Une délégation des représentantes pays des femmes parlementaires, conduite par le directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ONU Femmes, Dr Maxime Houinato, a eu des échanges, au siège du parlement de la CEDEAO à Abuja (Nigéria), avec la présidente dudit Parlement, l’honorable Hadja Mémounatou Ibrahima. Ces échanges ont débouché sur la signature d’un protocole de partenariat relatif à l’engagement stratégique qui existe entre ONU Femmes et la CEDEAO.
Au sortir de la rencontre, Dr Maxime Houinatoa fait savoir que sa délégation a exploré avec la présidente du Parlement de la CEDEAO, Mme Hadja Mémounatou Ibrahima,le partenariat qui unit les deux institutions. « Comme vous le savez, c’est l’agence des nations Unies qui s’occupe de la promotion et de l’autonomisation des femmes. Dans le cadre de notre partenariat avec la CEDEAO, nous avons exploré avec la présidente, qui est d’ailleurs originaire du Togo, et des femmes parlementaires de la CEDEAO, les voies et moyens pour promouvoir la participation des femmes à la vie politique dans leurs pays respectifs, en particulier, et au sein de l’espace communautaire, en général », a indiqué Dr Maxime Houinato.
Selon lui, de plus en plus d’actions de violence empêchent l’accès des femmes au débat politique dans leur pays, malgré les efforts que les gouvernements et les parlements nationaux font pour faciliter cette participation effective. « Il y a des difficultés qui relèvent du contexte social dans lequel nous sommes, notamment les traditions, la religion, etc. Mais aussi, des difficultés engendrées par des hommes politiques qui rendent la vie difficile aux femmes qui osent se porter candidates à différentes positions », a-t-il fait observer. A cet effet, il évoqué le témoignage de femmes au Nigeria et en Côte d’Ivoire, qui rapportent les menaces, voire des attaques dont elles ont été victimes, alors que les femmes ont eu à célébrer les hommes qui font des efforts (présidents de la République, ministres, Sénateurs) pour favoriser l’augmentation du nombre de femmes au Parlement. « J’ai parlé du Libéria, du Togo et du Bénin où, sur la base des élections passées, on a vu qu’il y a un nombre un peu plus élevé de femmes élues au parlement », a-t-il convenu, citant d’autres exemples très révélateurs au Rwanda et au Sénégal. Ces pays ont voté des lois pour imposer, soit la parité, soit le quota. En effet, la CEDEAO encourage tous les Etats à suivre cet exemple, afin qu’un minimum de 30 % de femmes puissent constituer l’effectif de tous les parlements de la région.
Utiliser toute la sagesse et le savoir-faire des femmes pour avancer pas à pas
Pour sa part, la présidente du parlement de la CEDEAO, Mme Mémounatou Ibrahima, a fait noter que la violence n’est pas seulement synonyme de coups de poing que les hommes donnent aux femmes, mais bien au-delà. « C’est des violences morales, psychologiques, économiques et politiques, dont il est également question, des aspects sur lesquels nous devons vraiment nous appesantir », a-t-elle mentionné. Aussi a-t-elle insisté sur la nécessité de toujours encourager les dirigeants qui font des efforts, pour qu’on puisse reconnaître la contribution des femmes dans les sphères décisionnelles des pays, ce qui peut servir d’émulation pour les autres dirigeants à aller dans le même sens. « Je voudrais aussi dire que ce n’est pas par la force que nous allons obtenir ce que nous voulons. Nous devons utiliser toute notre sagesse et le savoir-faire des femmes pour avancer pas à pas. Lorsqu’on parle de parité 50%, personnellement, je me dis, faisons attention. Faisons en sorte d’obtenir d’abord les 30% dans tous les pays et ensuite nous avancerons. Parce que, lorsque vous dites 50 %, beaucoup d’hommes se braquent. J’espère que nous aurons le temps d’aller en profondeur et je vous promets quand même que durant cette session, nous signerons le document. Merci d’être venus nous voir et merci pour tout ce que vous faites dans vos pays pour la promotion du genre », a-t-elle clarifié.
Au-delà, la présidente du parlement de la CEDEAO a promis que des échanges plus élargies vont impliquer toutes les femmes parlementaires de la sous-région, afin qu’elles se sentent prises en compte par son programme d’actions. Elle a salué la démarche de ONU femmes, dont les cinq piliers d’intervention s’intègrent aux programmes des Etats, en matière de la promotion des femmes et de la jeune fille.
En effet, ONU Femmes intervient et met l’accent sur cinq domaines prioritaires : le renforcement du leadership des femmes et leur participation ; la lutte contre les violences à l’égard des femmes ; l’intégration des femmes dans tous les aspects des processus de paix et de sécurité ; le renforcement de l’autonomisation économique des femmes ; la lutte pour l’égalité des sexes dans les processus de planification et de budgétisation au niveau national.
L’organisation soutient les Etats membres des Nations Unies dans l’adoption de normes internationales pour parvenir à l’égalité des sexes. Elle travaille avec les gouvernements et la société civile à concevoir des lois, politiques, programmes et veille à l’application effective de ces normes.
Martial Kokou KATAKA
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