Le commerce de végétaux et produits végétaux togolais est désormais plus simple, plus rapide et moins coûteux, suite à l’adoption réussie de la solution ePhyto de la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV), qui permet l’échange électronique de certificats phytosanitaires. Ce projet qui a clôturé ses activités, hier au Togo, est né du soutien de l’Alliance mondiale pour la facilitation des échanges et du Centre Islamique pour le Développement du Commerce (CIDC), et mis en œuvre par la GIZ. Il a permis, en seulement 13 mois, de développer un système permettant, aujourd’hui, d’aller plus vite dans la délivrance des certificats phytosanitaires.
Les parties prenantes à la rencontre.
De par le passé, pour exporter les produits agricoles, il faut un certificat phytosanitaire obligatoire servant à attester que les expéditions répondent aux exigences phytosanitaires à l’importation. Cependant, la procédure d’établissement du certificat phytosanitaire entraine parfois des coûts élevés souvent liés aux nombreux déplacements qu’effectuent les opérateurs vers la Direction de la Protection des Végétaux (DPV), qui est le service compétant en charge de la délivrance dudit certificat. Cette procédure peut parfois durer une semaine, voire plus, pour le cas des produits secs. Aussi, pour le contrôle des documents phytosanitaires, que ce soit à l’importation ou à l’exportation, les opérateurs économiques sont obligés d’acheminer ces documents à travers des sociétés de transport de courriers à l’international (poste, DHL etc.) ou à travers les cargaisons. Les documents passaient par plusieurs mains, au cours du voyage, et étaient ainsi exposés aux risques de perte ou de détérioration. Par ailleurs, ces documents souvent saisis manuellement comportent le risque d’être modifiés frauduleusement ou d’être illisibles, ou encore comportent des informations incomplètes. Tout ceci pouvait amener les pays importateurs à rejeter certains documents jugés non conformes ou exiger leur remplacement. Pendant la procédure de vérification de la conformité des documents, les produits restaient bloqués aux postes d’entrée ou de sortie (ports ou aéroports) avec des conséquences dangereuses (détérioration du produit, frais de stockage supplémentaires) à la charge des opérateurs économiques.
Aujourd’hui, avec la solution ePhyto, le Togo fait son entrée dans un système mondial, reconnu par tous les pays exportateurs de végétaux et de produits végétaux. Le nouveau système devrait stimuler la compétitivité du secteur agricole togolais et renforcer la place de Lomé comme une plaque tournante régionale, particulièrement pour les marchandises à destination des pays voisins enclavés comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger. En plus d’encourager les partenariats public-privé, le projet a accompagné la direction de la protection des végétaux dans la configuration du nouveau système, avec une dotation de matériel informatique et en organisant une série de formations approfondies des utilisateurs du système. Ce dernier intègre également une fonctionnalité de signature électronique pour les exportations à destination de l’Union Européenne et des capacités de paiement électronique développées conjointement avec le Trésor public.
Réduire le déséquilibre de la balance commerciale
La cérémonie de clôture des activités de ce projet au Togo a offert l’occasion aux parties prenantes de partager les résultats et impacts de sa mise en œuvre, de débattre de « l’importance et des défis de la digitalisation des services publics et privés : cas de ePhyto ».
De l’avis du directeur des filières végétales, Anani Kodjogan Kpadénou, en termes de résultats, ce projet a permis de former 150 inspecteurs phytosanitaires du Trésor public et des entreprises exportatrices des végétaux et produits végétaux de la plateforme du système national générique (GeNS). Dans une dimension plus large, ses actions contribuent au développement des exportations et à la réduction du déséquilibre de la balance commerciale. « Le système ePhyto est plus qu’une simple plateforme électronique. C’est un hub qui nous permet de nous interconnecter avec le reste du monde, d’échanger des informations relatives à la simplification électronique et à la qualité de nos produits », a précisé M. Kpadénou.
Le passage des certificats papiers aux ePhytos apporte également des avantages économiques mesurables et améliore la sécurité alimentaire, a laissé entendre Dr Yao Lombo, responsable de la DPV. Pour lui, la mise en œuvre de la solution ePhyto prépare également le pays à tirer pleinement parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), du corridor Abidjan-Lagos et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Selon la coordonnatrice Secteur vert, Développement rural, Agriculture et Environnement à la GIZ, Dr Bettina de Campos, le projet ePhyto contribue à la réalisation des objectifs de la feuille de route gouvernementale 2025, qui vise à numériser au moins 20 services publics clés. Plusieurs autres actions, dit-elle, sont encore en cours à travers d’autres programmes, notamment le ProComp, qui assure la mise en œuvre du ePhyto et qui vient d’élargir son champ d’actions jusqu’aux producteurs à la base, et le ProSac, grâce au co-financement avec l’UE.
Komla GOKATSE
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