Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, le Pr Moustafa Mijiyawa s’est entretenu les jeudi et vendredi avec les acteurs de la préfecture de Blitta et ceux de la Région des Plateaux sur le projet d’approche contractuelle dans les structures de soins de santé du Togo. La rencontre a permis aux acteurs d’être informés sur les contours de cette approche de même que les raisons qui ont concouru à ce choix.
Selon les explications du ministre de la Santé et de la Protection sociale, le Pr Moustafa Mijiyawa, l’approche contractuelle dans les formations sanitaires du Togo consiste à signer un contrat avec une société spécialisée dans la gestion des hôpitaux. Selon le cahier de charges de ce contrat, la société contractante se chargera de mettre en place des outils de gestion rationnelle. Ceci, dans le seul but d’améliorer les prestations et de satisfaire les attentes des clients. Plus spécifiquement, la société contractante aura pour tâche de s’assurer que chaque agent est à son poste et s’occupe réellement du travail qui est le sien et que chaque matériel est à sa place et fonctionne normalement. Elle aura également pour tâche de suivre la traçabilité des recettes.
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale a indiqué que cette approche contractuelle n’est pas synonyme de privatisation. Pour ce faire, a-t-il poursuivi, l’achat et la réparation des équipements sont l’affaire de l’Etat, de même, le personnel reste en place et garde son statut de personnel relevant de la fonction publique. «La société contractante n’a rien à injecter comme argent dans le fonctionnement de la structure sanitaire. Elle sera payée pour le mécanisme de gestion orthodoxe qu’elle va aider le gouvernement à mettre en place », a-t-il souligné.
Le Pr Moustafa MIjiyawa a également précisé que le but visé par le gouvernement en optant pour l’approche contractuelle n’est pas de tirer des bénéfices et de renflouer les caisses du trésor. Bien au contraire, a-t-il poursuivi, il s’agit de faire en sorte qu’il y ait désormais une harmonie, une corrélation entre les ressources injectées dans le secteur de la santé et la satisfaction des populations. Pour ce faire, a-t-il ajouté, les coûts des prestations restent inchangés et les recettes générées serviront à améliorer le plateau technique et au besoin, à agrandir la formation sanitaire et à rendre disponible les offres de services autrefois inexistantes.
Le ministre Mijiyawa a indiqué que cette réforme de la gestion hospitalière connaîtra d’abord une phase pilote avec la morgue, la radiologie, le laboratoire et la pharmacie du Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio (CHU S.O. de Lomé, le Centre Hospitalier Régional (CHR) d’Atakpamé et le Centre Hospitalier Préfectoral (CHP) de Blitta.
Il a indiqué que le choix du CHU SO est dû au fait que c’est là que la gestion est plus calamiteuse tandis que le choix du CHR d’Atakpamé se justifie par le fait que cette structure a déjà expérimenté l’approche contractuelle en 2014. Quant au choix du CHP de Blitta, il a été choisi parce qu’il vient d’être agrandi et son plateau technique renforcé. En plus de cela, cette formation sanitaire expérimente depuis deux ans déjà, le système de guichet unique.
Les raisons qui sous-tendent le choix de l’approche contractuelle
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, le Pr Moustafa Mijiyawa a indiqué que l’idée de la réforme de la gestion hospitalière est née du constat selon lequel, il y a un hiatus entre les ressources humaines, matérielles et financières injectées dans le secteur de la santé et les résultats observés sur le terrain. Selon ces résultats, la population ne bénéficie pas de soins de santé de qualité. Ce qui se traduit par une baisse drastique du taux de fréquentation (40%). En plus de cela, la masse salariale dans le secteur de la santé dépasse de loin les recettes enregistrées. «Le CHU S.O. a 1335 agents mais ne réalise que 70 millions de recettes par mois avec une dette de près de 4 milliards de FCFA. La dette du CHR de Sokodé est estimée à plus de 500 000 000 de FCFA et celle du CHR d’Atakpamé à plus de 400 000 000 de FCFA », a-t-il fait remarquer.
Il a souligné que si malgré ces dettes, la population était satisfaite, il n’y aurait pas de problème parce que a-t-il poursuivi, la santé n’a pas de prix mais elle a un coût. «Il faut corriger ce déséquilibre entre les moyens et la finalité», a-t-il indiqué.
Le Pr Mijiyawa a reconnu que par rapport à la recommandation de la Conférence d’Abuja qui veut que les Etats allouent 15% de leur budget annuel au secteur de la santé, c’est cette année que le Togo est passé de 8% à 10% du budget annuel. Il a toutefois relevé qu’avec la gestion actuelle qui est peu orthodoxe, la solution face aux plaintes des usagers des formations sanitaires n’est pas de se conformer à cette recommandation. «Quand on a fait preuve de son infirmité dans la gestion de petites choses, ce n’est pas dans la gestion de grandes choses qu’on prouvera le contraire», a-t-il fait remarquer.
Il a souhaité voir tous les acteurs apporter leur pierre à l’édifice pour la réussite de cette réforme dont le seul but est d’offrir des soins de qualité aux populations. «L’approche contractuelle sera rigoureuse mais pas rigide. Elle sera dynamique et prendra en compte au fur et à mesure de sa mise en œuvre les réalités du terrain».
Agents de santé, leaders communautaires, représentants des syndicats et des organisations de la société civile se sont succédés pour saluer l’initiative.
Pour le directeur préfectoral de Santé de Blitta, Dr Dadou Pikédinam Tchéou dont la structure fait déjà l’expérience du guichet unique, l’approche contractuelle est une nécessité. «Une chose est de canaliser les recettes mais une autre est de bien savoir les utiliser afin qu’elles soient profitables aux populations tout comme au personnel soignant», a-t-il fait remarquer.
A l’étape d’Atakpamé, le directeur préfectoral de Santé de Haho, Dr Afanvi saluant l’arrivée de l’approche contractuelle a, de son côté, confié que : «Lorsqu’il y a un œil extérieur, on voit mieux».
Les chefs des cantons de M’Poti, M. Zéou Kossi dans la préfecture de Blitta et de Houdou dans l’Ogou, Tagbé Ahossou Tchrakassi Gbéwa II ont salué l’initiative et promis de jouer leur partition en vue de sa réussite.
Françoise AOUI
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