sécurité pour assurer la quiétude des populations.
Les manifestations festives proprement dites ont été annoncées par une grande et jolie parade des cavaliers. Elles ont été marquées par la prestation des différents groupes traditionnels montrant les richesses du terroir Tem en termes de production vivrière et de brassage des différentes ethnies vivant dans ce milieu. Puis par l’exécution de la danse des couteaux, que seuls, les initiés peuvent exécuter en passant des couteaux tranchants sur le ventre et sur d’autres parties du corps sans se blesser. Des réjouissances populaires se sont poursuivies principalement au centre-ville et dans les quartiers périphériques.
Rappel historique
Principalement, l’histoire de Gadao fait revivre l’épopée des peules Gourma qui s’installèrent vers la fin du 17ème siècle dans la chaîne des montagnes de l’Atakora pour fonder le village de Tabalo situé au nord-ouest de la commune de Sokodé et qui se sont, au fil du temps, assimilés linguistiquement aux autochtones pour former le clan Mola avant de se répandre dans la plaine pour créer les villages de Kpangalm, Tchavali, Kadambara, Kparratao, Yélivo, Brini, Dibouidè et un peu plus au nord, Kidambara et Daoudè. Gadao est la fête de ce premier grand groupe socioculturel.
Adossa, pour sa part, est la fête des couteaux concernant le second grand groupe. Elle célèbre la naissance du Prophète Mouhamed, considéré comme le dernier de la lignée prophétique du monothéisme. C’est une danse à Sokodé faite par les Touré, les Traoré, les Fofana venus de Gao (ex empire du Mali) où est elle est pratiquée. Elle est accompagnée par la danse Kosso, exécutée au même moment par les femmes qui se parent de leurs pagnes et perles pour soutenir les initiés.
Adossa-Gadao est en fin de compte, une fête de moisson, une occasion pour les populations de Tchaoudjo, en grande partie rurales, de faire le bilan d’une année agricole.
Martial Kokou KATAKA
RSS