Le Conseil de Dialogue et d’Actions de Coopération (CDAC) Togo-France a organisé, samedi 25 février 2023, à Lomé, une journée de réflexion et d’échanges sur les enjeux et défis de la coopération entre le Togo et la France. Cette rencontre d’idées et de croisement des opinions, avait pour but de réfléchir aux stratégies et perspectives visant à repenser les relations entre l’Afrique et la France, en général et en particulier, entre la France et le Togo, pour répondre aux défis actuels communs. Plusieurs personnalités, dont l’ambassadeur de France au Togo, M. Augustin Favereau, ont pris une part active à cet atelier qui a eu lieu à Agora Senghor.
Dans un contexte mondial de remise en cause des acteurs et modes de gouvernance hérités du système colonial, l’Afrique et la France pensent qu’il est nécessaire de repenser les relations de coopération, en impliquant beaucoup plus les sociétés civiles et les jeunesses. Ce souhait manifesté lors du sommet Afrique-France, à Montpellier en octobre 2021, s’est matérialisé par la création au Togo du deuxième Conseil de Dialogue et de partenariat en Afrique, après celui du Cameroun. Ce conseil chargé de faire le suivi des recommandations du nouveau sommet, se veut être une véritable plateforme de sensibilisation, de plaidoyer, de formation et d’expérimentation au service de la refondation des relations Togo-France, d’une part et Afrique-Europe, d’autre part. S’inscrivant dans cet objectif, le Conseil de Dialogue et d’Actions de Coopération (CDAC) Togo-France a mobilisé des acteurs de la société civile togolaise, personnalités, membres d’institutions et d’organisations de la coopération française au Togo pour une journée de réflexion et d’échanges sur les enjeux de coopération entre le Togo et la France et les défis de l’heure. L’objectif étant de proposer une démarche plus structurante vers le développement d’un partenariat inclusif et équilibré dans un monde aujourd’hui multipolaire. A cet effet, un panel sur « Les relations Afrique-France, défis et perspectives » animé par des spécialistes de la question, sous la modération de M. Guy Kokou Missodé, enseignant de Langue et Littérature française et francophone à l’Université de Lomé, a permis de faire un état des lieux de la situation actuelle des relations France-Togo, de passer en revue toutes les questions d’intérêts communs. Les débats passionnants menés autour des thématiques portant notamment sur : « La dynamique historique des relations Afrique-France », « Le sentiment anti-français en Afrique, implications et enjeux », « Repenser les relations Afrique à l’aune des innovations démocratiques en Afrique » et « l’implication de la jeunesse et des sociétés civiles dans le développement des relations Afrique-France », ont montré l’urgence de réorienter les relations, pour promouvoir les valeurs démocratiques. Mais aussi, de repenser la manière d’agir, pour sauvegarder les acquis de cette coopération et faire face aux nouvelles perspectives qui s’offrent dans le cadre de cette coopération. Il s’agit désormais d’entrevoir des relations devant permettre la coalisation d’idées novatrices et la communauté d’intérêts fondés sur un nouveau paradigme.
Relever les défis de la coopération française
Pour le paneliste Carmel Max-Savi, spécialiste des questions électorales en Afrique, il n’est pas aussi nécessaire de repenser les relations qui sont déjà bien pensées entre la France et l’Afrique. Le développement du partenariat, a-t-il expliqué, doit se faire dans le respect des personnes et des valeurs qui tiennent compte des réalités de chaque pays. Pour sauvegarder les acquis et tendre vers d’autres perspectives, la coopération française doit pouvoir relever ces défis, en associant la diaspora, en écoutant davantage les Africains et en intégrant leurs préoccupations dans le processus de la coopération, pour mieux faire face à la concurrence grandissante des autres Etats, a-t-il signifié.
Selon le président du CDAC, M. Frédérick Tsatsu, le changement veut, aujourd’hui, que la coopération soit beaucoup plus axée sur des questions de proximité au sein des populations et que les acteurs qui bénéficient des actions de cette coopération soient impliqués dans la définition où l’implémentation des projets susceptibles d’impacter positivement les communautés. « La tâche ne sera pas du tout facile dans le contexte où tout ce qui est implémenté depuis des années est remis en cause et où le sentiment anti-français est beaucoup plus grandissant dans la sous-région et partout en Afrique. Mais, nous devons être afro-optimistes et œuvrer pour sauvegarder cette relation qui nous lie depuis des années, en créant des mécanismes et plateformes qui régulent cette collaboration désormais active, non seulement entre Etats, mais aussi entre les peuples et les communautés », a-t-il signifié.
Des propositions concrètes pour dynamiser les relations Togo-France
En ouvrant les travaux, le conseiller à la présidence de la République, en charge de la Technologie et de l’Information, M. Robert Eklo, a salué l’initiative du CDAC de créer un cadre pour des discussions franches permettant de faire des propositions concrètes en accord avec la stratégie développée par le gouvernement, à travers le PND et sa feuille de route à l’horizon 2025. Il a souhaité que ces recommandations aident, véritablement, à dynamiser les relations Togo-France et à soutenir les efforts du gouvernement dans le sens du développement des projets structurants capables de contribuer au bien-être des populations.
L’Ambassadeur de France au Togo, M. Augustin Favereau, s’est réjoui de l’organisation de cet atelier, premier du genre et qui marque un pas important dans le renouvellement des relations entre la France et le Togo. Les débats menés montrent « des acteurs passionnés qui restent mobilisés pour faire travailler les forces vives de nos deux pays sur les questions d’éducation, de citoyenneté, culturelles, d’investissements, pour renforcer les liens économiques entre nos deux pays et les deux continents », a-t-il indiqué. C’est bien-sûr l’objectif de cette refondation qui vise à promouvoir un partenariat d’égal à égal, a-t-il ajouté.
Patouani BATCHAMLA
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