Tradition

Le peuple Gê-Mina a célébré la 361e édition de la fête traditionnelle « Epé Ekpé » ou « Kpéssosso » à Glidji Kpodji

La pierre sacrée présentée au Premier ministre après sa sortie.
Le peuple Gê-Mina a célébré la 361e édition de la fête traditionnelle « Epé Ekpé » ou « Kpéssosso » à Glidji Kpodji

Les festivités de « Epé Ekpé » ou « Kpéssosso » en pays Gê-Mina ont connu leur apothéose, jeudi 29 Août 2024, à Glidji-kpodji, par la prise de la pierre sacrée dans le sanctuaire d’Avé Gbatso. De couleur blanche sale, cette année, elle recommande l’union des chefs et prêtres traditionnels du peuple Gê, ainsi que des adeptes des 41 divinités. Plusieurs autorités politiques, administratives, traditionnelles, avec au-devant, le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, représentant le chef de l’Etat, ont assisté à cette cérémonie qui marque également le début d’une nouvelle année pour ce peuple.

Autorités politiques (dont Mme Tomégah-Dogbé 4e de la gauche, 1er plan)

Le peuple Gê-Mina du Togo et de la diaspora a conclu, le 29 août 2024, les activités inscrites au menu de la 361e édition de sa fête traditionnelle « Epé Ekpé » ou « Kpéssosso ». Cette manifestation populaire a connu la présence de plusieurs autorités, dont le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé, qui ont pu apprécier la ferveur et la dévotion autour de ce patrimoine commun et les prestations des « Hounsi » parés de leurs plus beaux atours. En transe ou non, ces adeptes ont exécuté des pas de danse (selon la divinité à laquelle ils appartiennent) dont eux seuls maitrisent l’art et la pratique. Ce moment d’affirmation de l’identité historique et culturelle a permis également d’invoquer les bénédictions des dieux de la terre, des eaux, de l’air, du feu…, pour la paix et la prospérité sur la nation toute entière.

Au-delà des réjouissances populaires où les invités de tous bords ont goûté au « Liha », cette boisson locale qui a maintenu les fondateurs de cette localité au cours de leur exil, cette messe annuelle des natifs de la préfecture des Lacs leur a permis de mutualiser leurs réflexions autour du thème « Nos us et coutumes, notre richesse, notre identité », des jours avant la prise de la pierre sacrée toujours porteuse de message. Cette année, cette pierre, affectueusement appelée par ses adeptes « Maman Kolé », est de couleur blanche sale et recommande le pardon, l’union des chefs et prêtres traditionnels du peuple Gê, ainsi que des adeptes des 41 divinités. Elle recommande également des sacrifices au dieu de la terre (Sakpatè), aux jumeaux, ainsi qu’aux sièges ancestraux. « Maman Kolè » exige que tous les débiteurs soldent leurs dettes et que les enfants respectent leurs parents, surtout les mamans. Elle interdit formellement l’interruption volontaire de grossesse. Un message qui est presque le vœu du prince Asafotsè Mathias Foly Bébé. « Une cérémonie comme celle-ci se voit toujours couronnée par un projet de développement. Je vous exhorte à rechercher la paix en pays Gê pour le mieux vivre et le vivre ensemble. Tous, fils et filles d’un seul aïeul, sommes appelés à cultiver l’amour, afin de pérenniser notre culture », a-t-il laissé entendre.

Autorités traditionnelles à la cérémonie

Rester fidèle à ce qui a été utile aux ancêtres

En cette occasion de fierté et de gaieté partagées, la ministre Yawa Kouigan de la Communication, des Médias et de la Culture, a transmis au peuple des Lacs, les vœux de nouvel an du président de la République et de l’ensemble de son gouvernement, avant de saluer la paix et la quiétude trouvées en ces lieux qui sont pour elle, le signe de la fierté d’appartenir à cette communauté qui a su préserver au cours du temps, le symbolisme et l’importance de l’une des plus anciennes traditions au Togo et ce qui a été utile aux ancêtres. « Je voudrais vous dire toute mon admiration de vous voir ainsi attachés, non seulement à la préservation de l’environnement, mais aussi à la promotion des traditions dont l’héritage chatoyant passera de génération en génération. Car vous traduisez un environnement louable avec la vision du chef de l’Etat et l’action du gouvernement qui placent la paix, la sécurité et la quiétude au cœur des projets de développement de la nation », a-t-elle relevé.  

         Les adeptes acclamant la sortie de la pierre sacrée.

Convaincue, par ailleurs, que peuple Gê partage la vision du gouvernement qui est de faire de la culture un levier de création de richesses et de croissance économique, Mme Kouigan a invité tous les clans à s’unir autour des valeurs traditionnelles, à cultiver la paix, la fraternité, la solidarité, la cohésion et le vivre ensemble. « Je saisis l’occasion pour vous réitérer le soutien du gouvernement et sa détermination à œuvrer de concert avec vous pour la poursuite de vos projets de développement. Le riche patrimoine culturel dont vous avez hérité est source d’opportunités, d’emplois et de richesses dans le contexte actuel de la mondialisation qui recèle également en lui, les clés et les leviers sans lesquels, la société ne peut assurer la transmission des valeurs culturelles ressenties par la jeunesse. C’est un défi que je nous appelle à relever et à continuer de consolider ce pont entre la passé et l’avenir, afin que le Togo que nous voulons en paix, prospère et modèle, soit une entière réalité », a-t-elle dit.

Un peuple, une marque identitaire : Kpéssosso

Depuis le milieu du XVIIe siècle, l’histoire enseigne que c’est en quête de paix que le peuple Gê, en provenance des contrées voisines s’est établi sur cette côte accueillante (actuelle préfecture des Lacs), en choisissant d’y maintenir les précieux attributs royaux qu’il avait transportés durant son exil. Dans ce havre, ce peuple a su aussi conserver ses pratiques et rites ancestrales, notamment la prise de la pierre sacrée qui est le point culminant d’une marche de 21 étapes marquant la fin d’une année lunaire de 13 lunes et le début d’une nouvelle année qui doit être empreinte de perspectives prometteuses et peut-être de nouveaux défis. C’est dans ce sens que les prêtres en communion d’esprit, adressent à leurs divinités des prières pour de bonnes grâces. C’est un ensemble de rites qui se succèdent dans cet ordre : « Sedodo », « Situtu », « Bliku-Mama », « Kpessosso », « Nloli-Yoyo », « Yaka-Oken », « Nloewa Nana », « Esidudu » et « Vodou dze apu ».

Yankolina M. TINGAENA

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