Environnement

Usage efficient des poubelles publiques : De la nécessité de sensibiliser les usagers pour une meilleure gestion

Une poubelle publique mal utilisée
Usage efficient des poubelles publiques : De la nécessité de sensibiliser les usagers pour une meilleure gestion

Le Togo s’est engagée à relever les défis liés à l’insalubrité urbaine, notamment dans la ville de Lomé, la capitale, où ont été installées des poubelles publiques, tout au long de certaines rues, de la plage, dans les marchés et autres lieux. Destinées à y jeter les déchets de passagers et autres. Ces poubelles sont souvent mal exploitées par les passants et riverains qui feignent d’ignorer leur importance, en matière de l’assainissement urbain, de la santé publique et de la lutte contre certaines maladies. Considérées souvent comme des fourre-tout, leur exploitation laisse à désirer. Et si rien n’est fait, elles ne pourront pas contribuer à atteindre efficacement leur objectif principal, celui de participer à débarrasser Lomé de ces ordures ambulantes. La sensibilisation permanente doit donc accompagner leur implantation, afin de mieux les gérer pour permettre aux habitants de la capitale de vivre dans un environnement sain.

A Lomé, la municipalité et certaines organisations non gouvernementales s’évertuent à installer des poubelles publiques pour faire face à d’énormes défis liés à l’assainissement de la capitale qui est en extension sans cesse croissante. En dehors des défis majeurs posés par le drainage des eaux pluviales, la gestion des déchets solides posent d’énormes difficultés à la ville de Lomé où on estime que près de 300 000 tonnes de détritus ménagers sont produits chaque année. Cette production, potentiellement porteur de maladies dangereuses à la santé publique, se doit d’être accompagnée par des mesures idoines de sa gestion. Dans ce contexte, l’installation des poubelles, dans les marchés, places publiques, le long de certaines rues, de la plage… reste un acte salutaire dans le sens de la résolution des difficultés liées aux déchets provenant des ménages, des balayages, des marchés, des commerces, des administrations, des artisans, consommateurs, passagers, etc. Il s’agit de créer les conditions pour que les Togolais puissent vivre paisiblement dans une salubrité pérenne, susceptible de faciliter la venue des investisseurs et de faire de la capitale une vitrine répondant à ses ambitions d’être un hub logistique. De ce fait, ces poubelles devraient inviter la population à un bon usage, en évitant la pollution au sein de la ville et sur la plage.
Constat de mauvais usage
Pour les promoteurs de ces poubelles, les déchets récupérés allaient donc être introduits dans un circuit de valorisation. Ce qui sous-entend qu’on ne devrait pas y mettre de n’importe quoi. Mais force est de constater que la population en fait un mauvais usage. D’énormes efforts restent encore à fournir pour faire de l’utilisation de ces décharges publiques un acquis pour tous au Togo. Un tour effectuer dans les marchés d’Agoe-Assiyéyé, de Cacaveli, d’Adawlato, le long de l’océan laisse dégager un constat mitigé.
Si pour beaucoup de gens les poubelles publiques jouent un rôle très important dans les meilleurs pratiques pour la préservation de l’environnement et du cadre de vie et de travail, d’autres, en revanche, semblent inconscients. Ces derniers fourrent ces décharges de déchets qui devraient être détruits à domicile. Ainsi, on a pu constater, dans ces dépotoirs, des peaux de noix de coco, des habits déchirés, des morceaux de pagnes, des restes de nourritures et de marchandises périssables. Pire encore, il y a des cas où l’on y retrouve des emballages d’excréments humains. Ce qui ne favorise pas le travail de recyclage et de valorisation pour les agents de collecte, souvent exposés aux risques sanitaires de tous genres. D’autres encore plus récalcitrants font fi de ces poubelles et jettent des sachets plastiques et autres déchets ou objets encombrant à l’air libre sans vergogne. Un fait écœurant et légion à Lomé. Ainsi, pour M. Atakpanapitché Anatole, ces poubelles publiques n’ont aucune utilité. « Moi je n’ai pas le temps de chercher une poubelle avant de jeter des ordures que j’ai en main, c’est une tradition au Togo. C’est au gouvernement de s’occuper de ces déchets, s’il y a lieu de faire quelque chose en ce sens». Loin, M. Adonda dit « Djangoman », un autre activiste, pense que ces décharges sont réservées pour les ordures d’opération de salubrité publique et pour les employés de l’Agence Nationale d’Assainissement et de Salubrité Publique (ANASAP). « Moi j’ai grandi dans des bidonvilles, où rien ne se contrôle ; on jette les ordures partout ou bon nous semble. Une poubelle, pourquoi faire ? Ce n’est pas mon genre,… je suis un cabri mort qui n’a rien à gagner ou à perdre en observant vos actes de citoyenneté. Je suis déjà immunisé contre les virus, microbes et maladies », a-t-il laissé entendre. Ceci, à travers des propos qui révèlent la nécessité de poursuivre la sensibilisation sur le bienfondé d’un environnement sain pour tous.
Poursuivre la sensibilisation tout en appliquant la loi
Certains accordent un grand intérêt à ces poubelles publiques, en les utilisant à bon escient. Ils y mettent, des déchets recyclables tels que des emballages, du papier, des sachets plastiques, des cartons, du verre, des bouteilles et du métal. De l’avis de M. Nono Komlan, un habitant d’Agoe-Nyivé, ces poubelles sont une initiative louable. Car, « jeter un emballage, carton ou autres déchets dans une poubelle est un acte citoyen qui ne coûte rien. C’est un a acte digne et noble qui peut protéger notre environnement du réchauffent climatique. Cela nous permet aussi d’avoir une bonne hygiène de vie et d’éviter ainsi des maladies contagieuses». Dans ce sens, Mme Hahono Agbangba a renchéri, précisant que Lomé est une ville stratégique qui accueille beaucoup d’étrangers et « ça serait malsain de voir notre capitale, poumon économique du pays, remplir de déchets toxiques capables de dissimuler un véritable mal. Il temps que tout chacun prenne conscience de l’importance des poubelles dans la lutte et la réduction des déchets urbains. Je salue cette initiative du gouvernement, dont je suis convaincue, amènera beaucoup de nos frères et sœurs à changer de comportement vis-à-vis de la nature », a précisé Mme Hahono.
M. Abalo Atchatcha, pour sa part, déplore les mauvaises habitudes de certains Togolais. « Ça fait très mal de voir encore des citoyens qui, malgré la sensibilisation sur la protection de notre environnement et les opérations Togo propre, continuent d’adopter des comportements nuisibles à notre santé. Il est temps de mettre fin à ces actes inciviques et ignobles qui portent atteinte à l’intégrité du pays. J’exhorte le gouvernement à prendre des mesures draconienne». Abordant dans le même sens Mme Essohana Gnom demande que l’Assemblée nationale votre des lois strictes sur l’insalubrité. « Je pense qu’il est important d’attirer des investisseurs pour la réalisation de notre ambitieux Plan Nationale Développement (PND). Si notre capitale est à l’image du Rwanda, ce sera un véritable atout pour le développement de notre cher Togo. C’est déplorable qu’on parle d’assainissement pendant que dans ce pays, pour raison d’intérêts personnels, on continue d’autoriser la circulation des sachets plastiques non bio dégradables, qui sont à l’origine de tous nos problèmes d’inondation », relève avec amertume Mme Gnom. Tout comme elle, bien d’autres concitoyens appellent le gouvernement, à cet effet, à faire appliquer loi n0 017portant interdiction de distribution et production de sachets plastiques au Togo, votée par le parlement en 2011 et qui, selon eux, « est entrée dans les oubliettes ».

Du reste, pour un service public de qualité et une ville plus attrayante avec zéro déchet, il faut nécessairement la coopération de tous les Togolais, conseille un agent de la voirie. Chaque citoyen a donc un rôle important à jouer dans l’éducation et la sensibilisation de la masse, car la gestion de déchets ménagers n’est pas que l’affaire du gouvernement, ni des associations ou ONGS, ajoute-t-il. Cela engage tous les citoyens, quelques soit leur rang ou statut social. Le temps est donc venu pour que les Togolais s’habituent aux gestes nobles d’hygiène qui sauvent.

Clémentine PANASSA

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