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Enseignement supérieur au Togo : Les acteurs préconisent une réforme en profondeur

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Enseignement supérieur au Togo : Les acteurs préconisent une réforme en profondeur

Une table ronde sur « l’enseignement supérieur au Togo aujourd’hui : quelles perspectives ? » a été animée, ce mercredi 30 janvier 2019, au campus universitaire de Lomé. Elle entre dans le cadre des activités mensuelles thématiques que l’UL initie, désormais, pour se développer. Cette table ronde modérée par le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Koffi Agbénoto, a permis de faire un état des lieux du secteur au Togo et de dégager des perspectives à la lumière du Plan Sectoriel de l’éducation 2014-2025.

Les défis de l’enseignement supérieur au Togo sont énormes, peut-on retenir de la table ronde organisée, hier, à l’Université de Lomé (UL), sur les perspectives du secteur par rapport au rôle qui lui est dévolu dans le développement du pays.

Selon le secrétaire permanent du Plan Sectoriel de l’Education (PSE), M. Séna Yawo Akakpo-Numado, les défis de l’enseignement supérieur se posent en termes d’effectifs croissants, d’année en année, dépassant la capacité d’accueil des institutions de formation. Les effectifs par faculté montrent une faible fréquentation des filières technologiques et scientifiques et une forte concentration dans les filières littéraires, juridiques et économiques. Cette répartition est due, en partie, à la faiblesse des dispositifs d’orientation, depuis le secondaire, où la globalisation de l’enseignement n’est pas favorable à l’émergence économique du pays. L’enseignement supérieur privé se développe très rapidement, mais les formations sont essentiellement professionnelles de niveau BAC+2. La qualité de l’enseignement supérieur laisse à désirer. On déplore l’insuffisance des ressources humaines, les infrastructures vétustes et insuffisantes, les programmes d’enseignement peu pertinents, par rapport aux besoins du marché du travail. Malgré, l’avènement du système LMD, les stratégies d’enseignement n’ont pas beaucoup évolué.

Les moyens ne suivent pas le rythme de l’effectif des étudiants, alors que les dépenses sociales (bourses et autres) représentent 40% du budget des universités. Il est constaté aussi une faible ouverture de l’université sur le monde du travail. Or, le budget consacré à la recherche est très faible et les chercheurs sont tous des enseignants, situation qui limite la recherche. Cette recherche est inexistante dans l’enseignement supérieur privé.

En termes de perspectives, il s’agit de maîtriser les flux et d’équilibrer l’offre de formations, en lien avec les filières scientifiques et technologiques. Il faut professionnaliser l’enseignement supérieur et mettre en place un partenariat avec le secteur privé. Le PSE, selon M. Akakpo-Numado, propose, concrètement, de porter les effectifs dans les universités publiques d’enseignement supérieur, de plus de 68000 actuellement, à 90.000 étudiants en 2025. Dans les filières technologiques il faut faire passer cet effectif de 3500 à 12000, ramener le nombre d’étudiants dans les filières littéraires de plus de 30.000 à 17000, ainsi que celui des filières juridiques et économiques, de plus de 20.000 à 12000 étudiants.

Développer la formation en ligne pour diminuer les effectifs pléthoriques dans les universités

Il s’agit aussi de développer la formation à distance, par la promotion d’une plateforme attrayante pour consommer 10% des effectifs. Il est également question de créer des centres de formation universitaires dans toutes les régions du pays, en tenant compte des réalités socio-économiques de chaque région. Le PSE recommande d’intégrer l’enseignement supérieur privé dans la stratégie nationale, en vue d’être contrôlé et certifié. Il propose aussi d’améliorer le financement de l’enseignement supérieur, en maîtrisant les dépenses sociales et en augmentant les ressources disponibles. La revue à la hausse des frais de scolarité est une recommandation forte du PSE, a soutenu M. Akakpo-Numado. La diversification des sources de financement de ce secteur est aussi importante, de même que l’amélioration de la gouvernance et du pilotage du secteur, l’insertion des diplômées, ainsi que la résolution de l’inadéquation formation/emploi, etc.

La 2e vice-présidente de l’UL, Pr Kafui Kpégba, est revenue, quant à elle, sur la nécessaire révision des curricula universitaires et des frais de scolarités, prenant à témoins ceux des établissements privés d’enseignement supérieur, qui sont largement plus onéreux. Ceci, pour augmenter les ressources et aider les universités publiques à répondre aux exigences de l’enseignement supérieur.

A l’occasion, le directeur de la recherche et de l’innovation de l’UL, Pr Essohanam Batchana, a relevé que dans la tradition universitaire, le débat doit faire partie des pratiques quotidiennes, de sorte que les enseignants chercheurs puissent donner leur avis sur la réflexion, qui nourrit la communauté nationale et internationale. Ce qui explique l’initiative de l’UL qui entend réfléchir, chaque mois, sur une thématique donnée, concernant, soit la vie de l’université ou celle de la nation, soit l’implication de l’université dans la recherche des solutions aux problèmes de la nation. Il peut s’agir également d’un partage de résultats d’une recherche d’un enseignant chercheur. Pour démarrer ce projet, a indiqué Pr Batchana, il était de bon ton de commencer par l’université elle-même, afin d’analyser les défis qui se posent à elle et d’entrevoir des perspectives, de sorte qu’elle puisse jouer son rôle.

Blandine TAGBA-ABAKI

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