Economie

Nouvelle hausse des prix des produits pétroliers à la pompe 

Nouvelle hausse des prix des produits pétroliers à la pompe
Nouvelle hausse des prix des produits pétroliers à la pompe 

Suite à un arrêté interministériel en date du 18 juillet 2022, les prix à la pompe des produits pétroliers sont revus à la hausse au Togo, en dépit de la subvention de l’Etat jusqu’à 178 F CFA sur chaque litre de super sans plomb, par exemple. Désormais, le prix du litre du super sans plomb est fixé à 700 F CFA contre 625 F précédemment, le pétrole lampant est passé de 580F à 650 F, soit une augmentation de 70 F. Le gaz oil, pour sa part, connait une augmentation 190F et coûte, actuellement, 850F CFA. Le tarif du mélange deux temps est de 788 F contre 718 F précédemment.

Cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe, troisième du genre depuis mars dernier, est due à la hausse du prix du baril de pétrole sur le marché international. Cette dernière se justifie en partie par la guerre Russo-Ukrainienne actuelle, ces deux pays étant producteurs de produits pétroliers. Devant cette nouvelle majoration, les populations déjà fragilisées par la crise sanitaire liée à la Covid-19, certes comprennent les mobiles, mais crient leur désarroi et appelle le gouvernement à trouver un consensus, pour maintenir les prix des denrées alimentaires et de première nécessité.

Depuis hier mardi, les Togolais font face à une nouvelle hausse des prix des produits pétroliers à la pompe. Cette nouvelle hausse fait suite à la proposition du Comité de Suivi des Fluctuations des Prix des Produits Pétroliers (CSFPPP) et s’explique par la hausse du prix du baril de pétrole sur le marché international, conséquence de la guerre entre l’Ukraine et la Russe. En effet, cette augmentation des prix correspond à un ajustement technique suite au constat d’une envolée des prix du baril de pétrole. Avec la subvention de l’Etat allant de 178F à 233F par litre, dorénavant les prix des produits pétroliers sont fixés comme suit au Togo : le super sans plomb est à 700F, soit une majoration de 75 F, le pétrole lampant à 650F, soit 70F de plus, le gaz oil à 850F, soit une augmentation de 190F et le mélange deux temps à 788F. Toutefois, les prix de bouteilles de gaz butane sont restés pour le moment inchangés.

Sortir du piège de la subvention à outrance qui sert plutôt les voisins

Selon des sources proches du gouvernement, la subvention qui a servi à limiter le poids de la hausse au plan national, est plutôt devenue un piège, dans la mesure où elle est de plus en plus importante et qu’elle sert à « subventionner » des pays voisins. En effet, des personnes viennent s’approvisionner sur le territoire national en produits pétroliers et vont revendre ailleurs, notamment dans les pays voisins.

Le gouvernement maintient, néanmoins, l’effort mais il est aussi important de mettre en œuvre la vérité des prix, pour ne pas mettre trop de ressources dans ces subventions. Depuis le début de l’année 2022, par exemple, c’est plus de 25 milliards de subventions qui ont été faites pour ces produits pétroliers, indique le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation Locale.

La situation mondiale reste très tendue et chaque pays fait des efforts pour protéger la population. Au Togo, le ministère de l’Economie et des Finances signale que le montant initialement prévu pour les subventions est largement dépassé. Aujourd’hui, si l’Etat continue avec ce niveau, ce serait impossible de satisfaire à d’autres besoins. Il faut aussi faire des choix. Car pendant ce temps, la subvention sur les engrais pour les paysans est aussi nécessaire et d’autres efforts encore.

Les populations dans le désarroi appellent le gouvernement au secours

Un tour effectué dans la capitale Lomé nous a permis de recueillir l’avis des uns et des autres sur cette nouvelle décision du gouvernement, qui pour la majorité de la population annonce des lendemains durs. Pour Mme Nicole fonctionnaire, c’est un coup très dur pour la grande partie des Togolais qui peinent déjà à se remettre des conséquences douloureuses de la pandémie de la Covid-19. « Nous supportons difficilement la cherté de la vie et cette nouvelle augmentation aura des répercussions sur le panier de la ménagère. Même si le gouvernement suit le coût du baril, il faut tenir compte de notre pouvoir d’achat très faible. Les mines sont grises, et sans stabilité à la maison, je ne sais pas comment l’on peut donner le meilleur de soi au boulot. Je souhaite que mon cri de cœur parvienne aux autorités, à travers vos colonnes » a–t-elle confié. Pour M. Yaya Abara M’boyè, conducteur de taxi moto, « cette décision du gouvernement doit avoir été mûrement réfléchi, mais il est nécessaire que celui-ci revoie les salaires des travailleurs qui n’ont pas beaucoup évolué durant ces dernières années et qui sont relativement faibles par rapport aux salaires des autres fonctionnaires de la sous-région ». « Cette décision va créer un chaos sans précédent, si on ne sait pas bien gérer la situation. Il faut que les autorités communiquent au maximum, afin que les citoyens puissent comprendre la situation et l’accepter », a renchéri M. Francois Zokpè, cadre de banque.

Difficile pour les ménages de gérer cette situation alarmante

De son côté, Bèrè Alexandre, commerçant au Grand Marché de Lomé, dit être surpris par cette nouvelle majoration des prix des produits pétroliers en l’intervalle de trois mois. « Ça ne va pas dans le pays, tout est cher au marché et maintenant avec cette nouvelle hausse, il est certain que les choses vont devenir plus dures pour la majorité de la population. On ne sait plus à quel sort se vouer, si le Chef de l’Etat ne fait rien pour améliorer nos conditions de vie. Depuis des années, nos salaires sont restés stationnaires, alors que chaque fois on fait face à la flambée des prix de produits de première nécessité. C’est difficile pour les ménages de gérer cette situation alarmante, surtout pour nos pauvres parents sans travail. J’exhorte le gouvernement à trouver des mesures d’accompagnement adaptées, afin de permettre au Togolais de subvenir aux besoins vitaux de sa famille », a laissé entendre M. Bèrè. Mme Béléleng Abra, invite le gouvernement à être plus visionnaire, en anticipant les problèmes. « Cette décision est mal venue, d’autant plus que les citoyens font déjà face aux grimpés des prix sur les produits importés et locaux. A l’heure-là, c’est difficilement pour certains foyers d’avoir deux repas chaque jour. Et la situation s’empire de jour en jour. Ce matin déjà, le conducteur de moto qui m’a pris pour mes courses habituelles m’a taxé 2000F au lieu de 1500F. Ça fait peur avec la rentrée qui s’annonce », a-t-il indiqué.

Même si cette augmentation est difficile à accepter, la majorité la comprend au regard de la situation internationale.  M. Alex Alayi a, pour sa part, dit s’être déjà préparé pour une éventuelle augmentation des prix des produits pétroliers, vu la situation actuelle qui prévaut dans le monde. « Cette hausse ne me surprend pas du tout pas. En toute franchise ça fait mal. Au Togo, on peut se réjouir que ces prix n’aient pas vite grimpé » a-t-il précisé. « Depuis plusieurs années, le gouvernement subventionne les prix des produits pétroliers qui ne profitent en réalité qu’aux pays voisins qui s’approvisionnent le pétrole togolais, au détriment des citoyens. C’est insuffisant ! Les autorités doivent anticiper ce phénomène qui impacte aussi bien la vie des pauvres que celle des riches ».

Au demeurant, il va sans dire que tout un chacun s’inquiète des conséquences de ce nouvel ajustement des prix des produits pétroliers à la pompe, même si la conjoncture internationale l’impose.

Clémentine PANASSA

 

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