Culture / Tradition

Odon Itsu célébrée à Morétan sous le sceau du patrimoine culturel, socle de l’union et la paix

Une phase de la sortie des divinités
Odon Itsu célébrée à Morétan sous le sceau du patrimoine culturel, socle de l’union et la paix

La 51e édition de la fête traditionnelle Odon Itsu a été célébrée, le samedi 3 août 2024 à Morétan, chef-lieu de la commune Est-Mono 2, premier du genre d’une dynamique tournante entre les trois préfectures (Est-Mono, Anié et Ogou) du Grand Ogou. Cette fête des prémices d’ignames est d’abord une action de grâce rendue aux esprits divins auxquels la terre doit la paix et la fécondité, puis un moment de partage, de réjouissance, de pardon, de réconciliation et de cohésion sociale. La célébration, marquée par des cérémonies rituelles et traditionnelles, des prestations de chants, danses et dégustation de la nouvelle igname, s’est déroulée en présence du ministre des Transports routiers, aériens et ferroviaires, M. Affoh Atcha-Dédji, représentant le chef de l’Etat.

Le ministre Affoh Atcha-Dédji transmettant le message du chef de l’Etat à la population du Grand Ogou

Les natifs du Grand Ogou (Est-Mono, Anié et Ogou) ont fêté Odon Itsu, leur fête traditionnelle, une occasion de retrouvailles célébrant la nouvelle igname. Etaient présents à ce rendez-vous annuel des membres du gouvernement notamment, Yawa Kouigan de la Communication, Kokou Hodin des Enseignements techniques, des membres du corps diplomatique, des autorités administratives, militaires, religieuses, locales, ainsi que plusieurs autres invités. Placée sous le thème « Ensemble pour notre prestigieux patrimoine culturel, socle de l’union et la paix et du développement du grand Ogou », cette fête des ignames, au-delà des aspects cérémoniels, a un impact significatif sur la vie des populations de la localité. Les visiteurs ont afflué de toute la région et de la diaspora, pour participer à la célébration qui contribue à renforcer le tissu social de la communauté et par ricochet, booster l’économie locale.

M. Allagbé Bayedze expliquant la nécessité de faire de Odon Itsu une dynamique tournante dans les trois préfectures.

D’une double importance, Odon Itsu donne le ton pour la consommation des nouvelles récoltes, en occurrence l’igname, tout en offrant l’occasion de découvrir les valeurs traditionnelles, artistiques, culturelles et culinaires du grand Ogou. Pour les fils et filles du milieu, cette célébration a été et demeure toujours une occasion de se ressourcer et de s’enrichir davantage de leur patrimoine culturel et historique, un rendez-vous de réflexion et de recherche de solutions aux problèmes qui minent la région. Ceci, afin de nourrir des projets innovants, inclusifs et susceptibles de créer des emplois décents à la population, en général, et à la jeunesse du Grand Ogou, en particulier. Dans les perspectives du développement de la culture dans la Région des Plateaux-Est, une rotation s’impose positivement aux natifs des trois préfectures (Est-Mono, Anié et Ogou), dont l’Est-Mono a fait l’expérience, cette année.

Des chefs traditionnels présents à cette apothéose de Odon Itsu 2024.

Pour l’occasion, l’assistance a pu apprécier de nombreuses danses des masques en costumes traditionnels, liées à la culture vaudou, dont la danse de la guerre faite par les femmes, mais aussi celle des échassiers (Tchébé). L’ambiance a été également marquée par d’autres démonstrations traditionnelles et le passage de plusieurs groupes folkloriques, notamment Guêledè, Agbadja, Kpokpo, Djikpo, Akoto. Une expression des richesses culturelles des communautés du Grand Ogou et une manière de revisiter le passé. La prière du chef spirituel a donné le ton à la dégustation sur place de la nouvelle igname.

Dégustation de la nouvelle igname par les officiels au 1er rang desquels, le ministre Affoh Atcha-Dédji (2e de la droite).

Valorisation et préservation du patrimoine culturel

Pour le représentant du président de la République, le ministre Affoh Atcha-Dédji, la célébration d’Odon Itsu 2024 marque le départ d’une volonté d’intégration et d’inclusion des populations de l’un des principaux greniers des produits agricoles de la Région des Plateaux. Selon lui, l’événement définit un temps de joie et d’allégresse dédié à l’igname après de durs labeurs des braves paysans. Il vise, en outre, à célébrer les prémices de la récolte de ce noble tubercule nourricier qu’est l’igname, tout en s’inscrivant parfaitement dans la préservation et la valorisation du riche patrimoine culturel du pays, a précisé le ministre. Il a appelé la population à maintenir ce climat de rapprochement, de partage et du vivre-ensemble, qui a toujours prévalu entre les populations du Grand Ogou et les autres communautés.

Autorités locales à ce rendez-vous à Morétan.

Faisant cas du fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent qui trouve son fondement dans le rejet de l’autre et face auquel aucun développement n’est possible, M. Atcha-Dédji a exhorté les Togolais à s’unir. Ceci, dans le but d’œuvrer, de manière solidaire, pour le développement endogène des communautés à la base. Il a rappelé les réalisations opérées par le chef de l’Etat, notamment, des infrastructures socio-économiques susceptibles d’enclencher un véritable développement à la base. Comme plusieurs autres projets exécutés dans le Grand Ogou, le ministre a fait cas de l’électrification des sept cantons de Morétan, de la construction de sept ponts, de la transformation de plusieurs collèges d’enseignement général d’initiative locale. « Aujourd’hui, l’eau n’est plus une denrée rare dans la localité et des unités de soins périphériques sont en cours de réalisation », a indiqué le ministre.

Les ministres Kokou Hodin et Yawa Kouigan (2e et 3e de la gauche étaient présents à cette célébration.

Origines de la fête de l’igname dans le Grand Ogou

Odon Itsu, qui réunit tous les natifs du Grand Ogou autour d’un même objectif, puise ses origines dans l’historique exode des grands parents Ifè, Hodou, Fon et Adja, qui pratiquaient la chasse et l’agriculture pour leur survie, pendant leur migration précoloniale. La fin du trajet frappée par une extrême famine, les avait condamnés à se satisfaire des tubercules sauvages qui, malheureusement, étaient un manteau d’au- revoir pour la plupart avant d’accéder à la variété salvatrice appelée « larboko » qui signifie tout simplement, « reproduction et rendement avec aisance ». C’est donc pendant ce temps, que les ancêtres vont dédicacer les prémices, d’abord aux aïeux qui ont trouvé la mort en mangeant l’igname sauvage, puis aux divinités et à la terre généreuse, avant qu’eux-mêmes ne goûtent à la nouvelle igname, a expliqué le président du comité d’organisation de Odon Itsu 2024, M. Bayedze Allagbe. Selon lui, la célébration de l’igname dans l’Ogou remonte, en 1973, où feu Gal Gnassingbé Eyadèma dans sa politique de rassemblement et de préservation des bonnes pratiques et mœurs ancestrales, avait instruit son gouvernement d’identifier les peuples qui se regroupaient en grand nombre autour des pratiques endogènes. « Et c’est ce qui fut fait chez les Ifè, Hodou, Fon et chez les Adja où, c’est l’igname, l’aliment historique, qui a été retenue », a confié, M. Allagbé.

La danse tchébé exécutée par les échassiers.

Pour sa part, le régent du canton de Morétan, Kokou Dzango, a exprimé ses félicitations au chef de l’Etat pour son attachement aux différentes expressions culturelles du terroir, en général et, en particulier, aux cultures ancestrales du Grand Ogou. Il a invité les populations de Morétan à préserver ces valeurs, tout en cultivant la paix, le pardon, la tolérance et le vivre-ensemble. Avant cette apothéose, plusieurs activités ont été menées dans le cadre de cette fête, entre autres, la mise en terre des plants, des conférences-débats, des opérations de salubrité, des offices religieux. Rendez-vous est pris à Anié en 2025.

Bernadette A. GNAMSOU

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