L’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), dans le cadre de son programme numérique, en collaboration avec l’Assemblée nationale, organise un séminaire sur le thème : « Entre protection des libertés et répression des dérives : le législateur togolais face à la désinformation », à l’intention des parlementaires togolais. Les travaux de deux jours, qui se tiennent depuis hier à l’Hôtel 2 Février à Lomé, ont été lancés, au nom de la présidente de l’hémicycle, par son troisième vice-président, M. Séna Alipui. Il est question de mieux outiller les représentants du peuple sur ce sujet d’actualité nationale et mondiale, à travers plusieurs présentations devant les amener à approfondir leurs connaissances, et appréhender mieux leurs rôles dans la lutte contre le phénomène de Fake news ou fausses nouvelles ou désinformation.
A l’analyse, il apparaît que partout dans le monde, la diffusion de fausses informations, notamment à des fins politiques ou géostratégiques, n’est pas un fait nouveau. Les fausses informations ou fausses nouvelles ou désinformation, sont ainsi un phénomène historique, portées aujourd’hui par le numérique qui, malheureusement, lui donne une « rationalité inédite et problématique ». C’est pour cela que certains affirment qu’aujourd’hui, « toute personne peut aisément produire une fausse information », avec sa capacité de création démultipliée par les opportunités offertes par les technologies pour « forger des faux de plus en plus crédibles ».
Les fausses informations portent atteinte à la sécurité et la défense nationales
« Le monopole de l’information est désormais dénié aux journalistes et chacun a le sentiment de pouvoir légitimement remplir cette profession. Le canal que formaient les médias entre l’information brute et les citoyens, à travers la vérification et l’éditorialisation, est supplanté par les réseaux sociaux qui proposent un accès direct. Or, les conséquences de ces mutations pour notre société ne sont pas neutres, en particulier, lorsque les fausses informations véhiculées ont trait à la sécurité et à la défense nationales ». Ainsi a fait observer l’honorable Séna Alipui, 3e vice-président de l’Assemblée nationale togolaise, à l’ouverture de ce séminaire parlementaire. Parlant de cette influence qu’opère le numérique dans le traitement des informations, qu’elles soient journalistiques ou privées, d’ordre personnel ou professionnel ou de publicités, il a souligné que les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), sont pour beaucoup de contemporains, la principale source d’information, ce qui amplifie donc les dérives constatées par rapport à ce phénomène de Fake news.
Face à cette situation grandissante, l’honorable Séna Alipui évoque un certain nombre de textes du droit togolais et plusieurs dispositions normatives prises pour « réprimer les diffuseurs de fausses nouvelles dans l’intention de nuire ». Il a cité, entre autres, le nouveau code de la presse et de la communication adopté en janvier 2020 (article 153), le nouveau code pénal, et plusieurs initiatives de la société civile, pour tenter de remédier au problème. Toutefois, a-t-il convenu, « le défi est de taille : comment assurer la liberté d’expression, constitutionnellement et conventionnellement garantie, indispensable à toute société démocratique, tout en limitant les externalités attentatoires qu’elle peut engendrer ? Le présent séminaire vise précisément à répondre, sur cette ligne de crête, aux enjeux soulevés dans ce domaine par les nouvelles technologies de l’information et de la communication », a-t-il indiqué.
Mettre le législateur togolais en face de la désinformation
« Echanger autour de la protection des libertés et la répression des dérives, mettre le législateur togolais en face de la désinformation, nous permet de rendre compte de l’actualité de la question relative aux fausses nouvelles », a renchéri le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Pr Ayéwouadan Akodah.
Dans la même dynamique d’exploration de pistes nouvelles face aux dérives constatées dans la diffusion de fausses nouvelles au Togo, comme dans d’autres pays de l’espace francophone, la directrice du programme numérique de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), Mme Mireille Eza, s’interroge : « Quels sont les moyens dont dispose aujourd’hui le législateur togolais pour anticiper, analyser et comprendre la problématique des fausses nouvelles ? …». Selon elle, Le phénomène des Fake news, a été accéléré par l’outil numérique, la pandémie de COVID-19 et la problématique du changement climatique.
Dans son mot de bienvenue, l’honorable Kouméalo Anaté, membre de la section nationale de l’assemblée parlementaire de l’APF, a insisté sur le fait que les Fake news sont distillés avec souvent pour intention de nuire. « Il est donc important que les députés que nous sommes soient mieux sensibilisés et informés sur ce phénomène, qu’ils connaissent un peu les mécanismes et surtout les dangers que cela représente pour les citoyens, mais aussi pour la démocratie, de sorte que nous puissions nous questionner sur notre rôle en tant que législateur … », a-t-elle souligné.
Martial Kokou KATAKA
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