Comme si c’était hier, alors que vingt bonnes années sont passées, les Togolais se souviennent, le 5 février 2005, toujours dans la vive douleur, de la brusque séparation d’avec le Père de la Nation, feu Gal Gnassingbé Eyadema, dont l’image reste à jamais gravée dans les mémoires, tant au plan national qu’international. « Disparition brutale, grande affliction et consternation. L’Afrique a perdu un de ses grands fils. Cette disparition est une grande perte pour notre continent, pour l’Afrique de l’Ouest… ».
Telle était la trame des condoléances adressées au peuple togolais au lendemain de cette « catastrophe nationale » qui a laissé tout un peuple orphelin. Ce 20e anniversaire offre donc l’occasion, non seulement de saluer sa mémoire, mais aussi de rendre hommage aux actions du « Commis voyageur » qui a consacré toute sa vie pour la paix, l’union et la sécurité en Afrique et dans le monde.
Un grand bâtisseur qui, en 38 ans et sans relâche, a façonné pour le Togo, une place de choix dans le concert des nations, en le propulsant sur l’orbite du développement. Des œuvres qui immortalisent à jamais le Gal Gnassingbé Eyadema, en l’inscrivant au panthéon de l’histoire.
Hotel-2-Février, un fleuron du tourisme et donc de l’économie, grâce à Eyadema.
« Je prends devant vous un engagement : que je sois président ou pas, je vivrai ici, je mourrai ici et on m’enterrera ici », disait feu général Gnassingbé Eyadema, après avoir échappé à toutes sortes d’attentats, de complots, de conjurations et vécu moult trahisons. Il en a été ainsi, le 5 février 2005, vingt ans aujourd’hui, qu’il a plu au Créateur de rappeler à lui son humble serviteur, le Gal Gnassingbé Eyadema. En ce jour anniversaire, le peuple togolais dans toute sa diversité, salue une fois de plus la mémoire du « Timonier national » et prie Dieu le Tout-Puissant de toujours le garder dans son royaume, afin que brille à ses yeux la lumière sans déclin. C’est à cet effet qu’un riche programme a été cocotté, sur toute l’année 2025, pour honorer sa mémoire de la manière la plus digne, à travers des prières musulmanes, chrétiennes et traditionnelles, des colloques, des manifestations sportives, des réjouissances populaires, etc. Des célébrations à la hauteur du personnage qui a marqué son temps, tant dans notre pays qu’à l’international.
L’infatigable apôtre de la paix, comme tout le monde convenait à le désigner, mérite bien ces hommages, dans la mesure où les Togolais récoltent encore et toujours les fruits de ses œuvres : la paix, la sécurité, le dialogue, la diplomatie agissante, le développement, entre autres. Partout, il a répondu présent et monté, en première ligne, là où les liens peuvent être noués, où des passerelles de compréhension peuvent être jetées entre les peuples, permettant ainsi d’instaurer et de promouvoir une politique de conciliation et de dialogue au Togo, en Afrique et dans le monde. Sur le plan national, Eyadema s’est donné comme idéaux l’union, la réconciliation et la solidarité nationale qui ont pour corolaires le dialogue franc et sincère, la justice sociale et l’équilibre économique, politique et culturel de toutes les régions du pays.
Feu président Eyadema, toujours dans les cœurs des Togolais.
Pour unir tous les fils du pays, le chef de l’Etat a d’abord créé le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT). « Le Rassemblement du Peuple Togolais est et demeure comme nous l’avons souhaité, le creuset où tous les Togolais désormais unis, faisant preuve d’imagination créatrice et de sacrifices librement consentis, construisent dans la paix et la sécurité, leur propre bonheur », disait-il.
Homme de paix
Conscient que la paix est un facteur important pour tout développement harmonieux et durable d’un pays, le président de la République, feu Gnassingbé Eyadema s’est, dès son arrivée au pouvoir, attelé à l’instaurer aux Togolais. Cette paix acquise sur le plan national, le chef de l’Etat s’est engagé à œuvrer inlassablement, pour non seulement l’assurer à la sous-région ouest africaine, mais aussi à tout le continent africain et au monde entier. A de multiples occasions, il a montré la nécessité et sa détermination d’œuvrer pour le bon voisinage : l’unité africaine, le règlement pacifique des conflits, une coopération franche et amicale avec tous les pays, etc. Eyadema, à travers sa vision stratégique, a contribué de façon significative à la consolidation de l’intégration régionale et sous régionale, avec la mise en place des grands ensembles. Il est l’un des initiateurs et pères-fondateurs de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), aujourd’hui, l’Union Africaine (UA). Joignant l’acte à la parole, le président Eyadema a offert ses bons offices et usé de toute sa diplomatie dans le règlement des différends sur le continent et dans le monde. Son voyage, le 5 avril 1980, et sa traversée du fleuve Oubangui Chari en pirogue sous des obus resteront longtemps gravés dans les mémoires. En septembre 1988, le Togo a réconcilié les présidents Joseph Momoh de la Sierra-Léone et Samuel Doe du Libéria. La même année, le chef de l’Etat après des efforts, a réussi à apaiser le Tchad et la Libye qui étaient en conflit ouvert. Il a offert ses bons offices dans le problème de la presqu’île de Bakassi qui oppose le Cameroun et le Nigéria, réconcilié les frères ennemis bissau-guinéens, le président Vieira et le chef de la rébellion le général Anssouman Mané, le président Ahmed Téjan Kabbah et le responsable du RUF (Front Révolutionnaire Uni) Foday Sanko et obtenu la cessation des hostilités en Côte d’Ivoire, le 13 janvier 2003.
L’université du Bénin, aujourd’hui de Lomé qui a formé la plupart des cadres togolais.
L’admiration que le Togo suscite et son poids historique spécifique sur l’échiquier international sont autant de facteurs qui ont amené le président Eyadema à initier, dès son avènement au pouvoir en 1967, une politique de porte ouverte. Le Togo est, sans nul doute, le pays qui a le plus d’amitié à l’extérieur. Aussi, est-il de ceux qui expriment, avec plus de sincérité, les aspirations des nations pauvres, soucieuses de dire leur mot dans une communauté internationale toujours dominée par les grandes puissances. Partout, Eyadema a fait entendre sa voix, exhorté au respect des grands principes qu’il a de tous temps rappelés. L’histoire du monde de ces dernières années ne s’est donc pas écrite sans le Togo, car beaucoup de grands hommes de la dimension de de Gaulle, de Tito, de Mao Tsé-Toung, de Bill Clinton, de Georges Bush, de Mitterrand, du Pape Jean Paul II, de Jacques Chirac, de Nelson Mandela ont eu des entrevues avec Eyadema.
« L’Afrique noire a ainsi son commis voyageur », reconnaissaient certains journaux de l’époque, par référence au rôle de négociateur, d’un super diplomate de la trempe d’Eyadema. Quand il le fallait, le commis voyageur de la paix et de l’unité reprenait son bâton de pèlerin, dès qu’il pensait être utile à ses frères africains, toujours avec une stricte et prudente neutralité, engrangeant ainsi un palmarès éloquent sur le plan diplomatique. Pendant près de quatre décennies, le président Eyadema a marqué l’histoire de ce monde, grâce à sa stature internationale d’homme de paix, de dialogue et de justice.
L’unanime reconnaissance internationale
Les efforts et actions du président Eyadema en vue de l’instauration et de la promotion de la paix au Togo, en Afrique et dans le monde ont forcé l’admiration de tous. En récompense, la communauté internationale lui a décerné d’innombrables prix et distinctions honorifiques : le « Prix Simba pour la paix en 1980 », par l’Académie Simba et la rédaction du journal « Corrière el Africano », le Prix de l’Homme de la Paix (Croix d’académie avec Palme d’Or) par l’Institut des Relations Diplomatiques de Bruxelles, l’Emblème du Mercure d’Or International et le grand collier de l’Ordre des chevaliers du Sinaï, la Grand-Croix de la Pléiade, décernée par l’Association Internationale des Parlementaires de Langue Française, la Médaille d’Or de l’Excellence Européenne, par le Comité de l’Excellence Européenne, la Grand-Croix de l’homme de paix, Prix de l’Ordre de Malte, le Prix du Grand Compagnon de la Paix. Autres décorations, également, la Grand-Croix du grand Prieuré des Chevaliers du Christ, le Diplôme de « Docteur Honoris Causa », décerné par l’Université du Sud-Est de Washington, le Prix de la Diplomatie décerné par les journalistes de la presse internationale, le Prix de l’Etoile de l’Asie, le Prix de Mérite et du Courage, la Croix du Commandeur des Croyants pour la Paix en Afrique et dans le Monde, entre autres.
Ces prix et distinctions honorifiques décernés par diverses institutions humanitaires qui œuvrent pour cette paix dans le monde illustrent, à l’envie, la stature internationale d’homme de paix que le président Eyadema s’est forgée, durant environ quatre décennies à la tête du Togo.
Forgée des mains de maître
Le monde de la culture doit une fière chandelle au président Eyadema qui a consenti de gros efforts pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel national. Le mot d’ordre du retour à l’authenticité lancé, dans les années 70, pour un harmonieux mariage de la tradition et du modernisme, l’instauration des fêtes traditionnelles dans toutes les préfectures, afin d’identifier et de valoriser les aspects positifs des us et coutumes et la création d’un département ministériel dédié à la chose culturelle témoignent à suffisance l’intérêt et le prix que le régime d’Eyadema a accordés à la culture.
Le Togo, grâce à son armée disciplinée, vaillante et modernisée, a su faire face à toutes les situations difficiles qu’a connues le pays. Forgées des mains de maître par le président Eyadema, les Forces Armées Togolaises (FAT) ont, avec valeur et honneur, repoussé toutes les agressions dirigées contre le Togo, qu’elles soient conspirées de l’intérieur ou de l’extérieur. L’intégrité territoriale du pays a été ainsi assurée pour permettre au peuple togolais de vaquer, librement et dans la paix, à ses occupations grâce à une armée fiable et intégrée à la Nation. Les problèmes de sécurité qui menacent actuellement le monde, en particulier la région du Sahel, confirment à suffisance que le Gal Eyadema était vraiment un visionnaire en avance sur son temps.
C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle. Le président actuel poursuit et améliore la gigantesque œuvre du Père de la Nation. Chaque Togolais devrait se faire le devoir de pérenniser tous ces acquis si chèrement obtenus, pour mieux lui témoigner la reconnaissance de la Nation et graver, à jamais, son image dans la mémoire collective.
Faustin LAGBAI
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