Le mot d’ordre « Togo mort » lancé par la coalition des 14 partis de l’opposition togolaise n’a pas produit l’effet escompté, ce lundi, à Lomé où les populations ont vaqué librement à leurs activités quotidiennes. Et pour cause, seul le travail libère, expliquent certains habitants de la capitale, lassés par le ralentissement des activités commerciales consécutives à la crise socio-politique que connaît le pays depuis le mois d’août dernier.
Le Togo s’est réveillé normalement comme d’habitude. En dépit de l’appel à la journée « Togo mort » de l’opposition, l’ambiance était quasiment normale dans les rues, hier, à Lomé où l’administration et le commerce avaient ouverts leurs portes. Les populations sont allées à leur travail respectif. Déjà, en début de la mi-journée, les marchés des principaux quartiers de la capitale tels que Gbossimé, Agoè-Assiéyé étaient bondés de monde.
La rue principale baromètre, était, quant à elle, plus vivante que jamais, avec des vrombissements des voitures et des klaxons de taxi motos. Les Loméens ont fait le choix de la vie. Que ce soit à Bè, Kodjoviakopé, Agoè ou à Akodessewa, les boutiques et magasins étaient ouverts : « Ce n’est ni dans les marches ni dans la mort que l’on trouve de réponses aux problèmes politiques togolais. C’est plutôt dans le dialogue. Je suis commerçante et je ne vis que de mon activité. Je suis vivante et je n’entends pas mourir de faim dans ma chambre. Que l’on se rappelle les années 90-92. Nous devons savoir où nous allons », a lancé, dans un état de colère, Akossiwa, revendeuse de pagnes devant son étalage dans le marché d’Agoè, à Lomé.
La coordonnatrice de la coalition Mme Kafui Adjamagbo Johnson a, cependant déclaré que les activités ont été « réduites aux 2/3 ». Cette auto satisfecit contraste avec la réalité, hier sur le terrain.
A Dékon, l’un des grands centres d’affaires à Lomé, les activités ont suivi leur cours normal tout le long de la journée. Moi, je suis commerçante : « Les hommes politiques se servent de nous comme des bâtons que l’on utilise pour cueillir des fruits et qu’on rejette aussitôt après. Où est notre part, nous les commerçants, dans cette politique des intérêts personnels ? J’ai mes enfants à nourrir et je voudrais bien qu’on me laisse travailler. Le Togo ne mourra pas et si quelqu’un voudrait mourir, qu’il meure en silence, dans sa chambre », a déclaré, sous anonymat, un homme d’affaires à Lomé.
La veille, la déléguée nationale du Mouvement des Femmes UNIR, Mme Raymonde Kayi Lawson de Souza avait appelé les Togolaises et Togolais à dire non à la paresse et à la nonchalance et à vaquer librement à leurs occupations habituelles : « A UNIR, nous disons non à la paresse. Le lundi 18 juin, nous irons vaquer à nos occupations habituelles, c’est un lundi comme les autres », avait-elle martelé avant d’ajouter que pour les femmes UNIR « seul le travail libère ».
Cet appel du parti UNIR a été entendu, c’est pourquoi, les Togolais dans leur majorité, ont boycotté l’appel de l’opposition. Pour Ourna Gnanta, cadre du parti UNIR : « Tout homme politique, qui a une meilleure connaissance du quotidien togolais, ne peut encourager l’arrêt des activités économiques puisque les premières victimes ce sont les populations ». Selon lui, face à cet appel à « Togo mort » « la maturité des Togolais a pris le dessus sur la légèreté intellectuelle et l’incohérence politique des 14 partis de l’opposition qui peinent à mobiliser la population pour une révolution imaginaire. J’ai vu mes compatriotes vaquer librement à leurs occupations pour trouver de quoi nourrir leurs familles », s’est-il réjoui, avant d’ajouter que « notre progrès démocratique doit être progressif en prenant en compte nos réalités socioculturelles et économiques et le contexte international ».
Les 14 partis de l’opposition togolaise manifestent depuis le mois d’août 2017 contre le régime et ont appelé les populations à observer hier, la journée « Togo mort » pour exprimer leur désaccord face à la répression des manifestations et exiger la libération immédiate des détenus dans le cadre des manifestations et l’arrêt immédiat des entraves à l’exercice du droit à la manifestation.
Ossara Koffi AGOURNA
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