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Le HCRRUN dresse un bilan satisfaisant de la 1ère phase d’indemnisations des victimes de violences sociopolitiques

Mme Awa Nana (aux micros) a présenté le rapport
Le HCRRUN dresse un bilan satisfaisant de la 1ère phase d’indemnisations des victimes de violences sociopolitiques

« Le Togolais sait donner et recevoir le pardon au nom du vivre ensemble ». C’est l’un des bilans moraux qu’on peut retenir de la mise en œuvre de la première phase du volet indemnisation du programme de réparation des victimes liées aux violences sociopolitiques qu’a connues le Togo de 1958 à 2005. Ce bilan a été présenté, ce mercredi 26 septembre,  à Lomé, lors d’une conférence de presse, initiée à cet effet, par le Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), institution chargée de la mise en œuvre de ce programme. Les rapports indiquent un total de 2510 victimes couvertes, contre 2475 victimes initialement prévues, soit un taux de réalisation de 100,41%. Le taux de satisfaction  des victimes est estimé à plus de 95%, de quoi dire que les Togolais adhèrent massivement au processus et sont prêts à tourner  les pages du passé pour reconstruire leur pays.

Les membres du Haut Commissariat à la Réconciliation et au renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), conduits par leur présidente, Awa Nana-Daboya, des personnes ressources de l’institution et partenaires  impliqués dans la mise en œuvre du programme de réparation des victimes de violences sociopolitiques au Togo, étaient, hier à l’Hôtel Concorde à Lomé, face à la presse. La rencontre, qui a vu la participation de diverses autres personnalités, a permis aux membres de présenter le bilan de la 1ère phase du volet indemnisation dudit programme. Démarrée  à titre expérimentale, le 12 décembre 2017, cette phase a pris fin depuis le 17 septembre dernier. Avec une enveloppe financière de 2 milliards de FCFA, prévue pour indemniser initialement 2475 victimes vulnérables et non vulnérables des violences sociopolitiques de 2005, cette phase à finalement indemnisé 2510 victimes, ce qui représente un taux de réalisation de 100,41%. Selon le rapport global présenté par Mme Awa Nana-Daboya, le taux de satisfaction s’élève à 96,87%, avec une fourchette de quantum symbolique variant entre 420000FCFA, minimum, et 2100000 FCFA, maximum. Des 2 milliards de FCFA alloués, les dépenses globales s’élèvent à 1.994.177.491FCFA.

Des leçons à tirer

Pour la présidente du HCRRUN, hormis de légers aspects regrettables liés aux tentatives de percevoir indûment des indemnités, cette phase expérimentale présente des faits surtout réconfortants. Elle estime, en effet, que les opérations leur ont permis de « découvrir davantage le principal trait caractéristique du Togolais, à travers les victimes ».    Mme Nana-Daboya avance que le Togolais est «  attaché à la paix ». Il sait « donner et  recevoir le pardon au nom du vivre ensemble. Nous avons été émerveillés par la chaine de solidarité spontanée qui s’installait  partout entre les équipes du HCRRUN et les victimes, tous mûs par la même volonté d’apporter leur part à l’avènement d’un Togo réconcilié et apaisé. Nous avons vu des victimes désireuses de tourner la page des préjudices subis et se forger un nouvel avenir. Nous avons vu des victimes déterminées à apporter à nouveau leurs contributions pour l’édification d’un Togo plus harmonieux », a-t-elle fait savoir. Elle a rendu un vibrant hommage à toutes ces victimes pour leur sens affiché du pardon.   L’oratrice  a relevé que le HCRRUN va tirer beaucoup d’enseignement des résultats de cette phase, pour donner place à des perspectives encore plus prometteuses eu égard aux efforts de l’Etat, qui a alloué une enveloppe financière de 5milliards de FCFA sur le budget  2018, destinée à l’indemnisation des victimes vulnérables des deux phases restantes (la phase allant de 1958 à 1989 et celle comprise entre 1990 à 2004). Le HCRRUN poursuivra, par la suite, l’indemnisation du reste des victimes non vulnérables de 2005. Pour ces phases en perspective, le HCRRUN exigera de chaque victime l’établissement d’une carte nationale, afin de faciliter les opérations.

Du reste, en dehors des chèques remis à chaque victime, l’indemnisation a concerné la prise en charge psycho-médicale totale, permettant de donner des soins d’urgence gratuits pour diverses pathologies telles que l’incontinence urinaire, les incapacités de procréation, pertes de membres supérieurs, paralysie des membres inférieurs, processus de cécité avancée, corps contenant des plombs de fusils de chasse, des éclats de balles ou de débris d’armes blanches, troubles de comportement ou état de démence en progression, etc. Toutes ces maladies sont traitées par les spécialistes de l’ONG Aimes-Afrique en collaboration avec certains hôpitaux.

A noter que  l’Accord Politique Global (APG) a recommandé la mise en place de la Commission Vérité, Justice, Réconciliation (CVJR), dont les travaux ont  conduit à la création du HCRRUN, une institution de consensus chargée de piloter le programme de réparations des victimes des violences à caractère politique. Les différents types d’indemnisation sont fixés d’avance par la CVJR.

Bernardin ADJOSSE

 

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