Santé

Variole du singe : Lumière sur les modes de transmission, les symptômes et la prise en charge

Selon Dr Lidaw Alain Bawè, quand bien même, la variole du singe est mortelle, elle ne représente pas un risque pour le grand public.
Variole du singe : Lumière sur les modes de transmission, les symptômes et la prise en charge

Le Togo vient d’enregistrer un cas de variole du singe dans le district du Golfe. La victime, une femme de 22 ans, est prise en charge dans un service de traitement de maladies infectieuses. Quels sont les modes de transmission de cette affection, les signes qui peuvent alerter et quelle prise en charge pour les malades ? Dr Lidaw Alain Bawè, médecin infectiologue au Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio (CHU S.O) de Lomé, donne des précisions sur cette affection, qui est certes mortelle, sans toutefois représenter un risque pour le grand public.

La variole du singe est une maladie infectieuse et contagieuse, causée par un virus du nom d’Orthopoxvirus simien, qui appartient à la famille des Poxviridés. Elle est une zoonose identifiée, pour la première fois en 1958, chez des singes en captivité dans les régions de la forêt tropicale humide de l’Afrique Centrale et de l’Ouest. Depuis 1970, des épidémies sporadiques sont signalées dans plusieurs pays africains. C’est en 2003, que cette maladie a été observée, pour la première fois, en dehors de l’Afrique avec l’éclatement d’une épidémie aux Etats-Unis d’Amérique. Les patients ont attrapé la maladie par contact étroit avec des chiens de prairie qui avaient été infectés par divers petits mammifères importés dans le pays. Au total, 81 cas ont été signalés, mais aucun n’a entraîné de décès.

De l’avis de Dr Lidaw Alain Bawè, médecin infectiologue, le mal se contracte par un contact étroit avec des singes et chiens des prairies préalablement infectés par d’autres mammifères.

L’éruption cutanée est le symptôme phare de la variole du singe.

En ce qui concerne les signes qui peuvent alerter, ce professionnel de la santé indique qu’en plus des symptômes identiques pour l’ensemble des maladies virales, à savoir : la fièvre, les céphalées et la fatigue, la variole du singe est particulièrement marquée par des éruptions cutanées, avec la présence des bulles de la tête aux pieds y compris, la paume des mains et la plante des pieds. « Ces bulles se présentent comme si le sujet a été éclaboussé avec de l’eau bouillante, c’est ça la caractéristique de la maladie. Si une personne présente ce type d’éruption, elle doit se rendre chez le médecin et s’isoler pour éviter de transmettre la maladie à d’autres personnes », a-t-il laissé entendre. Pour lui, quand bien même la variole du singe est mortelle avec un cas sur dix, et n’épargne personne, cette affection guérit en général spontanément et les symptômes ne durent que 2 à 4 semaines. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l’ampleur de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la nature des complications. Il précise que le taux de létalité de la variole du singe a toujours varié de 0 à 11% dans la population générale, avec des chiffres plus élevés chez les jeunes enfants et ces derniers temps, le taux de létalité est d’environ 3 à 6%.

Manifestations cliniques

Selon Dr Lidaw Alain Bawè, la durée d’incubation (intervalle s’écoulant entre l’infection et l’apparition des symptômes) varie, en général, de 6 à 13 jours, mais peut aller de 5 à 21 jours. L’infection comprend la période invasive (qui dure de 0 à 5 jours) caractérisée par l’apparition de la fièvre, des céphalées intenses, d’une adénopathie (tuméfaction des ganglions lymphatiques), de douleurs dorsales, de myalgie (douleurs musculaires) et d’une asthénie marquée (manque d’énergie). L’adénopathie est une caractéristique de la variole du singe qui la distingue des autres maladies susceptibles de présenter des similarités, dans un premier temps, telles que la varicelle, la rougeole et variole. L’éruption cutanée commence généralement dans les 1er à 3 jours, suivant l’apparition de la fièvre. Elle se concentre davantage sur le visage et les extrémités que sur le tronc. Elle touche le visage (dans 95% des cas) et les paumes des mains et les plantes des pieds (dans 75% des cas). Les muqueuses buccales (dans 70% des cas), les organes génitaux (30%) et les conjonctives (20%), ainsi que la cornée sont également touchés. L’évolution de l’éruption se fait dans un ordre donné et le nombre de lésions peut aller de quelques-unes à plusieurs milliers. Dans les cas graves, les lésions peuvent fusionner jusqu’à ce que de grands lambeaux de peau se détachent.

En cas de présomption de variole du singe, les agents de santé doivent prélever les échantillons adaptés et les expédier à un laboratoire doté de capacités suffisantes. La confirmation de la variole du singe dépend du type et de la qualité de l’échantillon et du type d’analyse en laboratoire. La réaction en chaîne par polymérase (PCR) est le test de laboratoire à privilégier, compte tenu de sa précision et de sa sensibilité.

Comment éviter cette affection et quelle prise en charge ?

Dr Bawè renseigne que les gens attrapent la variole du singe par les animauxtels que des singes, des rats et des écureuils, ou par des objets contaminés par le virus. La transmission de personne à personne n’est pas courante. Car elle nécessite un contact étroit avec des fluides corporels tels que la salive ou le pus des lésions formées par l’infection et aussi par un contact étroit avec les vêtements et la literie du malade.

Pour ce faire, les gestes barrières établis pour rompre la chaine de contamination dans le cas des maladies infectieuses et contagieuses sont applicables pour la variole du singe. Le lavage des mains reste une action décisive contre ce virus, à en croire le médecin. A son avis, il n’existe pas de traitement pour la variole du singe, mais les épidémies peuvent être contrôlées par la prévention de l’infection.

La vaccination contre la variole s’est avérée efficace à 85% pour prévenir la variole du singe et elle est encore utilisée. Le professionnel de la santé précise que le vaccin qui a permis d’éradiquer la variole humaine dans les années 1980 permet aussi de se protéger contre la variole du singe, puisque les virus responsables des deux pathologies sont de la même famille. La variole humaine étant éradiquée, les laboratoires ont suspendu la production du vaccin. « Maintenant, il y a nécessité de relancer la production de ce vaccin pour pouvoir lutter contre cette variole du singe », a-t-il souhaité.

Pour ce qui est de la prévention, le professionnel de la santé renseigne que la principale stratégie de prévention de la variole du singe consiste à sensibiliser les populations aux facteurs de risque et à les éduquer aux mesures à prendre pour réduire l’exposition au virus.

Le médecin a rassuré que le Togo et le personnel soignant est pétri d’expériences dans la prise en charge des maladies épidémiques. Il a rappelé que l’apparition des lésions vésiculeuses sur le corps reste le signe phare de la variole du singe et dès qu’un sujet observe ces éruptions cutanées, il doit s’isoler et consulter un agent de santé. Ceci, parce que c’est une maladie contagieuse et pour éviter de contaminer son entourage, il serait bien de consulter rapidement un agent de santé, plutôt que de s’adonner à l’automédication ou au traitement traditionnel qui, loin de guérir le mal, peut aggraver l’état de santé de la personne. « Le plus tôt, on consulte et on isole la personne, cela permet d’éviter la propagation », a conclu Dr Bawè.

Françoise AOUI l

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