Chercheurs, universitaires et experts du monde socio-économique sont, depuis le 14 novembre 2022, à l’Université de Lomé dans le cadre du 3e colloque international de « littérature et paix » sur le Thème « l’intégration, la libre circulation des personnes et des biens et les défis contemporains de paix durable dans l’espace CEDEAO ». Ce cadre de réflexion de trois jours, porte son attention sur la culture, la gestion et l’anticipation des causes d’insécurité, des racines de la pauvreté, du chômage, des conflits inter et intra-genre, afin de proposer des approches de solutions aux projets-solutions initiés contre les différents phénomènes qui gangrènent le monde actuel.
Le colloque international « littérature et paix » ouvert, hier à l’Université de Lomé, est une initiative de ce temple du savoir, organisé à travers son Laboratoire de Recherche, en Langue, Littérature, Culture et Civilisation Anglophone (LaReLLiCCA). Des universitaires et non universitaires venus des pays de la CEDEAO vont chercher à mettre en exergue les phénomènes d’intégration, de la libre circulation des personnes et des biens, le tout en lien avec les défis contemporains de paix et les devoirs que les citoyens doivent accomplir pour la paix durable dans les sociétés actuelles. L’assise qui vise à porter des regards croisés sur la paix dans l’espace CEDEAO, renvoie aux conditions, faits et gestes favorables à l’intégration, à l’harmonie sociale, aux échanges interpersonnels, interinstitutionnels et inter-Etats, à la lutte contre la pauvreté, à la libre circulation des personnes et des biens, sans compromettre la sécurité, la dignité humaine, la santé (humaine et animale) et l’environnement. Pour y parvenir, le colloque a prévu 136 communications, qui vont aider à comprendre la responsabilité individuelle et collective, directe ou indirecte dans le fonctionnement des sociétés africaines.
Repenser et analyser la cohésion sociale
En ouvrant les travaux, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Pr Majesté Ihou Wateba, a fait comprendre que ce colloque « fait l’anatomie des mécanismes de paix durable qui capitalise sur quatre fondamentaux : le savoir, le savoir-faire, et le savoir-être qui se retrouvent, en phase terminale de la chaîne, dans “le savoir-agir”. Le savoir-agir est cause d’efficacité, de consolidation et de pérennité des relations qualitatives et de paix dans la cité ». De son point de vue, l’ambition est de repenser et d’analyser la cohésion sociale, la paix locale et régionale, à travers les différents mécanismes mis en place dans la CEDEAO. Car « les aspects tels que “l’intégration”, “la libre circulation des personnes et des biens” et “les défis contemporains de paix durable” sont des produits du “savoir-agir” qui érige et accompagne la culture citoyenne qualitative ». Pour lui, les parties prenantes, sont appelées à décrypter « l’intelligence » de l’intégration, c’est-à-dire « à expliquer l’anatomie et le fonctionnement des stratégies créées ou à créer pour maintenir la coopération agissante entre les peuples ». Il s’agit de promouvoir la raison d’être de la culture de l’entente axée sur la mutualisation des énergies et des valeurs qui mettent chaque personne, Etat et institution des pays au cœur des préoccupations de l’ensemble. « Il en est de même pour la libre circulation des personnes et des biens où il urge de penser et de rénover les paradigmes pour que les échanges entre les peuples ne soient pas porteurs des germes de méfiance…. L’hypothèse qui nourrit notre pensée est que si l’intégration, la circulation des personnes et des biens sont bien pensées, il sera plus aisé de démolir les défis d’insécurité causés par la pauvreté et l’extrémisme violent », a souligné le ministre.
Les pistes de réflexion à envisager
Au nom du président de l’UL, Pr Essohanam Batchana, pour sa part, a posé quelques pistes de réflexion, en rappelant le contexte de l’Afrique de l’Ouest, qui est confrontée à des défis majeurs de sécurité, depuis quelques années. « Si hier, c’étaient les guerres civiles, la sécheresse, les migrations, aujourd’hui, la question de l’intégration, de la libre circulation des biens et des personnes en Afrique de l’Ouest, est un problème majeur. Le débat est là : comment procéder à la libre circulation des personnes et des biens dans une zone fortement perturbée, où les défis sont ceux communautaires et à fort taux identitaire ? Comment penser à une paix durable dans une zone où les communautés se regardent en science de prêt ? Comment penser à une paix durable et à un développement lorsque les zones côtières, pour ne pas dire frontalières, qui devraient être source de développement sont plutôt source de conflits ? Comment imaginer une Afrique de l’Ouest paisible dans des conditions où à l’intérieur même du pays, l’ensemble des communautés qui y vivent, ne sont pas toujours motivées par des régimes de paix ? Voilà autant de préoccupations qui feront l’objet de débats », a-t-il fait noter. A cet égard, il appelle les enseignants chercheurs, à sortir des recherches théoriques pour aller vers les recherches actions, de sorte que les fruits de leur réflexion puissent servir à la communauté nationale et internationale.
Dans ce sens, le président de l’Union des Ressortissants de la CEDEAO, M. Amadou Oury Bah, s’est dit d’avis que « les actions sont plus efficaces quand elles sont soutenues par les résultats de la recherche. C’est pourquoi, nous encourageons le LaReLLiCCA dans la recherche de la paix durable au Togo et dans l’espace CEDEAO à travers les résultats des recherches et l’expérience de terrain ».
Auparavant, le président du Comité d’organisation, Pr Ataféï Pewessi, avait souligné l’importance de la recherche universitaire, qui se mesure par rapport aux défis que lui offrent son temps et la capacité des acteurs à anticiper sur des potentiels problèmes déclinés sous forme d’axes de recherche pour le développement. Ainsi, l’un des grands axes de recherche de l’UL est « l’édification de la paix sociale ». Ce à quoi s’attèle le LaReLLiCCA), en vue d’aider à relever les défis de la cohésion sociale au plan national et sous-régional.
Bernardin ADJOSSE
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