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Enseignement supérieur: Quid du système LMD?

Enseignement supérieur: Quid du système LMD?

L’adoption du système Licence-Master-Doctorat est motivée par le souci de moderniser la formation classique en vigueur depuis plusieurs décennies et dont les résultats n’étaient plus satisfaisants en termes de diplômés et d’insertion professionnelle.
Suite au processus de Bologne en Europe, cette initiative a été confortée en 2008 par une directive de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et par décret présidentiel n°2008–066/PR du 21 juillet 2008 instituant le système Licence-Master-Doctorat (LMD) dans l’enseignement supérieur au Togo, conformément aux standards du Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO) dont font partie les universités publiques du Togo.
La réforme vise, entre autres, à harmoniser les offres de formation, à favoriser la mobilité des étudiants et des enseignants, à encourager la création des filières professionnelles, à veiller à une plus grande adéquation entre l’emploi et la formation professionnalisante.

En clair, assurer l’efficacité interne et externe du système.
En d’autres termes, l’une des motivations majeures de la réforme LMD est la professionnalisation d’une grande part des formations. Ce qui suppose d’orienter lesdites formations sur les projets professionnels des apprenants par la définition :
– des objectifs et des activités d’apprentissage en termes de compétences ;
– des contenus de la formation en adéquation avec le marché de l’emploi ;
– de la professionnalisation en lien étroit avec l’auto-création d’emploi ;
– d’un schéma de professionnalisation prenant en compte la logique des projets tutoriaux, l’alternance entreprise-université, l’évaluation des stages en crédits capitalisables, etc.
Il a fallu poser autrement cette question de la professionnalisation. En effet, l’étudiant qui a le plus de chance face aux exigences de l’emploi, qui a des qualités d’employabilité, n’est pas celui qui présente seulement des compétences professionnelles dans tel ou tel domaine, mais celui qui possède la capacité de s’orienter dans un vaste marché, de se mettre en valeur, de compléter sa formation initiale en fonction de ce qu’il découvre dans l’espace où il vit.
Bilan du système LMD ?
En attendant de mieux appréhender l’esprit de ce système, il est trop tôt pour faire un bilan réel du processus par rapport à toutes les attentes de la réforme. En un mot, c’est un bilan mitigé à cette étape de l’application du système, car il va progressivement s’améliorer au fil du temps. C’est dire qu’avec des multiples campagnes de sensibilisation et des séminaires, ce bilan reste aujourd’hui largement positif dans les deux universités publiques du Togo quand bien même beaucoup reste à faire.
Principales difficultés rencontrées
S’agissant des principales difficultés du système LMD, elles sont fondamentalement de quatre ordres : l’adhésion au processus, l’application de standards communs, le problème des moyens et les questions de gouvernance.
La résistance au changement constitue une des premières sources de difficultés de la réforme. Ainsi, l’amalgame entre les problèmes liés à la réforme et ceux générés par un système universitaire à la recherche des moyens de ses actions a été constant. Une évaluation interne effectuée récemment a relevé des problèmes permanents, notamment l’insuffisance de locaux, d’équipements, de ressources humaines et du taux d’encadrement.

 Avantage comparatif de cette réforme par rapport au système classique
Avec le système LMD, la formation connaît un changement total dans sa structuration, dans sa mise en œuvre et dans sa certification. Désormais, il faut mettre l’accent sur l’adéquation entre la formation et les besoins du travail, la souplesse du parcours de formation, la mobilité des enseignants et des étudiants conformément à la Convention d’Arusha de 1981, une possibilité de comparer les études, les diplômes et autres titres de l’enseignement supérieur.
Définition des concepts
La réforme LMD désigne un ensemble de mesures modifiant le système d’enseignement supérieur conformément aux standards du CAMES. Elle met en place principalement une architecture basée sur trois grades : licence, master et doctorat ; une organisation des enseignements en semestres et unités d’enseignement ; la mise en œuvre des crédits et la délivrance d’une annexe descriptive du diplôme.
En clair, les études sont désormais organisées en semestres et non plus par année académique : une licence s’obtient en six semestres, un master en quatre semestres et un doctorat en six semestres. Chacun de ces semestres est constitué d’unités d’enseignement (UE) auxquelles est affecté un certain nombre de crédits. Un crédit représente un certain volume d’heures de cours, de travail personnel, de stages, etc. Un semestre permet d’acquérir 30 crédits, et pour obtenir une licence, il faut valider 180 crédits, un master, il faut valider 120 crédits, un doctorat, il faut valider 180 crédits. Les crédits sont capitalisables à vie et transférables d’une université à une autre. Ces mécanismes favorisent la mobilité des étudiants.
 Pourquoi le système LMD n’a pas été rendu obligatoire aux établissements privés du supérieur ?
Ces reformes s’étendent également aux établissements privés d’enseignement supérieur qui doivent solliciter une autorisation d’ouverture et un agrément leur permettant d’exercer légalement leurs activités pédagogiques. Ils doivent, pour ce faire, appliquer le référentiel national établi au regard de celui du CAMES. Plusieurs mesures sont prises dans ce sens. En témoignent la rencontre sur le cahier de charges pour les demandes de création, d’ouverture, d’habilitation et d’agrément des établissements privés d’enseignement supérieur au Togo tenue le 11 octobre 2013 à Lomé, la réunion de présentation du référentiel relatif à l’ouverture et au fonctionnement des établissements privés d’enseignement supérieur au Togo tenue le 21 octobre 2013 à l’auditorium de l’Université de Lomé. Un décret portant réglementation de l’enseignement supérieur privé va régler le problème.
Les piliers sur lesquels il faut agir pour que les orientations contribuent à la qualité de l’enseignement supérieur au Togo
Pour que les orientations contribuent à la qualité de l’enseignement supérieur, il faut agir sur cinq principaux piliers :
– continuer à former les enseignants chercheurs (pour un meilleur encadrement des étudiants) et le personnel administratif ;
– poursuivre des réflexions sur les ateliers portant sur les montages des filières professionnalisantes et diversifier les filières de formations porteuses ;
– investi dans l’équipement et les infrastructures notamment, les laboratoires et les Technologies de l’Information et de la Communication en Education (TICE) ;
– créer une agence d’assurance qualité externe.
– Améliorer sensiblement la gouvernance des universités.

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