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A l’Assemblée Générale des Nations Unies :  Le ministre Dussey porte le message d’un Togo qui « s’oppose à la guerre »

Le ministre Prof. Robert Dussey à la Tribune de l'ONU
A l’Assemblée Générale des Nations Unies :  Le ministre Dussey porte le message d’un Togo qui « s’oppose à la guerre »

La 78e Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies se tient, depuis le 19 septembre 2023, à New York, sous le thème « Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action menée pour réaliser le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tous ».

Pour l’occasion, le Togo est représenté par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey. Dans un discours émouvant prononcé, jeudi 21 septembre 2023, il a relevé que le continent africain fait face à une vulnérabilité multisectorielle, due au faible niveau de développement, aux effets du changement climatique, à la perturbation des chaines d’approvisionnement alimentaires mondiale, à la récurrence des conflits armés, au terrorisme international qui menace la paix et la stabilité internationales.

 

Les pays membres de l’Organisation des Nations Unies sont réunis, depuis le 19 septembre dernier, en Assemblée générale, au siège de l’institution à New York aux Etats Unis. Le Togo prend part aux travaux à travers une délégation conduite par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey.

Dans un message délivré, le 22 septembre 2023, le ministre a rappelé le thème qui traduit avec clarté et incontestablement l’état non viable, perturbé et instable du monde, mais aussi la détermination à faire les choses en mieux. L’émergence de nouveaux foyers de tensions dans le monde doit interpeller dans un monde profondément malade qui appelle à un niveau de responsabilité élevé et à plus d’engagements, pour faire face à la hauteur de l’ampleur des défis. « Je viens du Togo et d’un continent aujourd’hui très éprouvé, … blessée et meurtrie », s’est-il indigné. Selon le ministre, l’Afrique fait face à une vulnérabilité multisectorielle due à plusieurs maux dont le terrorisme qui s’est développé de façon inquiétante, ces dernières années au Sahel, dans la région de la Corne de l’Afrique, en Afrique australe. Face à cette situation le continent risque de devenir un sanctuaire du terrorisme international et le maillon le plus faible du système sécuritaire mondial avec les Etats de la côte du Golfe de Guinée longtemps épargnés et qui ont commencé par payer un lourd tribut. Pour répondre efficacement à cette menace, le Togo a pris des mesures innovantes et multisectorielles contenues dans son document de stratégie de lutte contre l’extrémisme violent adopté, le 05 juillet 2022, a dit le ministre. Et face aux nombreuses situations de vulnérabilité et crises qui frappent l’Afrique, le gouvernement togolais œuvre, au plan national, à faire progresser l’agenda de développement et à réaliser un ensemble de projets prioritaires aux retombées économiquement, socialement et structurellement épanouissantes pour les populations. De l’avis du ministre Dussey, la mise en place d’une Couverture Santé Universelle, la souveraineté alimentaire, l’inclusion socioéconomique, le travail décent pour l’épanouissement de tous et une prospérité partagée restent les chantiers prioritaires de l’action gouvernementale

Le Togo engagé dans la protection de l’environnement

« Les efforts du gouvernement visant à faire du Togo un pays ouvert au monde se poursuivent. Il nous tient à cœur de renforcer la stabilité économique, sociale et démocratique qui concourent à l’attrait des investisseurs et qui garantissent la place du Togo en tant que destination privilégiée. Les actions multiformes que nous menons s’arriment aux engagements onusiens et africains des agendas 2030 et 2063 et s’inscrivent dans la quête commune d’un développement durable partagé par tous les membres des nations unies. Dans ce programme, une place de choix est accordée à la protection et à la préservation de l’environnement. Il s’agit là de la traduction, dans les faits, de la détermination du Togo à s’unir à l’effort international en matière de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, a-t-il souligné. Il a indiqué que les actions menées touchent la gestion et la protection durable des écosystèmes marins et côtiers, la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non règlementée et la promotion de l’économie bleue. « Dans le domaine des énergies renouvelables, des partenariats stratégiques et diversifiés ont été noués pour la fourniture des services fiables modernes et à moindre coût en milieu rural. Ainsi, le fonds d’accès à l’électricité pour tous dénommé « fonds Tinga » a été créé avec pour ambition de permettre au Togo de garantir, à l’horizon 2030, un accès universel à des services énergétiques fiables, durables, modernes … A travers le projet Cizo, des kits d’énergie solaire sont fournis aux populations rurales vulnérables sur toute l’étendue du territoire nationale, tandis que le Gouvernement poursuit inlassablement l’installation de centrales photovoltaïques et de mini centrales solaires », a-t-il précisé.

Par ailleurs, le ministre Dussey a salué les engagements pris et annonces faites lors de la COP 27, notamment la création d’un fonds spécifique sur le financement des pertes et préjudices au profit des pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. Selon lui, c’est une avancée majeure dans le cadre de la justice climatique tant exigée par les pays en développement. Toutefois, beaucoup d’efforts doivent être consentis en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation des énergies fossiles, entre autres. Il a émis le vœu que la COP 28, prévue à Dubaï en novembre prochain, puisse constater les évolutions significatives dans la mise en œuvre des engagements.

Le Togo soutient les efforts de paix en Afrique

Le ministre Dussey a fait comprendre que le Togo soutient les efforts de paix en Afrique. Pour lui, le terrorisme et l’instabilité sont un problème de sécurité internationale et ils doivent être traités comme tels par les Nations Unies. Ainsi, « notre région ouest-africaine, où plusieurs Etats sont en transition dans un contexte sécuritaire volatile, doit être soutenue dans un élan de solidarité active. Nous devons investir plus dans la paix que dans la guerre. Si les protagonistes des différents conflits dans le monde nous écoutent, je voudrais leur dire que la guerre est une négation de la dignité de la personne humaine. Emmanuel Kant, ce grand philosophe des lumières disait : Si les décideurs de la guerre pouvaient envoyer leurs propres enfants au front, jamais il n’y aurait la guerre. Le Togo est un pays de paix et le Togo s’oppose à la guerre, quelles que soient ses raisons… Le Togo a toujours été un pays de médiation qui favorise le dialogue, la négociation et l’entente entre les peuples et les gouvernements. Le 06 janvier passé, 49 soldats ivoiriens ont été libérés grâce à la médiation du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, mettant fin à la tension entre les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Mali. Le Togo a accueilli sur sa terre les différents pourparlers de paix sur le Tchad (1982), la Sierra Léone (1991), le Libéria, la Côte d’Ivoire (2000), etc. … Nous appelons à la désescalade et à la cessation des hostilités dans les différents foyers de tension dans le monde et, en particulier, en Afrique de l’Ouest. L’Afrique a trop souffert de la guerre et un minimum de sens de responsabilité doit nous convaincre à investir dans la prévention et la résolution pacifique des conflits », a fait valoir le ministre. Et le Togo est conscient de l’importance de la paix et de la sécurité pour un développement durable et inclusif. C’est pourquoi, le pays en a fait des axes principaux de sa politique de développement.

Face aux régimes de transition, repenser nos systèmes de gouvernance

Dans ce sens, le Togo a abrité, en juillet 2023, un dialogue consultatif et de concertation entre les leaders politiques et militaires du Darfour, en vue d’apporter sa contribution à la résolution du conflit soudanais. Ces consultations ont permis d’obtenir un compromis pour mettre fin aux violences et créer un couloir humanitaire.  « Ces derniers temps sont tout aussi marqués, en Afrique de l’Ouest et au Sahel, par des dévolutions inconstitutionnelles du pouvoir avec l’instauration de régimes de transition, dont la réapparition, au-delà des interrogations qu’elles suscitent, nous font obligation de repenser nos systèmes de gouvernance. Ces questions et bien d’autres seront examinées à l’occasion du Lomé Peace and Security Forum », dont la première édition est prévue, les 21 et 22 octobre 2023. L’objectif étant d’examiner comment développer des stratégies pour relever les défis des transitions politiques de manière coordonnée, pertinente et efficace. Il a expliqué que face aux crises politiques et sécuritaires, le Togo et certains pays ont décidé, en mai 2023, de créer l’Alliance Politique Africaine (APA) qui se veut un cadre de concertation, de dialogue politique et d’actions communes fondé sur les liens historiques de fraternité et les principes d’égalité souveraine des Etats, d’indépendance, d’interdépendance et d’unité d’actions. Sur d’autres aspects, Pr Dussey estime que « l’Afrique ne peut plus rester en marge de l’instance à laquelle il revient d’assurer la paix et la sécurité internationales. Le Conseil de sécurité ne peut plus demeurer une simple affaire des vainqueurs et leurs alliés du deuxième conflit mondial. Rien ne peut plus justifier le maintien du statut quo. La structuration idéologique et institutionnelle du monde d’après-guerre est désormais obsolète. Nous sommes à une nouvelle ère des relations de l’Afrique et du Sud global avec le monde et l’Afrique n’entend plus, dans la nouvelle dynamique, rester dans l’ombre d’une quelconque grande puissance ».

De l’avis du ministre Dussey, la question de la réforme de l’architecture multilatérale mondiale préoccupe l’Afrique au point qu’elle sera au cœur du 9e Congrès Panafricain de 2024 prévu à Lomé. Dans l’élan panafricain, et conformément aux nobles objectifs des pères des indépendances, les Africains réclament et entendent porter leurs propres voix et ceci, de façon souveraine, libre et indépendante sur la scène internationale. Pour Pr Dussey, les rivalités entre les grandes puissances ne doivent pas être d’emblée celles africaines et le grand défi, pour les nations africaines, est de ne pas prendre part à des rivalités qui ne sont pas les leurs. De ce fait, le Togo veut « un système international réformé fondé sur des valeurs et des principes respectueux du droit des peuples… L’Afrique a besoin d’un partenariat respectueux de la stricte dignité de chacun. Nous voulons être vos partenaires et non vos sujets. Nous voulons servir nos peuples et non servir des intérêts étrangers ». Une nouvelle dynamique qui est « l’expression d’une Afrique nouvelle, d’une Afrique africaine, africanophone, celle qui se veut libre, souveraine, indépendante, maître d’elle-même », selon ses mots.

Clémentine PANASSA

 

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