Lomé, la capitale togolaise, est entrée encore une fois, dans les anales de l’histoire africaine, en matière de recherche de stratégies collectives et concertées visant à relever les défis sécuritaires. Ceci, avec la tenue ce lundi 30 juillet, du premier sommet conjoint des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique Centrale et de l’Ouest sur le terrorisme et l’extrémisme violent. Des problèmes qui leur sont communs, pour lesquels les dirigeants des deux régions se sont engagés à renforcer la concertation et à coopérer, afin de parvenir à une lutte plus coordonnée et efficace contre les ennemis de la paix. Le rendez-vous a été de ce fait conclu par l’adoption d’une déclaration commune sur la paix, la sécurité, la stabilité, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans les deux régions. La cérémonie inaugurale de ce sommet inédit, a été marquée, entre autres, par plusieurs allocutions, dont celle du président togolais, président en exercice de la CEDEAO, Faure Essozimna Gnassingbé, et celle d’ouverture du président Ali Bongo Ondimba du Gabon, président en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC). C’était en présence d’une vingtaine de Chefs d’Etat et de gouvernement, qui ont tenu à être à Lomé, pour traduire leur préoccupation face aux défis liés à cet invité indésirable de ces derniers temps en Afrique, le terrorisme aveugle.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement relevant de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Ouest (CEDEAO) ont écrit une nouvelle page de leur coopération dans le domaine la mutualisation des efforts et actions pour faire face efficacement aux défis sécuritaires. A cet effet, ils se sont retrouvés le hall des conférences de l’Hôtel 2 février à Lomé, pour un sommet conjoint, premier du genre, sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Ce sommet inédit, qui se tient à Lomé, témoigne de l’engagement du Togo, à s’impliquer activement dans des actions concertées visant la paix. En dehors des dirigeants des deux régions, il regroupe des représentants des partenaires extérieurs. Il intervient dans un contexte, marqué par de nombreux sujets de préoccupation inscrits à l’agenda des travaux. Ces préoccupations concernent la présence inquiétante et persistante du groupe djihadiste nigérian, Boko Haram, en Afrique de l’Ouest et Centrale, la situation au Mali et dans le Sahel, qui se manifeste par des attaques terroristes répétées. Les actions de l’armée du seigneur en Afrique Centrale et de l’Etat islamique d’Iraq et du Levant ne sont pas du reste. A cela, s’ajoutent des questions touchant d’autres activités illicites, jugées comme étant une menace sécuritaire commune, tels que le blanchiment d’argent, le trafic d’armes, d’êtres humains et de drogues, etc. L’ensemble de ces questions sont donc inscrites au menu de ces travaux, qui ont permis aux parties prenantes d’actualiser leur logiciel de lutte contre ce phénomène de terrorisme et d’extrémisme violent, dans une synergie d’actions concertées. Pour ce faire, le sommet de Lomé a pris d’importantes mesures, contenues dans un communiqué final. Dans ce communiqué, les deux régions s’engagent à mettre en place de nouveaux axes de collaboration, afin de traquer efficacement et sans pitié les djihadistes. Elles se proposent de renforcer entre elles, des échanges d’informations et de renseignements, la coopération militaire et le partage de bonnes pratiques en matière de lutte. A cet effet, les Chefs d’Etat ont pris l’engagement de mettre en place une alliance devant servir à renforcer les efforts, à développer des synergies et à relever les défis communs.
Mettre en place un mécanisme mixte CEEAC/CEDEAO
A la cérémonie inaugurale des travaux, le président Ali Bongo Ondimba du Gabon, président en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), a relevé d’autres défis, en soulignant sa préoccupation concernant la problématique des flux migratoires, qui impacte clairement la sécurité des Etats et menace leur développement. Le souhait du président du Gabon est que les assises de Lomé entérinent l’idée de mise en place d’un mécanisme mixte CEEAC/CEDEAO, sous la conduite conjointe des ministres en charge des Affaires étrangères et ceux en charge de la Sécurité. A son avis, ce mécanisme aura pour mission d’examiner, de façon régulière, les questions sécuritaires de l’espace communautaire, en tenant compte du cadre réglementaire au sein de l’Union Africaine et de ses dispositions pertinentes, avec l’implication de tous les partenaires.
Lomé, une nouvelle page dans la coopération entre les deux régions
Dans ce sens, l’hôte du sommet, le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, président en exercice de la CEDEAO, a salué ses pairs et tous les participants, tout en soulignant l’engagement de son homologue gabonais, qui a permis la conjonction des deux espaces régionaux. A ses dires, la proximité géographique, socioculturelle et économique entre les deux espaces crée des liens, des interdépendances et des influences aux niveaux des Etats et des populations. De ce fait, les deux régions, vulnérables par des frontières terrestres et maritimes communes, partagent les mêmes préoccupations sécuritaires, liées au trafic et activités illicites de tout genre. « Il est donc impérieux que nous trouvions ensemble la meilleure approche, pour nous attaquer à ces menaces et garantir la paix et la sécurité de nos populations », a lancé le chef de l’Etat.
Selon lui, Lomé constitue une nouvelle page de coopération, qui s’ouvre entre les deux Communautés, et qui va marquer leur histoire, en matière de mutualisation des efforts, dans « une approche holistique » des questions touchant la sécurité, les obstacles à l’entraide judiciaire, entre autres. Il a, pour cela, invité les Etats membres de la CEDEAO et de la CEEAC, de l’Union Africaine, les Nations Unies, les partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner la mise en œuvre des décisions issues de ce sommet.
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et chef du Bureau pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Mohamed Ibn Chambas, a apprécié cette collaboration entre l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le sommet regroupe 26 Etats, soit la moitié de l’Afrique et présente donc un enjeu majeur, à son avis. A ce titre, M. Chambas a insisté sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, ce qui contribuerait à miner la capacité des groupes terroristes, tels que Boko Haram. Il a fait savoir que l’ONU est en train de prendre des mesures pour appuyer et encourager l’approche conjointe développée par ces deux complices régionaux qui sont engagés dans lutte concertée.
Les facteurs de la persistance de l’insécurité
« Un évènement chargé de symboles ». Voilà comment le président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat, a salué l’initiative de ce sommet conjoint. Il a mis en exergue un certain nombre de facteurs qui créent un terreau fertile à la persistance de l’insécurité, voire son aggravation. Parmi eux, figurent le changement climatique, l’absence d’opportunités pour la jeunesse, ainsi que des défis rencontrés en matière de gouvernance. « Il s’agit de concourir plus effectivement à la réalisation de l’ambitieux objectif que nous nous sommes assigné, en tant que continent, à savoir, en finir avec tous les conflits et guerres en Afrique à l’horizon 2020 », a-t-il signifié, insistant sur le dialogue comme moyen fondamental.
Dans cette perspective, le patron de la Commission de l’UA a réaffirmé l’engagement de son institution aux côtés de la CEDEAO et de la CEEAC. Les efforts que l’UA entend fournir dans ce sens devraient favoriser une meilleure synergie interrégionale, la mobilisation d’un appui substantiel en faveur des initiatives régionales, la promotion d’une meilleure articulation de ces efforts, l’appui soutenu aux actions de plaidoyer au niveau international…
Bernardin ADJOSSE
Martial KATAKA
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