Sécurité

Le gouvernement et la CNDH situent l’opinion sur la situation sécuritaire nationale au 1er semestre de l’année

Les membres du gouvernement et de la CNDH
Le gouvernement et la CNDH situent l’opinion sur la situation sécuritaire nationale au 1er semestre de l’année

Une conférence de presse a été animée, le mardi 9 juillet à Lomé, par les représentants du gouvernement et de la CNDH, pour présenter un droit de réponse sur les allégations de disparition des nommés AdziAtsu et AdziKokuMessan qui auraient été enlevés en octobre 2017 par des forces de l’ordre.  Le  gouvernement a saisi l’occasion pour présenterle bilan sécuritaire du1ersemestre 2019.

Cette rencontre avec la presse a été animée par les ministres YarkDamehame de la Sécurité et de la Protection civile et Christian Trimua des Droits de l’Homme chargé des Relations avec les Institutions de la République, ainsi que Mme Napka Polo, présidente de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). C’était en présence des organisations de la société civile.

Les conférenciers ont d’abord éclairé l’assistance sur l’affaire relative à la disparition des nommés AdziAtsu et AdziKoku Messan.

En effet, le 22 novembre 2017, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) informait le ministère de la Sécurité et de la Protection civile de la requête du nommé Amegah Kokouvi qui sollicitait son intervention pour retrouver ses frères AdziAtsu et AdziKokouMessan portés disparus. C’est le début d’une longue enquête dont les conclusions ont permis de mettre la main sur le présumé cerveau de cette histoire montée de toutes pièces.

Selon des faits transmis par le comité des disparitions forcées des Nations Unies, le 19 octobre 2017, ces deux personnes en question auraient été bastonnées et embarquées par des forces de sécurité,dans un véhicule de la police immatriculé PN 0482. Ces évènements se seraient déroulés au niveau de l’église catholique de Bè-Kpota, en présence de trois de leurs frères. Ces derniers les accompagneraient pour qu’ils prennent des transports et se rendre à leur lieu de résidence à Tsévié d’où ils venaient pour vendre de l’alcool local (sodabi). Les trois frères ayant réussi à s’échapper, l’un d’entre eux, le nommé AmegahKokouvia porté l’affaire au niveau des organisations de défense des Droits de l’Homme. En février 2018, les représentants des présumés disparus ont saisile Procureur général de la Cour d’Appel de Lomé. Ce dernier, à son tour, fait des démarches auprès du Procureur de la République, du ministère de la Sécurité et de la Protection civile et du régisseur de la prison civile de Lomé pour obtenir des informations sur les présumés disparus, mais sans suite. Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile entame alors une enquête pour faire la lumière sur cette affaire qui risque de porter un coup aux efforts des autorités en matière des Droits de l’Homme et de ternir l’image du pays.

Les conclusions des investigations menées

Les résultats de l’enquête montrent que le véhicule de la police cité n’a jamais manœuvré dans le secteur indiquéoù les sieurs AdziKokou Messan et AdziAtsou auraient été enlevés le 19 octobre. Les investigations ont été conduites dans le canton de Gapé-centre,où sont natifs les présumés disparus. C’est alors que enquêteurs découvrent que le sieur AdziAtsu est décédé le 03 janvier 2014 suite à une courte maladie. Ce fait a été confirmé par de différentes déclarations y compris celle de son oncle paternel.Le tout est corroboré par le chef canton de Gapé qui déclare avoir eu avis de son décès par l’entremise de son oncle paternel. Un transport au cimetière a été effectué avec l’un des frères du présumé disparu pour indiquer la tombe. Quant au nommé AdziKokouMessan, il ressort que ce dernier est bien et bel en vie et réside à Lomé et se rend souvent à Gapé pour saluer la famille. La déclaration de disparition étonne donc son oncle paternel. S’agissant de la moto SANYA immatriculée TG-3336 qui aurait été emportée lors de la présumée interpellation des sieurs disparus, les recherches ont permis de remonter au vrai propriétaire. Un nommé Fadegnon Komi, soudeur ferrailleur demeurant à Agoè-BKS qui a déclaré l’avoir cédé aux vendeurs de ferraille qui l’auraient mis en morceaux en raison de son état complètement usé.

Une histoire montée de toutes pièces

Les suites de l’enquête ont permis d’interpeller le présumé disparu AdziKokou Messan, le 29 juin 2019 à Lomé, sous la fausse identité de Amegah Kokouvi.Il aurait reçu les pièces d’identité, diplômes et permis de conduire de ce dernier au cours des années 2000. L’ex-présumédisparu, AdziKokou  Messan, a été formellement identifié par sa famille dans son village natal à Gapé. Le désormais ex-disparu reconnait avoir orchestrée toute cette histoire dans le but d’obtenir les avantages auprès de l’administration togolaise et des institutions internationales. Il a ainsi conduit les enquêteurs chez son présumé complice le nommé Djihinto Koffi, gérant d’un cyber café sise à Bè. Ce dernier l’aurait aidé à saisir et corriger les lettres contenant ces allégations mensongères de disparition.Après quoi, il les a envoyées avec les conseils du parti politique Alliance Nationale pour le Changement (ANC) au Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), à la CNDH et à la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH). Par ailleurs, AdziKokou Messan déclare avoir assisté, photos à l’appui, à l’inhumation de son frère AdziAtsou.

Les réactions des ministres et de la présidente de la CNDH

A la présentation des faits, le ministre Yark Damehame a indiqué qu’il était du devoir de son institution d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur cette affaire. D’après lui, si cette affaire n’avait pas été résolue, elle aurait porté atteinte à la crédibilité des autorités togolaises dans leurs efforts de faire respecter les textes nationaux et internationaux en matière des Droits de l’Homme. Il a, de ce fait, invité tous les acteurs concernés et la population à une collaboration, afin d’aider les forces de l’ordre pour conduire de telles enquêtes.

Dans le même sens, le ministre des Droits de l’Homme et chargé des Relations avec les Institutions de la République, Christian Trimua, a appelé les uns et les autres à la retenue et à la prudence sur les manipulations des informations relevant de ce genre d’affaires. Pour lui, il serait plus raisonnable d’attendre les rapports d’enquêtes des autorités avant d’affirmer quoi que ce soit.

La présidente de la CNDH, Mme Nakpa Polo, a salué le travail abattu par les enquêteurs sur cette affaire qui a pu être clarifiée. Elle a souhaité que le gouvernement continue dans ce sens, en vue d’élucider toutes les enquêtes qui, à ce jour, n’ont pas encore abouti.Ceci, dans l’intérêt de tout un chacun.

Quel bilan sécuritaire pour le 1er semestre 2019?

Cette conférence de presse a, par ailleurs, porté sur le bilan sécuritaire semestriel pour l’année 2019. Le présentateur, un cadre du ministère de la Sécurité,s’est appesanti sur la présentation de la situation criminelle, de l’opération entonnoir ainsi que des saisies de stupéfiants et produits pharmaceutiques illicites. Aux dire de ce dernier,sur la situation sécuritaire, les chiffres indiquent que le Togo a connu, au cours des six premiers mois de cette année, 40 cas et 5 tentatives de braquages. Ils ont causé 4 morts, dont un braqueur et 18 blessés, qui ne sont que les victimes de ces actes. Lors de ces braquages, des sommes estimées à 142.000.000 FCFA ont été emportées. Vingt-sept et 4 tentatives de vols à mains armées ont été enregistrés, causant six blessés avec des butins  estimés à 4 millions environ. Soixante-huit faits de cambriolages ont été constatés, dont 4 n’ont pas abouti. Des soixante et un faits d’assassinats enregistrés, cinquante-six ont été commis et cinq déjoués. Les forces de sécurité ont aussi noté 50 cas de suicide, avec 34 cas chez les hommes et 16 chez les femmes. Des découvertes de cadavres ont été aussi enregistrées au nombre de 141 et  cinquante-cinq cas de morts par noyade signalés. Des conflits communautaires ont également faits deux morts, causés d’importants dégâts matériels, en l’occurrence des incendies de maisons et engendré des déplacements de certaines communautés du Ghana vers le Togo. Concernant l’opération entonnoir contre l’importation et la vente illicite du carburant frelaté, les forces de l’ordre ont pu saisir 382.361 litres d’essence, 164 voitures et 41 motos. Trois personnes ont été interpellées dans ce cadre et déférées devant les juridictions. Des saisies ont aussi concerné les drogues : 3636 kilogrammes de cannabis, 0,6 kilogrammes de cocaïne, 8,90 kilogrammes de Khat, 0,80 kilogrammes de métamphétamines, 17,10 kilogrammes de psychotropes et 9812 kilogrammes de médicaments illicites.

Sur l’ensemble de ce sujet, le ministre Yark Damehame a, une fois encore, invité les populations à jouer leur partition, en collaborant avec les forces de sécurité. Ceci en apportant des informations sur d’éventuelles personnes suspectes. Cela permettra aux forces de sécurité de mener des enquêtes et ainsi de démanteler les différents réseaux de braqueurs ou d’autres malfaiteurs. Il a rappelé que le gouvernement poursuivra ses efforts pour permettre aux citoyens de vivre et de vaquer en toute quiétude à leurs activités.

Essobiyou AMAH

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