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L’atmosphère toujours morose dans les marchés de Lomé après l’ambiance des fêtes de fin d’année

Les ménages peinent à se procurer des céréales dont les prix connaissent une augmentation exponentielle
L’atmosphère toujours morose dans les marchés de Lomé après l’ambiance des fêtes de fin d’année

Après la ferveur des fêtes de fin d’année ayant entrainé plus d’engouement dans les marchés de Lomé, le train-train habituel a repris sur fond de morosité. Les commerçants et revendeuses qui ont vu leurs chiffres d’affaires s’accroître à la faveur de Noël et du nouvel an, sont versés à nouveau dans les lamentations. Ils prient fortement que janvier, le mois de soudure, passe pour que reprennent les activités avec plus d’entrain et de visite des usagers pour favoriser l’écoulement de leurs produits. Dans les marchés de Zossimé, Assiyéyé et Totsi, des commerçants sont tous unanimes sur la cherté de vie occasionnée par la pandémie de la Covid-19 et l’augmentation des taxes de douane. Par conséquent, les rares clients qui y vont peinent à faire leurs achats, se contentant du nécessaire pour vivre.

Au marché d’Agoè-Assiyéyé, ce lundi 10 janvier. Ce n’est pas le jour du marché, mais l’affluence qui a régné la veille des fêtes de Noël et du Nouvel an a fait place à une atmosphère morose, avec des commerçants et revendeuses assis devant leur étalage dans l’expectative d’éventuels clients. Da Mablé, revendeuse de légumes et des noix de palme, qui s’affaire à mettre en place ses marchandises, confie que les recettes ont été plus ou moins bonnes avec les fêtes. Mais le constat est clair qu’après les réjouissances, il faut faire face à une période de soudure. Et le mois de janvier se révèle toujours être plus pénible pour les populations qui essaient de survivre avec le peu de moyens dont elles disposent. « Les ménages ont fait d’énormes dépenses en achetant des vivres, de la volaille, des cabris, des boissons… pour les fêtes de fin d’année. Certains se sont même endettés pour essayer d’apporter un peu de joie à leurs familles avec l’impact négatif de la pandémie sur les revenus des ménages. Du coût, les activités tournent actuellement au ralenti. Les clients qui arrivent au marché se contentent juste d’acheter le nécessaire pour les besoins de la maison », a souligné Da Mablé, qui espère qu’en février tout reviendra à la normale, pour l’amélioration du commerce. Elle exhorte aussi les autorités à faire plus pour venir à bout de la cherté de la vie.

Les clients se font rares ici au marché de Hanoukopé.

Une accalmie dans les marchés après l’engouement des fêtes

Mlle Essé, revendeuse de tomates fraîches a rendu grâce à Dieu pour avoir fait une bonne affaire pendant les fêtes, malgré le prix exorbitant des tomates sur le marché. Aux lendemains des fêtes, les activités sont au ralenti, a-t-elle constaté, malgré le fait qu’aujourd’hui la tomate commence par revenir et coûte un peu moins cher. « Si le marché n’est pas actif, cela ne veut pas dire que les populations n’ont que faire de la tomate, c’est juste parce qu’il n’y a pas d’argent pour faire les emplettes, tout a été dépensé pour les fêtes », fait-elle remarquer.

Même son de cloche du côté de maman Katia, revendeuse de légumes (laitues, carottes, haricots verts, choux, etc.) qui pense que le pouvoir d’achat de la population, qui était déjà faible, a diminué après les fêtes. La population, explique-t-elle, se contente du peu qu’elle dispose, en effectuant ses achats au jour le jour. « Du coup, on ne chôme pas et on remercie Dieu pour ça. On pense que les ménages n’ont plus d’argent et qu’avec le temps, les activités reprendront avec plus d’entrain, surtout que l’on assiste à une sorte de floraison au niveau de certains produits maraichers », a-t-elle indiqué.

Contrairement à ces produits, les produits manufacturés, les denrées alimentaires, notamment les produits vivriers connaissent une hausse exponentielle des prix. Le maïs et le sorgho, aliments de base des Togolais, sont vendus à 800 F CFA voire 850 F CFA le bol, le haricot à 1800 F CFA voire 2200 F CFA le bol. « Aujourd’hui, les prix sont si élevés, bien que les récoltes ne soient pas encore achevées. Qu’adviendra-t-il avec les mois à venir », s’interroge Dame Béatrice, grossiste au marché d’Assiyéyé.

Même la mer pourvoyeuse des produits halieutiques semble ressentir les effets de la crise économique. Les petits poissons se raréfient et coûtent de plus en plus en cher. Maman Fogan, revendeuse de petits poissons à Assiyéyé, explique que la quantité habituellement achetée au mois de janvier à 60 000 F CFA est passée, aujourd’hui, à 120 000 soit le double. Le bol est vendu à 6000 F CFA ou à 3000 F CFA selon le volume des poissons.

Dans le même temps, le gérant de l’établissement Rebecca à Totsi spécialisé dans l’alimentation générale, reconnait s’ennuyer beaucoup ces deux semaines. Selon lui, l’accalmie après les fêtes n’arrange pas vraiment les affaires. Mais, il insiste que la cherté des produits sont à la base de cette conjoncture qui impacte sérieusement les activités économiques et le quotidien des ménages qui n’arrivent plus à faire les courses, comme il se doit, mais se contentent juste du peu.

Pour Carine, revendeuse de chaussures au marché de Totsi, cette année a été « la plus méchante depuis l’apparition de la Covid-19 » en matière d’affaires. « Les chaussures en cuir des enfants qui étaient vendues à 3500FCFA sont revenues à 5000 voire 6000 F. Même les tapettes de qualité acceptable ont vu leurs prix doublés à tel point que les parents étaient obligés d’offrir des chaussures plastiques à leurs enfants pour les fêtes de fin d’année », a-t-elle compati, en invoquant la providence pour améliorer la situation.

Même le modeste marché de Zossimé ne connait pas sa ferveur habituelle. Les revendeuses se plaignent de la rareté des usagers et assistent impuissantes au pourrissement de leurs produits.

Une avance sur salaire pour réduire les effets de la hausse des prix en ce début d’année

Difficilement les ménages arrivent à se procurer les denrées de première nécessité. Les commerçants ont du mal à s’expliquer cette flambée de prix et se laissent aller aux supputations. Pour certains, c’est la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 qui a entrainé cette hausse des prix sur le marché. D’autres par contre, pensent que c’est la fermeture des frontières qui a réduit les échanges commerciaux avec l’augmentation des taxes sur les produits de première nécessité, entrainant ainsi un déséquilibre sur le marché avec une demande supérieure à l’offre. Mais, les autorités nationales travaillent d’arrache-pied et multiplient les actions pour soulager le panier de la ménagère. Dans ce sens, beaucoup de Togolais saluent la mesure du chef de l’Etat qui a instruit le gouvernement à accorder aux fonctionnaires des secteurs publics, parapublics et aux retraités une avance d’un mois de salaire remboursable par tranches mensuelles jusqu’en décembre 2022. Mais, le constat est que malgré des actions de contrôle des prix menées récemment par les autorités, rien ne semble pour l’instant bouger. La flambée des prix est maintenue et il va falloir trouver d’autres stratégies pour contrer ce mal qui saigne la bourse des citoyens.

Patouani BATCHAMLA

 

 

 

 

 

 

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