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Le Premier ministre a lancé vendredi le programme de réparation des dommages et préjudices aux victimes de violences politiques

Le PM (2ème de la droite) a lancé le Programme
Le Premier ministre a lancé vendredi le programme de réparation des dommages et préjudices aux victimes de violences politiques

Le programme des activités de réparation des dommages et préjudices aux victimes des violences socio-politiques qu’a connues le Togo, de 1958 à 2005, a été lancé, vendredi, à Lomé. C’était au cours d’une cérémonie solennelle présidée par le Premier ministre, Komi Selom Klassou, représentant le chef de l’Etat, en présence des membres du gouvernement, des présidents d’institutions, des membres du corps diplomatique accrédités, ainsi que de diverses personnalités, notamment traditionnelles, administratives, militaires et de la société civile. Cette phase de réparation, essentiellement caractérisée par l’indemnisation symbolique, n’est qu’une expression de compassion qui consiste à aider les victimes à sortir des douleurs et à faire face au futur.

Notre pays, le Togo, a mis en place en 2009, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) pour faire la lumière sur les violences à caractère politique survenues de 1958 à 2005. Cette commission a suggéré, à la suite d’une consultation nationale,  un programme de réparation calqué sur la justice transitionnelle pour la consolidation de l’Etat de droit et de l’unité nationale. Pour la réalisation des activités de ce programme de réparation, le Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) a été mis sur pied. A cet effet, la phase de réparation des dommages et préjudices aux victimes a été lancée, vendredi, après des démarches envers les populations pour entretiens et recensement d’informations. Ce processus de réparation, qui regroupe les victimes des évènements est réparti en trois phases : la première va de 1958 à 1962, la seconde de 1963 à 2004 et la troisième concerne les évènements, de 2005. C’est cette dernière, la plus vivace dans les esprits qui commence avec des indemnisations.

Dans son mot de lancement du programme, le Premier ministre, Komi Selom Klassou, représentant le président de la République, s’est félicité de la mise en œuvre de cette phase de réparation car, a-t-il souligné, la République est à plusieurs temps devant l’impératif de la réconciliation nationale, socle du vivre-ensemble. Il a indiqué qu’après le temps des mémoires avec le pertinent et qualitatif travail de la CVJR, aujourd’hui, il convient de consacrer le temps aux réparations avec le HCRRUN, afin de prétendre, demain, vivre le temps des moissons partagées. « Durant sa marche en avant, et sous le poids de ses antagonismes internes, le peuple togolais a parfois fléchi et plié, mais jamais, il n’y a rompu l’essentiel à savoir le lien national (…) Je voudrais ici m’incliner devant la mémoire de tous ces citoyennes et citoyens, sans distinction d’origine géographique, politique ou religieuse, emportés par nos incompréhensions et égocentrismes individuels ou collectifs. J’exprime la compassion du chef de l’Etat et du gouvernement à l’endroit de nos sœurs, frères ou parents, qui sont marqués, le reste de leur vie, par des séquelles indélébiles de cette période », a précisé le Premier ministre.

Le cher du gouvernement a rendu, à cette inédite et cruciale occasion de l’évolution de notre histoire, un vibrant hommage au vaillant peuple togolais multiculturel et dans toute ses composantes socio-politiques. Aussi, a-t-il signifié que les victimes directes et indirectes verront leurs préjudices réparés symboliquement, à travers la restitution, la compensation, la réadaptation, la satisfaction et la garantie de non répétition car, comme le disait le chef de l’Etat à Atakpamé en 2006, « Plus jamais ça… » et il ne faut plus de regret, mais un serment.

Fort de cela, le Premier ministre estime que le gouvernement, sous la houlette du chef de l’Etat, fait de ce programme de Réparation un impératif, s’engageant à tout mettre en œuvre pour la réussite du processus. Cela se justifie par la consécration de bases réglementaires du fonds dédié à l’indemnisation appelé « Fonds Spécial », à l’issue du conseil de ministres de jeudi 23 mars dernier. Le Premier ministre a surtout félicité la présidente du HCRRUN et son équipe pour leur dévouement.

Mise en œuvre du programme de réparation

La présidente du HCRRUN, Mme Awa Nana-Daboya, a, pour sa part, salué la mise en œuvre de ce programme de réparation, grâce à la volonté et l’engagement du gouvernement. « En effet, à l’étape actuelle de sa mission, le HCRRUN mesure les enjeux d’espoir ou d’incompréhension, d’adhésion ou de rejet selon que les attentes légitimes auront été satisfaites. Sur ce point, le HCRRUN affirme qu’il s’en tiendra à son cahier de charges pour dire qu’il exécutera le programme de réparation tel que élaboré pour servir aux victimes les quantum de préjudices tels que y inscrits aux chiffres réels, prenant soin bien sûr,  de porter assistance aux victimes bénéficiaires par un service d’accompagnement médico-psychologique, afin que ces victimes renouent un nouveau pacte de confiance avec l’Etat… », a expliqué Mme Awa Nana-Daboya. Elle a exhorté chacun à apporter sa contribution pour le succès de cette mission qui démarre avec les évènements de 2005 (7075 victimes) alors que le nombre de victimes recensés dans le programme de réparation est de 22415. Aussi, a-t-elle émis le vœu que les victimes trouvent dans les réparations qu’elles recevront, la foi, la force et les motifs nécessaires pour reprendre leur place dans la communauté nationale et apporter leur part à l’émergence d’un pays apaisé et en construction réconciliatrice.

Jules LEMOU

 

 

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