Le Conseil National de Lutte contre le Sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (CNLS/IST) a organisé, 11 et 12 juillet 2024, à Lomé, les quatrièmes journées nationales sur le VIH/Sida, autour du thème « Bâtir les interventions à partir des évidences scientifiques ». Ces assises ont permis aux différents acteurs de lutte contre le VIH/Sida au Togo de passer en revue et de valider les interventions et stratégies à fort impact, ainsi que les données basées sur les évidences. Ceci, afin de mieux affiner les planifications et d’éliminer le VIH/Sida, en tant que problème majeur de santé publique à l’horizon 2030.
L’assistance à l’ouverture des assises.
Après 2009, 2012 et 2017, le Conseil National de Lutte contre le Sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (CNLS/IST) a organisé, la semaine dernière, les 4es Journées scientifiques sur le VIH et le Sida à Lomé. Ces assises ont été marquées par des communications et des conférences sur les différentes interventions dans la riposte au Togo et les résultats obtenus. Selon les données, la mise en œuvre des interventions, grâce aux partenaires techniques et financiers, a permis d’accélérer le niveau d’atteinte des objectifs des trois 95 de l’ONUSIDA à savoir : « parvenir en 2025 à dépister 95% des personnes vivant avec le VIH, mettre sous traitement 95% des sujets séropositifs et s’assurer que la charge virale de 95% des personnes sous traitement est supprimée ». Dans ce cadre, à la fin de 2023, la prévalence de cette affection au sein de la population générale est de 1,6%. On estime que 88% des PVVIH connaissent leur statut, plus de 99% des sujets dépistés sont sous traitement et 90% des personnes traitées ne transmettent plus la maladie. Ces interventions ont aussi permis de découvrir que le VIH/Sida touche plus de femmes que d’hommes et le taux de prévalence décroit de la région sanitaire du Grand-Lomé vers la Région des Savanes. Le mal sévit plus au sein des populations-clés telles que les prisonniers, les professionnels de sexe (PS), les hommes entretenant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) et les usagers de drogue injectable (UDI). La rencontre a aussi permis de débattre des interventions et stratégies qui aboutissent à des résultats satisfaisants. Ceci, afin de préserver les acquis de la lutte, d’accélérer la riposte et être au rendez-vous de 2025. Au nombre de ces interventions et stratégies, on peut retenir le PrEP, l’autotest, l’index testing qui, en matière de prévention, permettent de toucher les sujets difficiles d’accès dans les centres de santé. En matière de soins et de traitement, une étude a été réalisée en 2015. Elle démontre qu’il y a un grand bénéfice pour les patients et la santé publique à traiter tôt et personne ne doit être laissé de côté.
Par ailleurs, la suppression de la charge virale est une stratégie efficace de prévention. Grâce à des progrès scientifiques, les patients se retrouvent avec un comprimé d’antirétroviral par jour au lieu d’une douzaine au début des années 2000. A noter également que la stigmatisation et les violences basées sur le genre constituent des freins à l’accès aux services de soins pour certains usagers. L’implication de la société civile et la prise en charge communautaire, la délégation des tâches sont également indispensables dans la mise en œuvre efficace et efficiente de toutes les interventions et évaluations programmatiques.
Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Kokou Wotobé, le Togo, dès le début de l’épidémie, a organisé une réponse institutionnelle adaptée à son ampleur. Il a salué les progrès engrangés dans la riposte nationale, soulignant que « ces progrès sont matérialisés par une réduction significative des nouvelles infections et des décès de 65%, entre 2010 et 2023 ». Dr Wotobé a cependant reconnu que malgré des indicateurs prometteurs, d’énormes défis et contraintes demeurent. Il s’est réjoui du choix du thème, des communications et des conférences qui vont permettre aux parties prenantes de se remettre en cause, de comprendre certaines orientations stratégiques et d’améliorer la qualité des prestations.
Après avoir salué les progrès du Togo, la conseillère en Information stratégique à la représentation de l’ONUSIDA au Togo, Dr Angèle Maboudou, a indiqué que le dernier rapport sur l’état de la riposte montre qu’il existe une voie bien précise pour mettre fin au Sida. A son avis, cette voie aidera l’humanité à se préparer et à répondre aux futures pandémies et contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). « Le rapport souligne que les ripostes efficaces contre le VIH sont celles qui s’enracinent dans un engagement politique fort. Cela passe par l’utilisation des données, de la science et des preuves, la lutte contre les inégalités qui freinent le progrès, le soutien apporté au rôle essentiel des communautés et des organisations de la société civile dans la riposte et la garantie d’un financement adéquat et pérenne », a-t-elle souligné.
Pour le coordonnateur du CNLS/IST, Pr Vincent Pitché, ces journées scientifiques ont tout leur sens. « La science est dynamique et les connaissances scientifiques et programmatiques permettent de mieux irriguer les interventions de lutte contre le Sida. Si nous voulons avoir un impact important dans notre riposte nationale, nous devons collectivement et à partir de nos données objectives, donc scientifiques (études, évaluations), identifier les interventions qui marchent et celles qui ne marchent pas ou marchent moins bien », a-t-il souligné.
Françoise AOUI
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